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Jésuites : qui sont-ils ? Pourquoi leur ordre a-t-il été supprimé ?

April 10, 2014: Pope Francis during an audience with students of the Gregorian University, in the Paul VI hall at the Vatican.

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Ary Waldir Ramos Díaz - publié le 12/11/14
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Les jésuites viennent de fêter le bicentenaire du rétablissement de la Compagnie de Jésus, le 7 août 1814. Depuis, l’ordre ignacien a repris avec encore plus de vigueur sa tradition et sa mission apostolique.
La Compagnie  de Jésus vient de fêter le bicentenaire de son rétablissement canonique par divers événements : messes, congrès, conférences… À Rome, du 6 au 8 novembre, l’Université pontificale grégorienne a organisé un colloque pour rappeler la bulle de Pie VII et analyser la crise de la fin du XVIIIe, le moment peu connu entre les « deux compagnies » et le retour progressif des jésuites tout au long du XIXe siècle. 

La Compagnie de Jésus est un ordre religieux catholique fondé par saint Ignace de Loyola en 1540 et approuvé par le pape Paul III. Ces derniers temps, la presse internationale s’est focalisée sur les jésuites, surtout depuis qu’un de ses membres, Jorge Mario Bergoglio, est devenu le premier jésuite de l’histoire à être élu pape de la Sainte Église romaine, en plus d’être le premier pape religieux depuis 182 ans. À ce sujet, voici  une anecdote curieuse et amusante : le 16 mars 2013, le pape François, recevant en audience un groupe de journalistes,  leur a raconté qu’après le conclave qui l’a élu, un cardinal lui a proposé de s’appeler Clément XV « pour se venger de Clément XIV, qui avait supprimé la Compagnie de Jésus ! ».  

Les Jésuites ont été dispersés 41 ans. Le 7 août 1814, Pie VII restaurait universellement la Compagnie de Jésus. Les religieux ont survécu à la suppression de leur ordre en se réfugiant en Prusse et en Russie (et les dernières années en Italie), avant de « renaître » et de reprendre avec encore plus de vigueur leur tradition et leur mission apostolique. La Compagnie, depuis son expulsion et son rétablissement, est passée par diverses périodes : l’expulsion de l’Ordre d’Espagne et l’implantation de leurs colonies par Charles III en 1773 et la restauration en 1814. 

Qui sont les Jésuites

La mission est l’essence de l’ordre des Jésuites. « Aimer et servir » est leur devise qui les reconnaît comme  éducateurs, intellectuels et fondateurs d’écoles. Quand naît la Compagnie de Jésus en 1540, les cinq continents ont déjà été découverts,  de sorte qu’à l’exemple des apôtres, les jésuites se lancent dans les terres de mission, à l’époque les colonies des empires portugais et espagnol. Ce sont des missionnaires envoyés partout où le Pape le veut, une espèce rare en leur temps, religieux sans chœur, ni cloître, en mission à travers le monde. 

Les raisons de la suppression de la Compagnie de Jésus 

En 1773,  le pape Clément XIV supprime la Compagnie dans le monde entier, une décision fortement soutenue par les grandes puissances européennes. Les jésuites ont accepté la décision du pape sans s’y s’opposer. Le général de l’Ordre à l’époque, Lorenzo Ricci, fut emprisonné au château Saint-Ange (Castel Sant’Angelo) jusqu’à sa mort en 1775. Avant cette année, l’Ordre ignacien comptait environ 23 000  jésuites, dirigeant 700 écoles. Plusieurs motifs ont conduit à leur suppression. Les jésuites jouissaient de privilèges. Ils ne payaient pas la dîme, avaient des problèmes avec les évêques et les autres ordres religieux de l’époque. Leur proximité avec le pouvoir : l’autonomie que leur avait octroyée le Pape jusqu’à la suppression et l’adaptation extraordinaire dans les missions ne plaisaient pas à tout le monde. En ce sens, lesdits rites chinois et malabars (Inde), interdits par Rome, seront les plus controversés par leurs adversaires.  Les protestants ne les aimaient pas en raison de leur défense acharnée de la doctrine.

La restauration de la Compagnie de Jésus (1814-2014) 

La Compagnie de Jésus a été restaurée par le pape Pie VII à son retour à Rome, dans le cadre des restaurations politiques post révolutionnaires. Une autre curiosité : ces années-là, deux dirigeants non-catholiques ont protégé et accueilli les jésuites, Frédéric II de Prusse et l’impératrice Catherine II de Russie. Ils ne voulaient pas se priver du service en matière de formation et d’éducation de ces religieux sur leurs terres.  

Les jésuites ont vécu des moments difficiles et parfois entretenu des relations conflictuelles avec le Vatican. L’Ordre conserve un vœu qui lui est propre, le « quatrième », le vœu d’obéissance au pape. L’histoire des jésuites est jalonnée d’étapes importantes, telle leur mission en Amérique latine et les premières semences d’évangélisation en Asie. Pour ne citer que deux personnages clés de leur histoire : François-Xavier, membre fondateur de l’Ordre, sera le premier religieux à se rendre au Japon en 1549 ;  et Matteo Ricci  dès 1582 ouvrait une fenêtre sur l’évangélisation de l’Orient, en Chine, tandis que son œuvre sera poursuivie à distance par les laïcs qui portèrent la foi catholique en Corée à la fin du XVIe siècle. 

La renaissance des jésuites 

Malgré les passions et les haines à l’égard des jésuites, l’Ordre suit actuellement son chemin dans 127 pays, fort de près de 20 000 religieux, d’un âge moyen de 55 ans. Cet âge moyen traduit un vieillissement croissant. Les jésuites ont été très critiqués pour leur adhésion inconditionnelle au Concile Vatican II, qui a été vue idéologiquement par leurs ennemis comme un rapprochement avec le communisme. Dans les temps modernes, les jésuites ont payé les « pots cassés »  de leur fidélité à l’Évangile, avec la diminution de leurs vocations et le nombre croissant de jésuites âgés. Dans un dossier des jésuites d’Espagne, il est rappelé que le père général de la Compagnie de Jésus depuis 2012, Adolfo Nicolás SJ, a encouragé les jésuites à célébrer l’anniversaire de la Restauration pour apprendre du passé et « nous  repentir, le cas échéant,  de ne pas avoir été à la hauteur de ce qu’on attendait de nous »

Le père Arrupe, supérieur général des jésuites de 1965à 1983 a eu la tâche difficile de guider la Compagnie et de pacifier les relations avec les papes Paul VI et Jean- Paul II en réponse à l’engagement passionné de l’Ordre pour le Concile Vatican II et la défense des pauvres « suspecte » de s’aligner sur le marxisme. L’engagement social des jésuites en Amérique latine les a conduits à la persécution et  l’assassinat. Comme cela a été le cas d’Ignacio Ellacuría à El Salvador, en 1989.

La mission des Jésuites aujourd’hui 

Les Jésuites sont envoyés aux confins de la solitude moderne et de l’exclusion sociale. Comme l’indique la Congrégation générale de 2008 [1], dans ce nouveau monde, « ils ont l’intention de "construire un avenir de solidarité ». Leur priorité sont les « marginalisés et les exclus ». Face à la mondialisation et aux marchés internationaux, ils s’engagent à protéger les identités locales et particulières des communautés locales. Fidèles à leur mission d’origine, leur but est de répondre à l’appel à servir  la foi,  et « à promouvoir la justice et à dialoguer avec les cultures et les autres religions » à  « la lumière de la vocation apostolique d’établir des relations justes avec Dieu, le prochain et la création »

[1 – Congrégation Générale  35 de la Compagnie de Jésus, 2008, Décreto3]

Traduit de l’édition hispanophone d’Aleteia par Élisabeth de Lavigne

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