Le saviez-vous ? Chaque année, 150 000 adultes sont baptisés en Corée du Sud et l’Eglise coréenne est la quatrième Eglise en nombre de saints.
À son arrivée le mercredi 13 août à l’aéroport de Séoul, le pape François est arrivé dans dans un pays où la croissance de l’Eglise catholique est fulgurante, au rythme de son économie, l’une des plus fortes à l’heure actuelle.
Le peuple coréen, profondément religieux, conjugue souvent deux croyances. Ainsi, les 15% de la population à se dire animiste et adepte de religions traditionnelles, les 15% bouddhistes et les 11% confucianistes mélangent les trois branches de spiritualité orientale. En outre, 15% adhèrent à diverses sectes, comme la puissante Moon, qui célèbre les mariages collectifs avec plusieurs centaines de couples et qui, bien que parlant de Jésus-Christ, ne peut pas être considérée comme chrétienne.
Plus de cinq millions de catholiques
Plus de 41% de Coréens se déclarent chrétiens, soit 19 millions de personnes, et peu de pays peuvent se vanter d’une croissance du catholicisme aussi élevée et rapide que la Corée du Sud : ce sont, en effet, plus de 150 000 nouveaux fidèles, adultes, qui adhèrent à l’Eglise catholique chaque année. En 1981, la Corée du Sud comptait 1,4 millions de catholiques ; aujourd’hui ils sont plus de 5,3 millions. Des missionnaires coréens annoncent l’Evangile en Russie, en Chine, en Mongolie, en Afrique, en Amérique latine… Les vocations à la vie contemplative sont en plein essor. Les grands séminaires sont pleins.
Le nombre de chrétiens d’autres confessions également ne cesse de croître, dont les adeptes proviennent, comme dans le cas catholique, de traditions religieuses orientales. Cet afflux de convertis a quelque chose à voir avec le prestige des chrétiens qui ont été exécutés pour avoir maintenu leur foi sous l’occupation japonaise durant la Seconde Guerre mondiale et refusé d’adorer l’empereur japonais. En 2011, l’Eglise catholique de Corée du Sud comptait plus de 5 300 000 fidèles, soit 10,3% de la population. Elle est la troisième religion en nombre de fidèles après le protestantisme et le bouddhisme ; mais la communauté catholique est celle qui croît le plus vite. Il y a 15 diocèses, dont trois archevêchés : de Séoul, Daegu et Gwangju. Pour sa part l’Eglise catholique persécutée de Corée du Nord est, sur le plan ecclésial, unie à celle de Corée du Sud. Elle est formée des diocèses de Pyongyang et Hamheung et compte l’unique abbaye territoriale hors de l’Europe, celle de Dokwon. Martyrs coréens Le christianisme a semé sa première graine en 1784 dans la péninsule coréenne en la personne d’un jeune laïc lettré coréen (Lee Seung Hun)), qui s’était rendu en Chine, où il sera baptisé à Pékin et qui, revenu dans son pays, y a introduit et répandu le christianisme. Dix ans plus tard viendra de Chine le premier prêtre missionnaire qui trouva, malgré la persécution des années précédentes, plusieurs milliers de fidèles pratiquants. Le nombre allait doubler rapidement, mais il fut exécuté en 1801 avec 300 autres chrétiens.
Avant la proclamation en 1883 de la liberté religieuse dans le pays, de nombreux chrétiens sont morts martyrisés, ce qui vaut à la Corée du Sud d’être le quatrième pays en nombre de saints. Parmi eux, 102 martyrs et Taegon Andrew Kim, dont le père a également été tué pour sa foi dans la persécution de 1839. Parmi les morts de cette année-là figurent Columba Kim, célibataire de 26 ans, et sa sœur Agnès, d’abord brûlées vives, puis décapitées pour avoir confessé leur foi catholique.
Sept ans plus tard, ce sera le tour de Taegon Andrew Kim, qui avait été ordonné un an plus tôt (1845), et de ses compagnons, pour la plupart des laïcs qui seront canonisés en 1984 par le pape Jean-Paul II. Lors de cette célébration, le Pape a rappelé que « l’Eglise coréenne a une caractéristique unique, celle d’avoir été fondée complètement par des laïcs. Cette Eglise naissante, si jeune et cependant si forte dans la foi, a supporté vague après vague une effroyable persécution. De sorte qu’en moins d’un siècle, elle peut se glorifier de compter 10 000 martyrs ”. Les “dangers de l’efficacité à tout prix” Mais il n’y a pas que des succès et les rechercher est aussi nocif que privé de sens, comme nous rappelle Jésus-Christ lorsqu’il déclare qu’il faut se battre pour que nos noms soient inscrits dans le Royaume des cieux et éviter les gloires éphémères du monde.
En 2013, pour prévenir les tentations triomphalistes, le préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation, Cardinal Fernando Filoni, s’est rendu en Corée du Sud afin de connaître de près la réalité de cette nation, dont la croissance l’a fait surnommer le « tigre asiatique de l’Église ». Lors de cette rencontre, dans un discours adressé tout particulièrement aux laïcs, le cardinal Filoni avait mis en garde contre les dangers qui guettaient une Eglise, par ailleurs vivante et dynamique, « dans un pays ayant une forte prédilection pour la technologie (c’est la quatrième économie d’Asie et la treizième du monde) ; un de ces dangers « peut être une certaine propension à la bureaucratisation, au rendement ou à l’efficacité professionnelle, aux dépens d’une vision plus personnelle de l’être humain, comme si l’Eglise était une entreprise à but lucratif ou une sorte de pieuse ONG, comme l’a relevé à maintes reprises le pape François ». En ces quelques jours, le Pape aura guidé l’unique Eglise fondée par des laïcs, fenêtre ouverte sur l’Evangile pour l’Asie.