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Une querelle entre le pape François et le cardinal Burke ?

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Frère Dwight Longenecker - publié le 18/11/14
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Les deux hommes sont incontestablement au-dessus de tout cela. Et François a dit vouloir être le pape « de ceux qui ont le pied sur l’accélérateur comme de ceux qui ont le pied sur le frein ».
Dans le petit monde de l’Église universelle, les rumeurs vont bon train. Le cardinal américain Raymond Burke a été transféré de son puissant poste de préfet de la Signature apostolique à la tête de l’Ordre souverain militaire de Malte. Il n’en fallait pas plus à la presse laïque, qui tire toujours avantage de ce genre de nouvelles, pour dépeindre le cardinal Burke comme un ultraconservateur, un opposant anti-gay du génial pape François, chaleureux et tolérant.
 

Oui, le cardinal Burke est conservateur

Le fait que le cardinal Burke soit un conservateur n’est en soi pas discutable. Partisan de la messe traditionnelle en latin et connu pour arborer les grands atours traditionnels d’un prélat de son rang, le cardinal Burke peut apparaître aux yeux de certains comme l’antithèse du pape venu d’Argentine, sobrement vêtu, avec son franc-parler. Le fait que le cardinal Burke ait pris la tête des conservateurs lors du récent synode sur la famille, qu’il soit un critique virulent de la faction libérale menée par le cardinal Kasper et que François l’ait déjà retiré de l’influente Congrégation pour les évêques, tout cela alimente le délire médiatique autour d’un soi-disant contentieux entre les deux hommes.
 
Le point d’achoppement serait l’apparente rétrogradation du cardinal Burke par le pape François. Conservateurs comme libéraux se frottent déjà les mains à l’idée d’assister à une querelle au Vatican. Les commentateurs libéraux sont ravis de voir ce qui arrive à Burke, tandis que certains conservateurs, se réfugiant dans la situation de victimes, pensent qu’il existe un complot du Vatican contre eux qui atteint jusqu’à la chaire de saint Pierre. 

Prendre un peu de recul et de hauteur

À mon avis, tout le monde devrait prendre une profonde inspiration et regarder les faits dans leur ensemble. Le pape François est-il partisan d’une vision plus libérale sur certaines questions ? La réponse est indéniablement oui. Ses points de vue se heurtent-ils à ceux du cardinal Burke ? Il semblerait également que oui. Son style d’enseignement et de célébration de la liturgie s’oppose-t-il au style plus conservateur et « high church » du cardinal Burke ? Incontestablement. La vision de François sur la politique et l’économie diverge-t-elle de celle du cardinal Burke ? C’est possible. Y a-t-il un choc culturel entre le cardinal nord-américain venu des faubourgs et le Sud-Américain des bidonvilles ? Probablement. Cela signifie-t-il pour autant que les deux hommes sont actuellement en conflit ? Le cardinal Burke est-il prêt à prendre la tête d’un schisme traditionaliste ? Y a-t-il un complot  mené par François pour purger l’église des conservateurs ? Non, et voici pourquoi.

Ceux qui contestent la théorie de la querelle soulignent que, si le cardinal Burke a été démis de sa fonction, le pape François n’a pas réagi suite à l’opposition menée par Burke au synode. Ce remaniement du Vatican était prévu depuis des mois. Il se peut qu’il fasse partie d’un changement de direction plus vaste et intentionnel de la part du Pape, comme le fait observer le père Mark Drew dans un excellent article du Catholic Herald britannique . Mais, en même temps, le cardinal Burke venait juste d’arriver au terme des cinq années traditionnellement prévues pour les préfets de la Signature apostolique. Ceux qui haussent les épaules à  propos des rumeurs de querelle affirment : « Il y a beaucoup de bruit pour rien. Il devait être transféré ». En réponse à ceux qui suggèrent que le transfert de Burke est une tentative délibérée de la part de François de réduire au silence ses ennemis, les mêmes rétorquent : « Burke réduit au silence ? Son nouveau poste de patron de l’Ordre de Malte ne lui donne virtuellement pas de responsabilités, mais lui fournit une base à Rome et le temps de voyager, lire, écrire et donner et faire valoir son point de vue ».

Plutôt que de faire taire le cardinal Burke, il se pourrait que François lui permette de s’exprimer et donc encourager l’« opposition loyale » et saine du cardinal.

Autre argument à opposer à la théorie de la « purge des conservateurs » : d’autres figures connues ne sont pas mises à l’écart. Le cardinal Pell en en est un excellent exemple. Membre clé du groupe consultatif de huit cardinaux mis en place par François, il a été choisi par le Pape pour promouvoir les réformes de la Banque du Vatican. Le cardinal Mueller, chef de la puissante Congrégation de la doctrine de la foi, est une autre voix conservatrice proche du pape François. Au synode, Mueller comme Pell se sont librement exprimés au nom de la mouvance conservatrice au synode. Ceux qui soupçonnent qu’une querelle entre François et le cardinal Burke fait partie d’une plus grande purge doivent reconnaître que la preuve est mince. Il est vrai que François essaie de faire avancer son programme de réformes. Mais il est faux de dire qu’il éloigne tous ceux qui sont en désaccord avec lui.
 

Mettre la pagaille, mais…

Alors que François a sans aucun doute des opinions progressistes sur certaines questions et qu’il aime bien « mettre la pagaille », il a conscience de son rôle de pape. Il a prononcé des paroles mémorables quand il a dit qu’il doit être le pape « de ceux qui ont le pied sur l’accélérateur et de ceux qui ont le pied sur le frein ». Son discours post synode était un avertissement franc aux dirigeants de l’Église sur les dangers des courants de pensée à la fois libéraux et conservateurs. Il a remercié les pères synodaux pour leur débat franc et ouvert, tout en reconnaissant que – malgré les tensions – c’était la meilleure façon d’avancer. Il a affirmé le rôle traditionnel du pape et mis au défi les pères synodaux d’aller de l’avant sans abandonner les vérités éternelles de l’Évangile du Christ. 

Une querelle entre François et le cardinal Burke ? Les deux hommes sont indéniablement au-dessus de cela, et les alarmistes et journalistes mus par des idéologies laïques devraient essayer de voir plus loin que le bout de leur nez et comprendre que c’est grâce à des personnalités différentes, au choc des cultures et à la diversité des opinons que nous voyons d’anciennes vérités d’une manière nouvelle et que nous découvrons ainsi une nouvelle voie de progrès.

Traduit de l’édition anglophone d’Aleteia par Élisabeth de Lavigne
 

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