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Dans le sillage du synode, la pastorale familiale se cherche en Corse

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Philippe de Casabianca - publié le 06/11/14
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La question des divorcés-remariés a retenu l’attention des médias lors du synode sur la famille à Rome. Le diocèse d’Ajaccio poursuit sur le terrain sa tentative de revitaliser l’ensemble de la pastorale familiale.
Un constat semble s’imposer auprès des acteurs de la pastorale familiale en Corse : le manque de formation des publics visés. Prêtres, diacres, laïcs, ils ne ménagent pourtant pas leur peine mais le champ est vaste, peut-être plus vaste qu’on ne l’aurait souhaité. Car pour Pierre-Ange Agostini, diacre permanent à Bastia, en charge de la pastorale de la famille pour la Haute-Corse, « il est étonnant de constater combien de baptisés sont éloignés de la connaissance de la foi et du message de l’Evangile sur les familles »

Juste une bénédiction ?

Ce manque de formation, l’abbé Ange-Michel Valéry de Calvi le constate lors de ses préparations au mariage : «Certains des couples qui viennent me voir veulent juste une petite bénédiction. Mais le mariage n’est pas juste une petite bénédiction, c’est un sacrement. Et beaucoup n’ont pas fait leur communion. Il faut donc alors se passer de l’eucharistie lors de la cérémonie. »

On continue pourtant de se marier et de baptiser les enfants en Corse. On assiste même à une bonne vitalité des catéchumènes, des adultes qui veulent revenir vers la foi, se faire baptiser… Où résiderait donc le problème ? Pour le père Critian Pisu, prêtre capucin en charge de la pastorale des jeunes, « la transmission de la Foi est la question névralgique. Autrefois, elle était naturellement assurée par les familles. Cela n’est plus toujours le cas. Il faut à nouveau brancher les familles à la Foi et au Christ ». 

Où est passée la transmission de la foi ?

Les familles jouent donc moins le rôle que l’Église attend d’elles. L’évolution du format des familles peut expliquer cette perte de transmission comme le relève l’abbé Valéry : « Beaucoup de la transmission de la foi passait par les mères. Aujourd’hui, elles en prennent beaucoup moins le temps. Et ce n’est pas toujours facile de dire que Dieu est le père quand ce père n’est justement plus à la maison… »

Rythmes de la vie professionnelle, nouveaux rythmes scolaires, concurrence des activités de loisir surmultipliées, cela n’est pas toujours facile de trouver des bénévoles qui soutiennent les acteurs de la pastorale familiale, cela n’est pas toujours facile de trouver des familles qui acceptent de se poser pour raccrocher ses wagons à une formation spirituelle pour l’un ou l’autre de ses membres. À Venzolasca, Pierrette Poli, catéchiste, raconte le parcours du combattant qu’elle effectue pour former ses jeunes dans la cadre du catéchisme paroissial, un élément distinct de la pastorale familiale mais qui a une influence considérable sur elle : « Les enfants sont le plus souvent éparpillés dans la plaine. Il faut que j’aille les chercher à la sortie de l’école, que je leur donne un goûter et là, enfin, ils peuvent nous écouter avant que  les parents ne viennent les rechercher. À cause des nouveaux horaires, on ne peut plus utiliser la salle des fêtes. Il faut être motivés ! »

Quelles solutions alors pour transmettre à nouveau les valeurs chrétiennes qui fondent les bases de la famille ? Pour Pierre-Ange Agostini, le besoin est clair : « Quand on rappelle les fondements du mariage, les gens nous regardent souvent avec des yeux ronds quand on leur dit que la fidélité, ça va bien au-delà du seul refus de l’adultère ». Il semble alors essentiel de d’abord remettre la foi davantage au cœur de nos vies, au-delà des concurrences représentées par les loisirs matériels et autres activités annexes. En ce sens, Monseigneur de Germay a demandé que la foi catholique soit par exemple un sujet en soi d’une préparation au mariage et pas seulement saupoudrée au cours du processus de formation.

Toucher les familles ?

Mais pour remettre la foi au centre des familles, encore faut-il pouvoir toucher ces familles justement. La pratique des messe des familles a ses partisans et ses détracteurs: les premiers soulignent que les parents sont heureux de voir leurs enfants impliqués à la messe, et les seconds soulignent que certains  parents laissent seuls leurs enfants à la messe, se contentant d’aller les rechercher à la sortie. Beaucoup se joue en fait ici sur la qualité de la messe et l’accueil qu’on y dispense vis-à-vis de catholiques pas toujours très pratiquants. C’est en ce sens que l’évêque a appelé à ce que nos paroisses soient davantage des communautés accueillantes.

Parce que la transmission de la foi ne se fait plus assez depuis les parents vers les enfants, certains ont pris la décision d’inverser les rôles en évangélisant les parents par les enfants. Cette second piste, c’est le pari par exemple du père Cristian Pisu qui, avec son groupe de jeunes, les Anges de Lumière, anime les messes et tente aussi de séduire des parents ravis de voir leurs enfants sous un autre jour : « Un jeune branché sur le regard de Dieu peut toucher le cœur des parents ».

Troisième piste, davantage mettre en réseaux les acteurs de la pastorale familiale. C’est le cas des équipes de préparation au mariage qui peuvent utilement soutenir les prêtres. Mais c’est aussi le cas des parents, qui dans le tumulte du quotidien se demandent parfois s’ils ont fait le bon choix. Dans le cadre de l’Association familiale catholique (AFC) d’Ajaccio, Caroline de Freitas anime ainsi les Chantiers éducation : « Nous aidons les familles en organisant des petits groupes de réflexion entre mères de famille. Les parents ont besoin de lieux où témoigner. Nous les aidons à regagner leur vrai rôle d’éducateur car les parents ont souvent besoin d’être conforté dans leur rôle ».

Quentin Savignac, responsable de l’AFC d’Ajaccio entend lui aussi « proposer des solutions concrètes aux problèmes d’éducation. Il faut aussi promouvoir les familles en demandant aux hommes politiques quelles places ils réservent aux familles dans leurs programmes. Nous devons leur rappeler que les premiers éducateurs sont les parents ». Tout se passe donc comme si les parents avaient besoin d’être confortés dans leur rôle, dans leur mission et d’agir parfois ensemble, plus soudés.

Emmanuelle Idir, responsable à Ajaccio de la Prière des mères ne dit pas autre chose quand elle cite l’une des principales vertus de ce moment de prière hebdomadaire : « Nous essayons de recentrer les mères dans leur rôle éducatif grâce à la force de la prière. Celle-ci permet aux mères de confier les enfants au Seigneur. Cela nous met dans une attitude de confiance en comprenant le projet de Dieu sur nos enfants. Cette prière est une forme d’abandon en Dieu mais elle suppose qu’on se fixe des priorités car on est souvent sur-sollicitées ».

Se ménager du temps pour la famille

Quatrième piste enfin, ménager des périodes en dehors de la marche habituelle du quotidien, mais spécifiquement dédiées aux valeurs de la pastorale familiale. On a coutume de voir les enfants partir en retraite de catéchisme. Pareille option est offerte aux familles qui souhaitent se ressourcer dans des monastères comme celui de Corbara en Balagne qui accueille des sessions des familles pendant l’été mais s’ouvre aussi à des retraites sur mesure pendant le reste de l’année. 

C’est en ce sens que les AFC organisent depuis deux ans maintenant le pèlerinage des pères de famille, histoire de recharger ses batteries avec une meilleure compréhension de son rôle de père et d’époux. Partir en pèlerinage, pour revenir chez soi, en somme, c’est aussi la famille. Un lieu d’où l’on part mais où il faut savoir se retrouver. En bonne foi.

Source : Diocèse d’Ajaccio

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