"L'apaisement est la meilleure des méthodes et le consensus préférables à la division".
Voilà une phrase de François Hollande délicate à apprécier. Comme il l’a si excellemment formulé lui-même, « c’est pas facile« . Pas facile de faire preuve à son égard de la bienveillance indispensable pour accueillir un tel propos sans laisser éclater la profonde colère que son outrecuidance suscite. Considérer cette phrase comme le propos d’un président fantoche permettrait éventuellement de dissoudre cette colère dans le sentiment de burlesque qui préside à ce quinquennat, et d’insignifiance qui s’attache à sa personne. Ce serait peut-être en revanche manquer de respect à l’homme.
Un jour, d’ailleurs, il faudra que je lui pardonne d’avoir brutalisé le pays et blessé tant de Français, parmi les tenants de chaque position. Que je lui pardonne d’être responsable de cette période la plus détestable que j’ai connue en plus de neuf ans de blog, présidentielle et crises de l’Eglise inclues. Que je lui pardonne d’être responsable d’avoir peut-être mis à bas tout ce que j’ai tenté de construire avec ce blog : la recherche d’un dialogue en vérité – c’est-à-dire sincère et fondé sur des convictions assumées.
J’ai vécu ce week-end avec un paradoxal déplaisir. Il faut croire que le combat n’est pas mon genre de beauté. Ou, plutôt, le combat permanent, acharné, qui ne s’achèverait que dans l’humiliante déroute de l’adversaire. Ce débat a ouvert en 2013 une blessure entre les Français, une blessure entre des Français et moi, une blessure entre des catholiques et moi. J’ai pleinement conscience de la douleur des homos, j’ai pleinement conscience que nous n’avons pas réussi à traduire le fait que notre position n’était pas un rejet des personnes – et pleinement conscience que chez certains, que je pense minoritaires et sans intérêt, ce rejet est réel. J’en veux aux militants, aux internautes et aux journalistes qui ont accrédité l’idée inverse, pour mieux discréditer nos propos, mais au prix de blessures supérieures infligées à ceux qu’ils prétendaient défendre. Et j’ai pleinement conscience que cette blessure est d’autant plus forte qu’elle se rapporte à ce qu’ils sont intimement, et que nombre d’entre eux n’imaginent pas disjoindre de leur personnalité.
Je pense qu’ils peuvent aussi comprendre que nous avons également largement reçu notre lot d’insultes.
Hier matin, me levant trop tôt, entre le café et les céréales, je suis tombé sur le propos d’un journaliste, qualifiant Sens Commun de « tea party moisi« . Tea party, la Manif Pour Tous et Sens Commun, qui en vient, n’en sont pas un, si l’on veut bien en croire un politologue de gauche. Le qualificatif n’est employé que par référence à l’imbécillité de Sarah Palin. Reste « moisi« . Deux mots aussi insultants qu’inexacts. Evidemment, je l’ai un peu pris pour moi aussi, au petit matin, venant d’un journaliste qui n’était pas le plus hostile, de surcroît.