119 personnes ont été contaminées, dont 40 seraient décédées. Mais ce qui inquiète le plus l’OMS, c’est que deux des cas ont été recensés à Antananarivo, la capitale du pays, une zone très peuplée.
La peste noire que l’on imagine communément reléguée au rang de souvenir dans les manuels d’histoire depuis la grande épidémie de 1347-1349, réapparaît dans les pays frappés par la malnutrition. Jusqu’à présent, à Madagascar, elle concernait des villages isolés, ce qui limitait les risques de pandémie. Mais l’apparition de cas en métropole inquiète les autorités sanitaires.
Pour le moment, le nombre de contaminés demeure limité, mais les conditions sont hélas réunies pour une épidémie de grande ampleur. Les conditions d’hygiène dues à la taille des bidonvilles malgaches sont aggravées par la disparition de dispensaires et la perte d’une partie de l’aide internationale, suite au coup d’État de 2009. Or la capitale compte deux millions d’habitants, dont une partie s’entasse dans des bidonvilles certainement plus insalubres encore que les villes médiévales occidentales du XIVe siècle. Heureusement, l’on sait à présent soigner la peste avec des antibiotiques bon marché, mais encore faudrait-il que ceux-ci soient distribués à temps.
La forme pneumonique de la peste tue en seulement 24 heures, ce qui demande un diagnostic et un traitement rapides. Elle est plus rare mais plus préoccupante, car la contagion peut ensuite se faire simplement par la toux du malade. Par ailleurs, la forme bubonique de la maladie pourrait se répandre rapidement à Madagascar, car elle se transmet par les puces des rats, qui résistent à l’insecticide deltamethrin utilisé pour les éradiquer.
Selon l’Institut Pasteur, la peste serait « la maladie microbienne la plus dangereuse pour l’homme ». Elle aurait tué dans l’histoire 200 millions de personnes, mais elle est loin d’avoir disparu. En Asie, et dans plusieurs pays d’Afrique – au premier rang desquels Madagascar – elle est même qualifiée de « maladie réémergente ». Au cours des quinze dernières années, elle aurait tué 40 000 personnes dans le monde, selon l’Institut Pasteur.