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OPINION L’époque n’est plus au progrès

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Guillaume de Prémare - publié le 21/06/14
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Dans sa dernière chronique sur l’antenne de radio Espérance, Guillaume de Prémare se penche sur la réhabilitation du choix, et donc de la liberté.« Si toi aussi tu veux rendre ton adolescent heureux, appelle le 30 22 22 et appuie sur la touche étoile de ton téléphone… » C’est une blague, me direz-vous ! À peine… J’ai vu à la télévision une publicité qui proclamait solennellement : « Rendez votre ado heureux pour 39,95 €… »

Dans le langage des "pubards", on appelle cela la « promesse produit ». Bigre ! Quelle promesse ! Les "pubards" n’ont pas leur pareil pour traduire l’air du temps. Mais cet air du temps-là a du plomb dans l’aile, à défaut d’en avoir la moindre particule dans la tête : un « air » déjà presque obsolète, qui s’apprête à céder le pas à une ère nouvelle.

Cette ère nouvelle naîtra nécessairement de l’écroulement des  fausses promesses de bonheur de la modernité. « Nous avons choisi la frénésie comme mode d’existence », dit  Pierre Rabhi ; et la frénésie n’a jamais rendu quiconque heureux.
Oui, « nous avons choisi », dit Rabhi. Pourtant, l’expression « on n’a pas le choix » est aujourd’hui bien répandue dans cet air du temps vicié. C’est un mensonge : nous avons le choix. Ou du moins, l’homme libre a le choix. Celui qui dit « On n’a pas le choix » est un esclave ; et il n’y a  peut-être rien de plus affranchi aujourd’hui qu’un homme qui dit « J’ai le choix et je choisis ».
Ce que je lis sous la plume de Gautier Bès, Marianne Durano et Axel Rokvam, dans leur manifeste « pour une écologie intégrale » – intitulé Nos limites – c’est d’abord la réhabilitation du choix et donc de la liberté. « L’époque n’est plus au progrès, écrivent-ils, elle est à la question ». Bien vu parce que la question précède le choix : « A quoi bon vivre et à quoi bon souffrir dans un monde sans perspectives ? A quoi bon faire semblant de donner son avis si de toute manière "il n’y a pas le choix" ? »

Voilà trois jeunes, issus du mouvement des Veilleurs, qui sont en quelque sorte des "divergents". Ils divergent parce qu’ils veulent choisir. Ecrire que « l’époque n’est plus au progrès », c’est être divergent, c’est aussi être précurseur. Non pas que l’homme ne produira plus de progrès technique, mais l’idéologie du progrès universel sent le sapin.

Ces jeunes auteurs sont les enfants non voulus de la société de consommation, comme les "soixante-huitards" étaient les enfants non voulus de la société bourgeoise. À leur intention, Brassens avait écrit sa chanson intitulée Les Philistins : « Vous pensiez, ils seront menton rasé, ventre rond, notaire ; mais pour bien vous punir, un jour vous voyez venir, sur terre, des enfants non voulus qui deviennent chevelus, poètes. »

Le paradoxe, c’est que les enfants de 68 sont devenus les notaires bedonnants du consumérisme et de « la mondialisation heureuse ». Voilà ce que nos jeunes auteurs refusent de devenir pour choisir de penser « l’écologie intégrale » – une sobriété à la mesure de l’homme – contre ce qu’ils appellent « l’empire de l’artificiel ». Pour eux, « l’empire de l’artificiel se développe dès lors que l’on récuse le fait que notre être nous borne ». Pour eux, la réhabilitation du choix passe par la réhabilitation des limites. C’est l’acceptation de « nos limites » contre le « No limit » libéral-libertaire, qui refuse « toute norme objective et stable », refus qui accouche de « la tyrannie de la subjectivité ».

Voici que s’exprime la sagesse et le talent d’une nouvelle génération de précurseurs. Leur premier essai est un coup de maître. C’est assurément une lecture à méditer tranquillement cet été… Franchement, lisez-les, ce n’est pas un effort, c’est une respiration.

Chronique diffusée sur Radio Espérance le 20 juin 2014

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