Rien de tel que la lecture du dernier livre de Thibaud Collin pour traverser sans dommages, et même avec profit, la tempête soulevée par les débats des pères synodaux sur les divorcés remariés.
L’effervescence de ces jours-ci (Aleteia) montre combien est difficile la mission des évêques réunis en synode sur la famille, notamment lorsqu’il s’agit de débattre de l’éventuel accès aux sacrements (communion et confession) des divorcés remariés. Il leur revient en effet de donner au Pape tous les éléments doctrinaux et pastoraux afin qu’il se prononce en assumant totalement la vérité et la charité du Christ et de son épouse, l’Eglise. En effet, comme vient de le souligner Mgr. Diarmuid Martin, archevêque de Dublin, devant une presse prompte à s’enflammer, « il n’y a pas d’un côté la vérité qui est un dogme et, de l’autre la miséricorde, à côté de l’enseignement de l’Eglise » (Aleteia). Mais pour recevoir pleinement ce que le Saint-Père dira et écrira, au terme de ce synode « extraordinaire » et de celui, « ordinaire », qui l’achèvera, il faut comprendre l’enjeu humain et ecclésial de l’indissolubilité du mariage. Cela demande un certain effort intellectuel, les pères synodaux peuvent en témoigner !
En effet, si la théologie n’existe qu’en relation au don de la foi, réciproquement, celle-ci est toujours en quête d’intelligibilité (« fides quaerens intellectum »). C’est pourquoi la théologie, « science de Dieu » ou pour mieux dire, s’agissant de la théologie révélée, science de ce que Dieu nous dit de lui-même – et de sa création-, ne peut se dispenser de raisonner. Elle a besoin pour cela de sa servante, la philosophie, et de leur instrument commun, la logique.
Concrètement, comment cela s’articule-t-il ? Ce petit livre (par la taille) en est un parfait exemple. Agrégé de philosophie, Thibaud Collin a particulièrement creusé la question de la sexualité et du mariage considérés selon le droit naturel, comme on a pu le constater lors de ses remarquables interventions dans les débats autour de la loi Taubira, notamment devant la commission parlementaire. Après avoir répondu à une urgence en éclairant le débat sociétal, il s’acquitte d’une tâche analogue dans le débat ecclésial, avec la rigueur et la clarté de pédagogue que connaissent ses élèves de classe préparatoire du lycée Stanislas, à Paris. Cette fois, c’est en philosophe chrétien qu’il approfondit la question de l’indissolubilité du mariage, à la lumière de l’alliance éternelle du Christ et de son Eglise, modèle et signe efficace -autrement dit : sacrement- de l’union entre l’homme et de la femme qui se sont jurés fidélité jusqu’à ce que la mort les sépare.
Lire et méditer aujourd’hui cet essai d’un disciple particulièrement doué de saint Thomas d’Aquin et de saint Jean Paul II, le pape de la théologie du corps et de l’alliance conjugale, c’est comme s’embarquer dans un navire de la Société Nationale des Sauveteurs en Mer (SNSM) au cours d’une tempête : excitant et sécurisant ! On sait que l’on parviendra à bon port, enrichi d’une exaltante aventure intellectuelle et spirituelle, et lesté d’un bagage qui permet d’attendre sereinement la conclusion que le Saint-Père donnera à ce double synode, pour mieux en savourer les harmoniques….et la vérité !
Divorcés, remariés/L’Eglise va-t-elle (enfin) évoluer ? Thibaud Collin, DDB (Desclée de Brouwer), 180 pages, 14 €