A quelques heures du match d’ouverture, le géant latino-américain est en proie au doute. Une enquête du Pew Research Center témoigne de ce moral en berne.
La Coupe du monde de football qui débute cette semaine dans 12 villes du Brésil aura suscité une énorme vague de protestations sur l’ensemble du territoire du géant sud-américain : manifestations allant des Indiens sans terre, travailleurs du métro de San Pablo exigeant une amélioration de leurs salaires et des prestations sociales, conformément à la loi…
Tout ceci, plus les sommes extraordinaires que le gouvernement de Dilma Rousseff a consacré à la construction ou à la rénovation des stades, quelque 4 milliards de dollars selon des sources brésiliennes, ont affecté l’humeur générale des habitants du pays, qui sont sortis dans les rues pour protester contre la corruption, l’inflation et le manque d’investissements publics dans les services urbains, l’éducation, le transport et une longue liste de griefs qui ont fait s’effondrer la popularité de la présidente Rousseff.
Selon une enquête du Pew Research Center, aux USA, rendue publique le mercredi 4 juin, 72% des Brésiliens se disent mécontents de la façon dont les choses se passent dans leur pays, contre 55% il y a un mois. Autrement dit, la tension sociale et l’insatisfaction populaire augmentent à mesure que le coup d’envoi approche. Toujours selon la même enquête, les opinions des Brésiliens ont évolué de façon spectaculaire en seulement une année. Les deux tiers de la population sont maintenant convaincus que l’économie brésilienne, jadis en plein essor, est aujourd’hui en mauvaise santé. Seulement 32 % des Brésiliens pensent que l’économie de leur pays « va bien », contre 59% en 2013.
Plus d’inconvénients que d’avantages
À propos de la Coupe du monde de football, les Brésiliens sont en proie à d’énormes doutes sur les avantages qu’en retirera le peuple. Six personnes sur dix pensent que le fait d’accueillir l’évènement détourne l’argent qui devrait être affecté pour les écoles, les hôpitaux et autres services publics. Seulement 34% pensent que la Coupe du Monde – qui ne s’était pas déroulée au Brésil depuis 1950, lors du fameux « maracanazo » d’ Uruguay dans lequel le Brésil a perdu la finale contre son petit voisin – va créer des emplois et doper l’économie, en attirant trois millions et demi de touristes.
De même, l’enquête du Centre Pew révèle le scepticisme qui règne quant à l’amélioration de l’image du Brésil sur la scène internationale en étant l’hôte de cette compétition e football. Quatre Brésiliens sur dix pensent que l’image du Brésil à l’étranger serait moins bonne (39%), tandis qu’un pourcentage légèrement inférieur est d’avis que le Mondial va aider le pays amazonien à recouvrer sa place sur le plan international. Toutefois, l’enquête Pew, réalisée en avril auprès de 3000 adultes, montre que le plus grand danger que voient les Brésiliens tant dans la Coupe du monde que dans les prochains Jeux Olympiques de 2016, est la hausse des prix : selon 85 % des sondés, c’est « le problème majeur auquel est confronté le pays », suivi par la crainte de la criminalité et la carence de services de santé (83%).