la Tribune de Terre Sainte, partenaire d’Aleteia, revient sur la crise de l’engagement communautaire en Terre Sainte.«Ecoutez donc la parole du Seigneur, vous, les railleurs qui gouvernez ce peuple à Jérusalem.» (Esaie 28.14)
ces deux mois d’été auront été compliqués, car l’information à relayer ne permettait pas d’offrir un regard posé sur la Terre Sainte. Notre Tribune ne pouvait être le relais d’abominations et se faire l’écho de la misère sur la Terre de la Résurrection.
Durant les mois de juillet et août, de nombreux groupes de pèlerins ont annulé leur périple, ce qui a mis à mal tout l’activité des Chrétiens de Terre Sainte. Mais malgré cela, la communauté chrétienne a continué son combat de chaque jour ; pendant que le feu s’abattait sur Gaza, elle se rassemblait pour prier. En effet, l’actualité de la Terre Sainte doit aussi être celle du Christ Sauveur, celle de la joie et de l’amour et de l’espérance. Avec Monseigneur William Shomali, Evêque auxiliaire de Jérusalem du Patriarcat Latin, nous pouvons comprendre quel message a été dispensé pendant l’été.
‘‘Adam, où es-tu ?’’ (cf. Gn 3, 9) […] Homme, qui es-tu ? Je ne te reconnais plus. Qui es-tu, homme ? Qu’est-ce que tu es devenu ? De quelle horreur as-tu été capable ? Qu’est-ce qui t’a fait tomber si bas ? » (pape François)
Afin de comprendre la Terre Sainte, considérons que l’Eglise doit y être missionnaire. Etre Chrétien, c’est vivre d’une double joie : vivre et transmettre celle-ci. Mgr Shomali insiste sur le fait qu’il faut évangéliser par l’action de l’amour et de la charité. Vivre en Terre Sainte c’est savoir donner et recevoir à l’image du Lac du Tibériade. En effet la mer de Galilée reçoit et donne : elle vit ! La mer Morte, l’est, car elle ne fait que recevoir du Jourdain…
En Terre Sainte, il y a une crise de l’engagement communautaire. La vie s’organise autour de ghettos : c’est faire « l’économie de l’exclusion », pour reprendre les mots du Pape François. L’idolâtrie de l’argent engendre l’exclusion : la crise d’aujourd’hui est la crise de l’homme. En Terre Sainte, il y a comme partout une « tentation au christianisme stérile » indique Mgr Shomali. Ce dernier exhorte à soutenir le Peuple de Dieu dans son courage et à être disciple de la Croix, chemin qui invite à oublier ses intérêts personnels. L’Eglise de Terre Sainte doit témoigner son unité face à la division : « regardez comme ils s’aiment », réjouissons-nous des talents des autres. Comment évangéliser avec ses attitudes ? Saint Paul dit : « Ne vous laissez pas vaincre par le mal mais battez le mal par le bien ».
En Terre Sainte tout particulièrement, il y a une dimension sociale de l’évangélisation. Il faut y vivre de l’évangile de la Fraternité. Pour Monseigneur Shomali, « le frère est le prolongement du Christ ». Il faut, là-bas, un service de la charité, essence de l’Eglise sur cette Terre. Les Chrétiens de Terre Sainte doivent être soutenus dans leur foi et dans leur engagement social. «La foi ne peut être reléguée à la sacristie », ajoute l’Evêque Auxiliaire de Jérusalem. Elle doit changer le monde et permettre d’écouter le cri des vrais pauvres. Rappelons-nous les mots de saint Paul : « vous connaissez en effet la générosité de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il est devenu pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté » (2Co8,9). L’Apôtre s’adresse ainsi aux Chrétiens de Corinthe pour les encourager à être généreux vis-à-vis des fidèles de Jérusalem qui étaient dans le besoin.
Le Chrétien, de Terre Sainte et d’ailleurs, a reçu la Foi : la joie de l’Evangile. Il doit la transmettre, en parole mais aussi en acte, avec un amour fraternel et défendre les pauvres, défendre les faibles, à travailler pour une économie juste. Le Chrétien doit combattre les tentations et particulièrement le pessimisme stérile présent en Terre Sainte. Pour toutes ces raisons les Chrétiens qui vivent en ces lieux doivent être beaucoup plus soutenus que nous l’imaginons.
Je tiens à dédier cette Tribune aux sœurs de St Joseph de l’Apparition accueillant encore aujourd’hui les enfants blessés de Gaza, qui nous montrent que la charité est une langue que tous peuvent comprendre, et les confier à vos prières !
Charles-Edouard
Merci à Mgr Shomali qui m’a donné de découvrir le vrai quotidien des Chrétiens de Terre Sainte.
Article initialement paru sur La Tribune de Terre Sainte