La sordide affaire des squelettes de bébés retrouvés dans un foyer catholique pour mères célibataires a fait la une des médias. Si l’émotion est légitime, certains ont grossi le trait jusqu’à inventer des détails sordides.
Catherine Coreless, une femme de ménage passionnée par la généalogie, est à l’origine de la redécouverte de ces 796 squelettes de bébés, enterrés dans une fosse commune, avec un simple linceul en guise de cercueil sur le terrain du foyer Sainte-Marie, à Tuma, dans le comté de Galway.
Ils avaient été trouvés en 1975, mais cette historienne locale, avait souhaité avec le collectif d’historiens auquel elle appartient, que soit donnée une sépulture plus décente à tous ces enfants, avec une plaque commémorative rappelant les noms. Mais tout s’est emballé malgré elle, les médias ont parlé de bébés « jetés dans une fosse septique ». Mme Coreless a réagi, horrifiée par les propos que l’on lui prête : « Ce ne sont pas mes mots. Je n’ai jamais parlé d’une fosse septique, et je n’ai pas non plus prétendu que les bébés avaient été jetés ».
Malgré tout, il reste que la découverte faite par cette historienne amatrice est particulièrement sinistre. L’éditorialiste du Forbes, Eamonn Fingleton, a quant à lui publié un article incisif intitulé « Pourquoi l’histoire des bébés « jetés dans une fosse septique » est une arnaque » : « Un fait semble incontestable : les conditions dans les orphelinats irlandais jusqu’aux années 1960, et même plus tard, ressemblaient à celles qui sont décrites dans les romans de Dickens. Le taux de mortalité était scandaleusement élevé (…) Une grande partie du problème était la pauvreté généralisée de l’époque (celle des années 1920 jusqu’au début des années 1960, pendant laquelle fonctionna l’institution au centre du scandale). Parce qu’ils étaient cruellement sous-financés, les orphelinats irlandais étaient honteusement surpeuplés, ce qui signifie que quand un bébé attrapait une infection, tous les autres l’attrapaient. »
Mais cela ne dédouane pas pour autant les sœurs, qui se montraient selon Catherine Coreless « puritaines » à l’égard des femmes ayant eu des enfants hors mariage. Suite à cette affaire, dont l’ampleur dépasse tout ce que cette historienne avait pu imaginer, le gouvernement irlandais vient de décider d’ouvrir une enquête sur les traitements infligés aux mères non mariées et à leurs enfants.