250 familles d’arméniens chrétiens sont revenues dans leur ville de Kessab, abandonnée par les rebelles il y a quatre jours, sous la pression de l’armée régulière syrienne.
Les destructions subies par la ville viennent perturber la joie de leur retour. Quatre églises et un centre culturel ont été brûlés, les infrastructures et les magasins ont subi des dommages. Mais le maire se montre optimiste malgré l’état de sa ville, en partie détruite par les « Takfiristes et les obscurantistes ». Il encourage tous les exilés à revenir chez eux et assure : « Nous rebâtirons tout en mieux ».
En mars 2014, la ville de Kessab, qui se trouve à un point stratégique sur la frontière entre la Turquie et la Syrie, avait été envahie par les rebelles du front Al Nosra. Al Nosra, est une émanation d’Al Quaïda qui, selon la hiérarchie de cette organisation, devait concentrer ses forces contre la Syrie, tandis que le désormais célèbre Etat Islamique en Irak (ÉIIL) et au Levant devait se concentrer sur l’Irak. Mais des dissensions sont apparues, car l’ÉIIL s’est détaché de sa hiérarchie et a absorbé une partie du front Al Nosra, qui est à présent en régression.
Outre le retrait de ce front djihadiste en Syrie, la reprise de Kessab marque un nouvel épisode dans les relations troubles entre la Syrie et la Turquie. L’attaque de mars dernier a en effet été réalisée à partir du sol turc, et le gouvernement de Bachar Al Assad accuse son interlocuteur de complicité avec le terrorisme. Lors de l’invasion de la ville, un avion syrien qui avait violé l’espace aérien turc a été abattu, ce qui avait aggravé la crise diplomatique entre les deux pays. L’avènement fulgurant de l’ÉIIL a changé la donne. D’abord parce qu’il a bousculé les factions de rebelles en présence, tentant de les absorber toutes, ensuite parce que Bachar Al Assad étant l’adversaire historique de ce mouvement, il sent logiquement la pression diplomatique internationale diminuer.