Vers une nécessaire modification des règles du football ? Et si l’on cessait de s’en remettre à la loterie des penalties pour les grandes compétitions ?
Qui n’a jamais assisté à un match de foot s’achevant sur un score nul à la fin du temps réglementaire, les deux équipes patientant le temps des eux prolongations, pour s’en remettre à la loterie magnifique des tirs au buts ? Pas si magnifique que cela quand on se souvient de la finale perdue par la France contre l’Italie. Alors qu’avec le début des huitièmes de finale de la coupe du monde, l’élimination directe succède aux poules, le délicat problème des tirs aux buts risque de se poser de nouveau. Sepp Blatter, président de la FIFA, lui-même s’est encore plaint récemment dans la presse des finales qui se terminent par des penalties : "Quand un match en arrive aux tirs au but, le football perd son essence. (…) Le football peut être une tragédie lorsqu’on va aux penalties. C’est un sport d’équipe. Quand il devient du un contre un, il perd sa nature même."
Pourtant, redonner un peu de piment à l’exercice serait facile, et gratuit. L’idée est assez simple : il suffirait de faire tirer les penalties à la fin du temps réglementaire en cas d’égalité, et de jouer ensuite la prolongation. Le vainqueur serait alors celui qui gagne la prolongation et, en cas d’égalité, celui qui a gagné les penalties. En soi, l’idée n’est pas nouvelle : un petit groupe de jeunes polytechniciens l’avait déjà proposé il y a vingt ans de cela, dès 1994. "Nous avions reçu des réponses intéressées de Michel Platini, de Jean-Fournet Fayard, et de journalistes de l’Equipe, se souvient Olivier Bonassies, qui faisait alors partie de ce groupe. Mais la commission des arbitres de la FIFA sollicitée en 1994 puis plusieurs fois depuis, jusqu’en 2006, n’a jamais donné suite. Il semble que ce système n’a jamais été essayé et je suis sûr qu’une simple expérimentation réelle dans une compétition mineure suffirait à prouver le concept. Pourtant, l’idée ne présente que des avantages : on a le spectacle des penalties sans l’inconvénient de faire reposer la victoire uniquement sur cette loterie. Et, puisqu’il y a en permanence une équipe qualifiée et une éliminée, vous avez ainsi le spectacle de prolongations forcément haletantes, et non soporifiques comme cela arrive souvent quand les deux équipes attendent la loterie des penalties. La Coupe du monde 1990 avait été spécialement marquée par ce problème, qui n’a jamais été résolu depuis." Espérons que ce ne sera pas de nouveau le cas au Brésil cette année.