Le co-fondateur du Padre Blog a partagé avec les 1500 jeunes présents au festival Welcome to paradise ses conseils sur l’engagement.
Ce n’est pas si facile de s’engager en politique, ou plus largement dans la vie de la cité, quand on est jeune et chrétien. Et pourtant, il le faut ! "C’est même une urgence", a même affirmé l’abbé Grosjean devant les 1500 jeunes réunis à l’abbaye d’Hautecombe pour le festival Welcome to paradise, dans le cadre duquel il animait un "workshop" "Chrétiens, nous avons besoin de vous en politique".
"L’église, nos évêques, vous encouragent à vous engager et vous rappellent que sur tous les sujets importants, vous pouvez vous engager parce que vous êtes chrétiens, a rappelé le co-fondateur du célèbre Padre Blog. Mais les raisons pour lesquelles vous vous engagez ne sont pas seulement confessionnelles. Nos convictions au sujet du bien commun sont aussi et d’abord fondées sur la raison, et donc vous pouvez avoir une parole « laïque », même si c’est votre foi chrétienne qui vous éclaire de l’intérieur."
Pour autant, que répondre quand on vous demande si vous êtes catho, étant donné que, dès que vous aurez répondu "oui", votre opinion sera immédiatement considérée comme non valide ? "C’est intéressant de montrer le fondement des choses, de répondre "le fait que je sois catho ne m’empêche pas de raisonner. Montre-moi en quoi ce que je dis n’est pas raisonnable.’ Il faut s’adresser à l’intelligence et à la raison de son interlocuteur. Mais on ne peut débattre qu’avec ceux qui le veulent bien. Et souvent ceux qui se disent les plus ouverts sont ceux se révèlent les plus fermés ! Il y a un travail de l’intelligence à faire pour fonder ses convictions sur la raison, même si la foi nous supporte, parce que cela va dans le sens du bien, du juste, du vrai. Il y a un vrai travail à effectuer pour les "cathos" sur ce qui fonde les convictions, trouver les arguments qui puissent rencontrer l’intelligence de l’autre, ce qui en lui est fait pour la vérité. Mais ne perdez pas de temps : si la personne ne respecte pas ce que vous êtes, c’est terminé. Il faut se demander comment rassembler un plus grand nombre possible de personnes sur telle ou telle idée juste ? Parce que la défense du plus fragile peut rassembler au-delà des chrétiens."
Voici les cinq conseils pratiques de l’abbé Grosjean à destination des jeunes qui veulent s’engager, au sens large, dans la vie de la cité :
1- L’engagement politique des chrétiens est une urgence, mais au sens large du terme, c’est-à-dire les affaires de la cité. Vous faites aussi de la politique quand vous rejoignez une association d’aide aux chômeurs ou une association culturelle. Nous ne sommes pas tous faits pour être élu, pour accompagner des élus. On manque de chrétiens dans le monde de la culture, c’est par là que passent les idées. On en manque dans le monde des médias pour informer, éclairer. On manque de chrétiens dans le monde de l’éducation. Une réforme sociétale, c’est le fruit d’un combat culturel qui dure 30 ans. Vous vous engagez pour la génération qui vient.
2- Ce que vous portez en tant que chrétien est précieux pour le monde entier. Ce monde vous est confié ! Vous ne pouvez pas ignorer, vous désintéresser de ce qui se vit dans le monde, de ce que vit votre voisin. « Vous êtes dans ce monde parce que vous y êtes envoyés » ! ( Jn 17, 15 )
3- S’engager, ce peut être aussi en encourageant ceux qui s’engagent. Souvent ils disent "je veux bien monter au créneau, mais qui me suivra ?" La politique c’est aussi beaucoup de dévouement, de sacrifices. Est ce que vous êtes derrière vos élus ? Qui a déjà écrit à son maire, à son député pour l’encourager ? Souvent, on sait faire des pétitions. Mais est-ce que l’on sait dire merci, être force de proposition concrète ?
Un député qui reçoit une lettre, son assistant la lit. Trois lettres sur le même sujet, on les lui donne ; 10, c’est le sujet de la journée, 20 de la semaine, 30 le sujet du mois. Vous avez un incroyable impact potentiel. Avec quelques amis, et avec les réseaux sociaux, ce n’est pas compliqué d’en envoyer 500 !
4- Ayez un vrai métier, car c’est ce qui vous rendra libre. Le drame de beaucoup, c’est qu’ils ont fait de la politique toute leur vie. Et du coup, ils sont prêts à tous les reniements, tous les renoncements pour garder leur mandat, car ils n’ont rien d’autre…
5- Ayez aussi un équilibre de vie. Un ancien premier ministre disait : "le seul conseil que je donne à un jeune qui veut faire de la politique, c’est de prendre soin de son couple, de sa famille." La politique est un monde violent. Si vous n’avez pas votre famille comme refuge, comme lieu de vérité, de paix, vous n’aurez aucun endroit où vous reposer.
J’ajouterai ayez une vie spirituelle. On peut s’écarter de Dieu aussi bien dans l’échec que dans la réussite. Sachez sur qui vous vous appuyez. Il faut trouver un religieux qui vous accompagnera, qui vous connaît. On est vite pris par la passion de la politique : on peut vite s’autojustifier de tout ! il faut qu’il y ait quelqu’un avec qui on n’est pas dans la représentation, qui saura vous aider à rester vrai, et fidèle aux convictions pour lesquelles vous vous êtes engagé.