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Les Kurdes, sauveurs du Moyen-Orient ?

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Sylvain Dorient - publié le 20/10/14
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Attention au manichéisme ! Après avoir présenté l’Armée Syrienne Libre comme une force démocratique, l’Occident se rabat sur les Kurdes, et plus particulièrement les Kurdes du PKK.
« Quel que soit le vainqueur, nous serons les perdants », disait Mgr Sako l’archevêque de Kirkouk en 2003 lors de l’intervention américaine en Irak. Malheureusement, l’homme connaissait bien la situation de son pays, et ses pronostics les plus pessimistes se déroulent sous nos yeux. Après avoir soutenu des groupes djihadistes combattant sous l’étiquette de l’Armée Syrienne Libre, une force démocratique qui devait renverser Bachar Al Assad, l’Occident met de plus en plus en avant une nouvelle puissance dans ce conflit, les Kurdes, présentés comme des opposants à la nouvelle bête noire, à savoir l’auto-proclamé État Islamique.
 
Cette nouvelle alliance pose un problème de poids : l’attitude de la Turquie (voir nos articles précédents). Les Kurdes, et en particulier les membres du PKK (Parti des travailleurs kurdes), sont ses ennemis héréditaires. L’actualité récente confirme que la Turquie ne voit pas forcément d’un mauvais œil leur destruction par l’ÉI. Ensuite, aider les Kurdes, certes, mais quels Kurdes ? Ceux qui affrontent actuellement les djihadistes dans la ville symbole de Kobane appartiennent à l’YPG (Unités de protection du peuple), filiale du PKK (Parti du peuple du Kurdistan). Or le PKK figure parmi la liste des organisations considérées comme terroristes par l’Union Européenne.

Non sans raison : ce groupe radical, imprégné d’une idéologie marxiste-léniniste, emploie des méthodes peu recommandables : assassinats, attentats aveugles, liquidation des "déviationnistes", racket systématique des commerçants kurdes installés à l’étranger…Hafez el-Assad, le père de Bachar, président de Syrie, a longtemps soutenu son chef mégalomane, Abdullah Öcalan dit « Apo », qui imposait à ses troupes le culte de sa personnalité. Capturé au Kenya en 1999 par une opération conjointe des services secrets turcs, israéliens et américains, il a été condamné à mort puis sa peine a été commuée en prison à vie après l’abolition de la peine de mort par la Turquie.
 
Les Kurdes ne forment pas un bloc monolithique
Ce qui ressemble de plus près à un Kurdistan rassemble les zone Nord-Est de l’Irak, qui échappe presque totalement à l’influence du PKK. Elle est administrée par le Parti Démocratique du Kurdistan (PDK). C’est là que des armes françaises ont été livrées sous l’œil des caméras. De toute évidence, la situation de cette région de l’Irak est enviable au regard des autres parties de l’Irak et de la Syrie, déchirées pas le conflit. Mais plusieurs problèmes se posent. Un problème de légalité d’abord, comme le relevait Alain Gresh dans Nouvelles d’Orient : en l’absence d’un gouvernement légitime à Bagdad, ces envois d’armes ont été réalisés au mépris du droit international. Et un problème sur la nature du « Parti Démocratique ». Quand un parti ou un pays ressent le besoin de s’annoncer « démocratique », c’est que le doute est un permis… Or le PDK est dirigé par Massoud Barzani, qui appartient à une véritable dynastie ayant établi dans le pays un système féodal fondé sur le clientélisme et la corruption (voir Le Point).
 
Reste un problème d’efficacité, pour finir, car le PDK n’affrontent pas les djihadistes de l’État Islamique. Le chaos irakien lui a permis de renforcer son autonomie, et en dehors d’affrontements sporadiques, que ce soit en raison d’un accord secret ou d’un statu quo de fait, les deux entités ne cherchent pas à se combattre ouvertement. A quoi serviront donc les mitrailleuses françaises livrées au PDK ? 

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