Salée, l’amende requise contre ce prêtre du diocèse de Saint-Etienne ! Il n’a fait que son devoir de chrétien, en choisissant d’ enfreindre un arrêté municipal pour ne pas « laisser dehors des gens en situation de danger ».12/06/2014
Le père Gérard Riffard, 70 ans, préside une association d’accueil et d’accompagnement des sans-logis, baptisée Anticyclone. Il n’a pas cessé d’héberger des demandeurs d’asile dans les locaux de l’Eglise Sainte-Claire, à Saint-Etienne, comme le lui demandait un arrêté municipal, au motif que l’endroit ne respectait pas les normes de sécurité nécessaires pour l’accueil du public (cf. Aleteia).
Au début, il y a environ sept ans, le père Riffard avait commencé à héberger des sans-abris dans son appartement. Mais le nombre des demandeurs avait si vite grimpé – une quarantaine de personnes jusqu’à ce jour – qu’il a peu à peu décidé de les loger dans la salle paroissiale jouxtant l’église.
«
C’était provisoire, le temps de leur trouver un logement. Mais l’Etat, qui est tenu à héberger les demandeurs d’asile, ne le fait pas complètement
», a-t-il fait valoir.
En
France, une personne qui dépose une
demande d’asile peut en principe bénéficier d’un
logement d’urgence dans l’attente d’une décision. Or la ville de
Saint-Étienne ne peut plus proposer de logements et ne peut répondre aux besoins des demandeurs d’asile. D’où ce conflit de devoirs : enfreindre cet arrêté municipal ou manquer à l’obligation de ne pas laisser dehors des gens démunis ?
«
Que doit faire un prêtre, un chrétien : laisser des personnes à l’insécurité de la rue ou bien leur ouvrir sa modeste porte ? (…) Notre société dit qu’elle ne peut pas prendre en charge toute la misère du monde. Doit-elle, pour autant, interdire de faire du bien ?
»
soulignait dans un
communiqué
l’évêque de Saint-Étienne,
Mgr Dominique Lebrun.
Le hall du palais de justice était bondé. Parmi les nombreux soutiens du prêtre, une grande majorité de demandeurs d’asile, membres de son association Anticyclone.
L’ampleur de l’amende requise contre le
père Riffard est incroyable : elle correspond à 239 fois une amende 50 euros, pour avoir enfreint cet arrêté municpal. L’avocate du prêtre invoque «
l’état de nécessité et la protection contre un danger imminent, face à la non application du droit fondamental que constitue l’hébergement d’urgence », et demande la relaxe de son client. Le tribunal de police de Saint-Etienne a mis son jugement en délibéré au 10 septembre.