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Mort de Titouan, le bébé prématuré : la « fin de vie » en question

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Philippe Oswald - publié le 19/09/14
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L’hôpital de Poitiers a décidé « l’accompagnement de fin de vie » pour le grand prématuré dont les parents réclamaient l’arrêt des soins. Euthanasie ou refus de l’acharnement thérapeutique ?
Depuis plusieurs jours, ses parents criaient leur douleur et réclamaient l’arrêt des soins pour Titouan, leur bébé, grand prématuré (il pesait 900 grammes à sa naissance, il y a quinze jours).  Il souffrait d’une hémorragie interne cérébrale, ce qui l’exposait à présenter un handicap s’il avait survécu – sans que cela soit  inéluctable, au dire des spécialistes qui soulignent combien est aléatoire la prédiction d’éventuelles séquelles.
Les medias s’étaient emparés de l’affaire. Celle-ci est des plus délicates : s’agit-il d’euthanasie ou de refus de l’acharnement thérapeutique ? A vrai dire, seuls les médecins traitants du CHU de Poitiers, en leur âme et conscience, ont la réponse.
A l’issue d’une  réunion collégiale de l’équipe médicale de l’unité de réanimation néonatale, le CHU de Poitiers a publié un communiqué indiquant : « L’état de santé du nouveau-né s’est dégradé ces dernières heures et les  modalités d’accompagnement de fin de vie ont été définies en associant la  famille ». (TF1)

Titouan était l’un des 10 000 grands et très grands prématurés qui naissent chaque année en France à un moment compris entre la 24e et la 32e semaine de gestation, soit avant la fin du 7e mois de grossesse. Il est très difficile de pronostiquer leur avenir mais ce n’est pas aux parents de le faire. Il est au demeurant « très rare » que des parents demandent l’arrêt des soins, explique au Figaro le Dr Jean-François Magny, chef du service de pédiatrie et réanimation néonatales à l’hôpital Necker : « Nous ne pouvons pas accepter ce type de demandes. Elles sont liées à une grande souffrance psychologique. En néo-natologie, nous ne prenons pas seulement en charge un grand prématuré mais toute une famille», explique-t-il. Le CCNE (Comité consultatif national d’éthique) dans un avis publié en 2000, recommande de laisser «le temps d’un cheminement personnel qui permette la maturation d’une décision toujours à la source d’un déchirement», mais aussi de ne pas faire «supporter le poids du remords» de la décision aux parents. Le CHU de Poitiers a quant à lui souligné que la décision avait été prise en se fondant « sur les données  cliniques du nouveau-né »,  et au terme de nombreuses discussions qui « se sont déroulées selon une procédure normale dans ces situations toujours éprouvantes, en faisant abstraction du contexte médiatique ».

Interrogé à midi par Europe 1 sur cette affaire, Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, a souligné qu’un tel cas place chacun sur « une ligne de crête très difficile : on n’a pas le droit de tuer, mais on ne doit pas s’acharner non plus, ce n’est pas « la vie à tout prix ». Mais, a-t-il ajouté, «  ce qui me préoccupe, c’est si on commence à dire d’une personne par exemple hémiplégique ou lourdement handicapée, « il vaut mieux qu’elle ne vive pas. »* Le handicap est une catastrophe, mais les personnes handicapées méritent notre accueil dans tous les cas… Autour des personnes handicapées, la solidarité de la société est nécessaire, c’est un enjeu de civilisation majeur. »
 
* « De toute façon, il sera hémiplégique » avaient crié devant les médias les parents de Titouan, dans leur douleur. (NDLR)

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