Ce qui reste de la communauté chrétienne en Irak risque de quitter le pays devant la montée en force de l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL). Néanmoins, certaines rumeurs sont exagérées.19/06/2014
Mgr Saad Syroub, l’évêque auxiliaire chaldéen de Bagdad ne sait pas s’il doit partir ou rester : « Je laisse cela à mes anges », confie-t-il à l’Aide à L’Église en Détresse (AED). Comme lui les chrétiens irakiens qui étaient restés au pays sont comme un oiseau sur une branche… un jour de tempête. « Pour nous, une nouvelle guerre signifierait la fin », poursuit Mgr Syroub.
L’ÉIIL a conquis la plus grande raffinerie de pétrole du pays, accroissant encore potentiellement les revenus qu’elle touche et selon une information non confirmée, rapportée à l’AED par l’évêque, il tiendrait une partie des quartiers nord de Bagdad. La ville tout entière semble comme amorphe, sous le choc : peu de passants ou de voitures, les gens restent calfeutrés chez eux. Le gouvernement irakien a fait plusieurs fois appel aux Etats-Unis pour qu’ils interviennent contre les djihadistes, mais c’est un choix périlleux. Lors d’une conférence de presse aujourd’hui, Barack Obama a répété que « les forces américaines ne retourneraient pas combattre en Irak » mais il a annoncé que trois cents conseillers militaires, issus des forces spéciales, étaient prêtes à « entraîner, assister et soutenir » l’armée irakienne.
Les Américains n’ont aucune envie de retourner dans le bourbier irakien, d’une part… d’autre part leur intervention risquerait de délégitimer le gouvernement irakien de Nouri-al-Maliki, qui passerait pour leur « homme de paille ». Tout dépend à présent de la réaction irakienne loyaliste, et pour le moment personne n’est convaincu qu’elle vaincra le mouvement djihadiste irako-syrien.
Or les chrétiens redoutent l’ÉIIL. Ils connaissent les exactions commises par les extrémistes de cette organisation en Syrie. Quel que soit l’avenir proche, une guerre civile entre Chiites et Sunnites ou une victoire rapide de l’ÉIIL, il est très sombre pour les chrétiens d’Irak. Au Nord du pays, ceux qui avaient tenus bon malgré les suites de l’intervention américaine de 2003 se sont réfugiés au Kurdistan.
Mais selon une information d’Aleteia langue arabe, une partie au moins des chrétiens de Mossoul seraient revenus dans leur ville, les églises n’auraient pas été détruites, et les djihadistes ne se montrent pas violents envers les chrétiens. Un Syrien nous explique « d’après mon expérience le Da’ash (ou l’EIIL) lève des taxes prohibitives, impose des règles strictes, mais il ne vise pas particulièrement les chrétiens. Ses exécutions sommaires et ses règles injustes concernent tout le monde ! » Un élément qui vient encore nuancer la haine antichrétienne supposée des djihadistes en Irak, c’est qu’il a trouvé des alliés de circonstance parmi les anciens cadres militaires et politiques du parti Baas de Saddam Hussein. Or ce parti s’est montré historiquement christianophile – on se souvient par exemple qu’il y avait un ministre chrétien dans le gouvernement de Saddam Hussein – et pour cause, il a été cofondé par un chrétien et un musulman ! Une fois encore, nous encourageons donc les lecteurs de toutes les nouvelles qui viennent d’un pays en guerre à la plus grande prudence.
La photo que nous mettons en illustration de cet article représente typiquement un problème de surinterprétation des faits. Elle a tourné sur les réseaux sociaux comme étant une église qui brûle à Mossoul, or c’est faux, comme un examen approfondi de la photo permet de le vérifier : c’est un poste de police situé à proximité de l’église qui brûle et pas l’église elle-même !