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Ecologie : Le temps des moissons

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Sylvain Dorient - publié le 30/07/14
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En France, c’est la saison des récoltes de blé : l’efficacité et les performances économiques ne devraient pas faire oublier notre lien particulier avec le pain quotidien.
2014 devrait être une bonne année : à grand renfort de moissonneuses, les paysans ramasseront 36,5 millions de blé tendre ! 10 millions de ces céréales partent à l’étranger, surtout vers les pays du Maghreb : la terre de France est riche. Mais ce modèle d’agriculture efficace menace de transformer l’agriculture en une activité économique comme une autre. Ce serait oublier que Dieu manifeste sa bonté dans la profusion de la nature, et qu’il a confié à l’homme la responsabilité de la Création.
 
Le système agro-industriel hérité de la révolution verte a montré son efficacité pour alimenter le pays, mais ses dérives sont désormais connues : épuisement des sols, pollutions liées aux engrais et pesticides chimiques etc.  Certains font le choix de se placer en marge de ce mode productiviste d’agriculture, guidés par une autre conception du métier, comme le couple Supiot.
À l’origine de leur démarche, la volonté de vivre un rapport direct avec la Création. « Je trouve que la vie de banlieue est morbide, explique Nicolas Supiot. Je cherchais un moyen d’exister à côté d’elle, et la chose la plus immédiate, la plus indispensable, qui me venait à l’esprit était de faire moi-même mon pain ». Un rêve d’adolescent idéaliste devenu réalité, grâce à Laetitia qui l’épaule et qui partage son désir de « ne pas participer à un système pervers ». Mère de deux enfants, elle souhaite « respecter la terre nourricière. L’agro-industrie hérite de terres riches et les rends stériles, parce qu’elle considère la terre comme une ressource à exploiter. Je crois qu’au contraire, nous devons faire vivre la terre ».
 
Ils se sont rencontrés sur les bancs de l’église Notre-Dame des Pauvres, à Issy-les-Moulineaux, et ont choisi de mener cette vie qui ne les rend pas riches, malgré leur succès. Leurs pains sont tous vendus avant même de passer au four ! Sous leurs apparences de doux dingues se cachent des chrétiens enracinés, qui sauvegardent un patrimoine considérable : « le blé et le pain sont des éléments fondateurs de notre culture chrétienne », explique Nicolas Supiot.

Or ce blé est menacé d’uniformisation. Pour des raisons de rendement, l’agro-industrie choisit naturellement des blés calibré pour ses machines : il doit produire beaucoup, son système racinaire n’a pas besoin d’être important etc. Le nombre des blés répondant à ces critères tend à s’amenuiser, car on recherche le plus performant, si bien qu’une trentaine d’espèces seulement couvrent la majorité des exploitations agricoles. Il y a à peine un siècle, on en comptait des dizaines de milliers !
 
Conserver cette variété de blés présente pourtant beaucoup d’intérêts. Ils sont mieux adaptés à leurs terroirs, donc plus résistants aux maladies, aux intempéries, contiennent moins de gluten, nécessite moins d’engrais… Selon les terrains, ils peuvent même permettre des productions supérieures, car les semences du catalogue officiel sont adaptées à des terres riches. Pour toutes ces raisons, l’INRA s’intéresse désormais aux travaux du couple Supiot, qui a participé en 2003 à la création d’une association de défense des blés anciens, le Réseau semences paysannes
 

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