Un double « frame » – une communication déformée- règne à propos des intentions que l’on prête au Pape sur la communion des divorcés remariés. La mise au point de l’abbé Rimaz.
Du blog de l’abbé Dominique Fabien Rimaz :
Synode sur la famille et communion: les personnes divorcées remariées
Une confusion et une pression médiatique (probablement interne à l’Eglise) règnent sur cette grave question. Leurs origines sont très complexes, mais concernent indubitablement la communication. Une des premières formes de la Charité est la Vérité, sans oublier que sa communication fait partie de cette même Vérité.
Parler de ce grave sujet implique de se souvenir que des personnes souffrent. L’Eglise est comme un hôpital de campagne dit le Pape François. Le baume de la grâce et l’auteur même de toutes les grâces, Jésus Christ, soignent les douloureuses blessures. La pastorale devient alors l’art de mettre les âmes en relation avec Dieu.
Le premier frame: rupture d’enseignement entre Benoît XVI et le pape François
Un frame consiste à majorer un aspect pour reléguer dans l’ombre une autre dimension de la question.
Certains sites et blogs, qui étaient de très bonnes sources pour comprendre les propos précis et millimétrés de Benoît XVI, sèment la confusion doctrinale. Ainsi, il est faux de projeter sur le Pape François une quelconque confusion. Comment un homme qui a passé des milliers d’heures à confesser pourrait-il être infidèle à l’enseignement du Christ ? Les principaux blogs et sites qui récupéraient le Pape Benoît XVI sont devenus fort critiques et distants vis-à-vis du Saint-Père. Pourtant, à part la communication, pour nos deux Papes c’est calotte blanche et blanche calotte.
Les grands médias réussissent parfois à faire du Pape François un bon sujet commercial. Dès lors, ils ne vont pas tirer à boulets rouges sur leur propre idole. Benoît XVI ne jouissait pas d’une telle ferveur médiatique.
Le tout premier frame provient de ce jeu d’opposition.
Second frame: le Synode et la communion ne concernent que les divorcés remariés
Après ce jeu d’opposition virtuel entre les deux Papes, le second frame semble concerner le prochain synode et la communion. Le prisme est celui des divorcés remariés.
– Or, le prochain Synode va parler de la crise de la famille, qui est une question beaucoup plus large. Bien évidemment, le drame du divorce, la souffrances des personnes seront au coeur des discussions.
– L’accès à la communion dépasse très largement la question des personnes divorcées et remariées. La communion nous concerne tous ! Nous avons cette fâcheuse tendance à regarder la paille dans l’oeil de notre voisin, sans voir la poutre qui empêche notre oeil de bien voir rappelle Jésus.
La question fondamentale est celle-ci: suis-je en état de grâce pour recevoir la sainte Communion ? Avant d’aller communier, l’Eglise met sur nos lèvres cette belle phrase: "Seigneur je ne suis pas digne de tu viennes sous mon toit, mais dis seulement une parole et je serai guéri".
Cette parole murmurer à notre conscience peut-être: d’attendre la confession pour aller communier; de prier pour un changement de vie, une plus grande conversion et de ne pas aller encore communier; de s’avancer pour être préservé de toutes chutes, par la grâce même de Dieu.
La focalisation sur les personnes divorcées remariés conduit parfois à une stigmatisation blessante.
Le Pape en est parfaitement conscient :
Divorcés remariés, Interview du Pape François dans l’avion, retour de la Terre Sainte
" Je n’ai pas aimé que de nombreuses de personnes, y compris d’Eglise, des prêtres, aient dit “ah, le synode, pour donner la communion aux divorcés remariés“. Et ils sont allés là. J’ai vu combien tout se réduisait à une casuistique. Non, la chose est plus large. Aujourd’hui, nous le savons tous, la famille est en crise. Elle est en crise mondiale. Les jeunes ne veulent pas se marier, ou ils ne le font pas, ou ils vivent ensemble. Le mariage est en crise, la famille aussi.
Et je ne voudrais pas que nous tombions dans cette casuistique : on peut, on ne peut pas. Pour cela je vous remercie encore d’avoir posé la question, parce que cela me donne l’opportunité de clarifier tout cela. Le problème pastoral de la famille est très, très large. Et l’on doit étudier cas par cas. Le pape Benoît XVI a dit une chose 3 fois sur les divorcés remariés qui m’aide beaucoup. Une fois dans le Haut Adige, une fois à Milan et lors de l’ultime consistoire public : étudier les procédures de nullité matrimoniale parce que certaines peuvent être expédiées ou sont pour quelques personnes, étudier la foi avec laquelle la personne va se marier, et clarifier que les divorcés ne sont pas excommuniés et sont très souvent traités comme des excommuniés. C’est une question grave".
(…)
Le Cardinal Bergoglio reçut un prêtre de son diocèse qui lui parlait de sa grande préoccupation pour la rectitude doctrinale. Bergoglio lui répondit: "C’est en effet très important mon fils ! Sais-tu si les personnes se sentent aimés par ton cœur de prêtre ?"