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Quatres pistes pour apprendre à gérer l’expérience de la douleur

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Brian Brown - aleteia - publié le 30/05/14
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Le chagrin n’est ni fiable ni efficace. Mais, à condition de l’accepter, il nous rendra plus humain.
30/05/14

Qui n’a pas eu du mal savoir quoi faire lorsqu’un ami ne va pas bien ? Et votre ami a probablement autant de mal à savoir quoi faire avec sa douleur. Cette douleur peut être causée par la mort d’un parent ou d’un ami, par la perte d’un emploi ou d’un petit ami, ou tout simplement par la sensation que l’univers s’acharne sur nous depuis un bon moment…

On a trop souvent tendance à sombrer dans les poncifs et les clichés. Bien sûr, on se les dit à soi-même, pour se remonter le moral ou pour tenter de déjouer la poisse en demandant à l’univers de nous laisser tranquille. Et on le dit à ses amis, dans le même but. Parfois, ces clichés vont résonner en eux, et peuvent leur donner à penser. Mais trop souvent, il s’agit juste de ne pas oser regader les choses en face.

Je viens de terminer un nouveau livre, Invitation to tears, de Jonalyn Fincher et Aubrie Hills. Jonalyn et Aubrie portent un regard différent, plein de fraîcheur, sur la douleur. Tous deux suggèrent que le fait d’apprendre comment gérer l’expérience de la douleur est en fait quelque chose de précieux, une chose que notre culture oublie de nous enseigner. Affronter la douleur, ou aider un ami à le faire, consiste selon les auteurs, à éviter les choses suivantes :

1) Les poncifs
« Au moins, elle ne souffre plus ». « Il est avec Jésus ». « Tout cela se passe pour une raison ».  « Ce n’est pas pour cela que je pleure ! », s’est écrié Jonalyn, plein de frustration, après la mort de sa belle-mère. Les banalités peuvent être encore plus terribles au sein de l’Église, l’endroit où justement les gens sont censés être en mesure de remettre leur profonde douleur. « Entre les murs réconfortants de l’Église, nous nous sommes départis du langage de la perte. Celui que David et les psalmistes parlaient couramment, nous l’avons oublié. Nous ne pouvons pas nous asseoir auprès de quelqu’un qui est en souffrance sans essayer de réparer. »
Les auteurs suggèrent que nous avons besoin d’un langage du chagrin – et ont eu la lumineuse idée d’inclure des listes entières de poèmes, de livres et de films sur le thème du chagrin. Certaines choses peuvent nous aider à recréer ce langage.

2) Considérez tout cela comme de la joie
Les chrétiens entendent cela très souvent. Parce que, bien entendu, quelqu’un qui se trouve dans une profonde douleur est ravi de s’entendre citer les Écritures, histoire de le culpabiliser. Il est vrai que certaines personnes devraient cesser de ronchonner et se rappeler que (comme l’a dit mon prêtre la semaine dernière), c’est nous qui sommes dans l’histoire de Dieu, et non l’inverse. La vie est dure, et le fait d’y faire face revient en partie à faire face au chagrin. Les auteurs suggèrent que le fait de céder à la douleur est d’une certaine manière quelque chose de sain et d’important.
 « Eprouver du chagrin implique d’en faire moins afin de garder les ressources nécessaires pour se défouler, tenir un journal, faire de longues promenades, pleurer, regarder dans le vide et penser. Afin d’appliquer la pratique tout sauf occidentale d’en faire moins pour apprendre davantage. Il tombe sous le sens que les Occidentaux n’ont pas de temps pour cela. Le chagrin n’est ni fiable ni efficace, mais il nous rendra plus humain ». 

3) N’est-il pas temps d’aller de l’avant ?
Encore une fois, il est bon de s’entendre dire cela de temps à autres. Mais en dehors de ces rares situations, les auteurs s’opposent à la tradition juive, où l’ensemble de la communauté s’unit autour de la personne qui souffre pour la guider à travers le chagrin. " La communauté agit comme des capitaines, en traçant un itinéraire afin que le désespoir se tienne à l’extérieur du navire. En suivant l’itinéraire, ils savent que peu importe comment ils se sentent, quelqu’un d’autre est en train de les guider à travers les flots. "
Les auteurs conseillent aux personnes qui cherchent à soulager quelqu’un qui souffre de considérer l’idée qu’il faille « honorer la douleur en marchant seul dans la douleur ».

Ils notent également, en faisant écho à T.S. Eliot, que la mémoire est une partie de la douleur – mais c’est aussi une partie de ce qui nous aide à avancer. Quand vos amis les plus proches vous accompagnent dans la douleur, ils vous prouvent leur amitié, laissant ainsi une autre forme de souvenir (parfois même physique, lorsqu’ils vous écrivent des petits mots par exemple) qui peuvent vous aider dans le futur.

4) Dieu vous enseigne quelque chose
Bien sûr, Dieu cherche sans doute à vous enseigner quelque chose à travers la douleur, en essayant d’attirer votre attention. Mais comme Anne Snyder l’a fait remarquer la semaine dernière, c’est souvent beaucoup plus compliqué que cela. Les auteurs partagent cet avis :  « Dans les Écritures, nous voyons que la douleur ne s’abat pas seulement sur le coupable, elle s’abat également sur ​​l’innocent. L’agneau sacrificiel prouve chaque année que des innocents souffrent, encore et encore, pour les péchés du coupable. De même que la douleur des descendants d’Adam et Eve poursuit chacun d’entre nous. La douleur ne résulte pas toujours du mécontentement de Dieu ». 

Au lieu de cela, Jonalyn et Aubrie proposent une approche qui relève plutôt de T.S. Eliot. Il s’agit, en quelque sorte, d’intégrer la douleur à ce que vous êtes. Dans le monde réel, qui est un monde déchu, la vie est parfois terrible et aucune vraie raison ne peut l’expliquer. Il est très occidental d’essayer de l’ignorer, pour essayer de le placer dans une boîte facile à refermer, pour essayer de repousser l’idée loin de nous, ou essayer de l’expliquer.
A l’inverse de tout cela, les auteurs nous disent que l’expérience de la douleur est cruciale et, d’une certaine façon, l’une des plus jolies choses qui font de nous des êtres humains. Mais seulement si nous, en tant que communautés, décidons de réapprendre comment le faire, de comprendre qu’elle n’est pas qu’insupportable.

Traduit et adapté de l’anglais par Solène Tadié

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