Avec la recrudescence des actes antichrétiens, les chrétiens du Pakistan fuient en masse. Mais le gouvernement freine de manière détournée leur sortie du territoire dans les aéroports.11/06/2014
Alors que le sort des chrétiens pakistanais est très préoccupant, il semblerait que le gouvernement veuille freiner de manière détournée leur exil vers les pays d’Asie du sud et du sud-est. Ainsi, les chrétiens pakistanais seraient désormais inscrits sur les listes ECL (Exit Control Lists) présentes dans les aéroports, rédigées par le ministère de l’intérieur pour interdire la sortie du territoire aux personnes recherchées par la loi ou tentant de fuir.
L’agence Misna précise que « les autorités de l’immigration empêchent actuellement tout chrétien de partir dans chaque aéroport du Pakistan à destination du Sri Lanka, de la Malaisie, de la Thaïlande, de Singapour et de Hong Kong. » Le président du Pakistan Christian Congress, Nazir S. Bhatti, a vigoureusement condamné cette pratique et la décision du gouvernement, faite « sans préavis ».
Selon le Pakistan Christian Post, qui a reçu de nombreuses plaintes et témoignages, plus de 300 chrétiens pakistanais ont été empêchés, sans raison légale, de prendre leur vol dans les aéroports d’Islamabad, de Lahore et de Karachi alors même que leur vol était confirmé.
Depuis 2009, on observe en effet une vague d’émigration de la part des chrétiens pakistanais, qui composent 2% de la population du pays, vers les autres pays d’Asie. Le Pakistan a récemment été classé sixième pays le plus dangereux pour les chrétiens par Open Doors International (cf Aleteia).
Depuis cinq ans, on constate la recrudescence des actes antichrétiens, parfois terroristes comme l’attentat suicide perpétué à la sortie d’une messe en septembre dernier qui a tué 70 personnes.
De même, la hausse de plus de 200% des dénonciations pour présumés blasphèmes font fuir les chrétiens vers des lieux où la liberté religieuse est plus sûre. Ceci n’est pas sans rappeler le cas d’Asia Bibi (cf Aleteia), chrétienne du Pendjab, mère de cinq enfants et condamnée à mort en 2010 pour « blasphème », en attente de son procès en appel indéfiniment reporté.
On compterait en Thaïlande plus de 9000 chrétiens pakistanais « dans l’attente d’être enregistrés par les antennes du Haut commissariat aux réfugiés (Hcr) des Nations Unies ». Ce chiffre serait de 4 000 au Sri Lanka, 2 000 en Malaisie et quelques centaines à Singapour et Hong-Kong.
Malheureusement, dans ces pays, les ambassades du Pakistan, et notamment celle de Bangkok où l’exode est le plus élevé, sont priées de décourager les réfugiés chrétiens dans leur demande d’asile. Nazir S. Bhatti a ainsi déploré au Pakistan Christian Post que « d’un côté, le gouvernement annule les vols des chrétiens persécutés et de l’autre côté, lance des campagnes de propagande à l’encontre d’une association (WVIP) venant en aide aux chrétiens pakistanais trouvant refuge en Thaïlande. »