Depuis trois ans, un groupe de voisins s’est emparé d’un terrain vague pour en faire un jardin partagé. Une expérience de réappropriation de la ville saluée par le prix « jardin remarquable » en 2014.
C’est dans un terrain vague de Reims qu’est né L’îlot Saint-Gilles, une association de voisins réunis autour de leur jardin collaboratif. Eric Lemaître, responsable local du courant Ecologie Humaine, a tout de suite vu le potentiel de ce terrain laissé à l’abandon par sa commune, et a décidé de retrousser ses manches, avec ses voisins. « Nous ne nous connaissions pas vraiment, nous étions simplement des gens qui partageaient le même quartier, nous avions coutume de nous saluer, de papoter, se rappelle-t-il ».
Après plusieurs contacts avec la commune propriétaire des parcelles en friche, ils finissent par obtenir la location de deux terrains pour 15€ par an, nettoient les lieux, puis grattent la terre, sèment… Une initiative modeste, dont l’ampleur dépasse rapidement ce à quoi Eric Lemaître s’attendait : « Pris par le jeu de notre jardin, nous avons décidé de nous lancer dans toutes sortes d’opérations avec d’autres associations comme Discosoupe et Incroyables comestibles, explique-t-il ». Discosoupe est un mouvement qui lutte contre le gaspillage alimentaire en utilisant les légumes rejetés pour en faire des soupes.
Quant à Incroyables comestibles, c’est une initiative venue d’Angleterre et qui a pris une dimension mondiale. En pleine crise économique, trois femmes décident d’utiliser les terrains non utilisées par leur municipalité pour faire pousser des légumes. Le mouvement a pris de l’ampleur, et chacun est encouragé à y participer. On trouve à présent des « incroyables comestibles » sur les toits des hôpitaux, dans les jardins publics etc.
Ces associations partagent leurs réseaux, organisent des actions communes. Ainsi, lors de la prochaine journée du patrimoine, par exemple, les membres de L’îlot Saint-Gilles proposeront leurs légumes et une soupe concoctée par leurs camarades de Discosoupe : objectif faire connaître leur initiative, essaimer, favoriser une consommation éthique de proximité.
Une petite aventure de quartier placée sous le signe de la bienveillance, un concept auquel Eric Lemaître tient beaucoup. Il y a toutes sortes de profils professionnels et d’opinions dans son association, du chômeur au chef d’entreprise, de l’artiste au retraité, mais même quand on n’est pas d’accord sur tout, on peut s’entendre sur le binage et le sarclage.