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Libye: les chrétiens perdus au beau milieu du chaos

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Paul Monin - publié le 30/05/14
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Trois ans après la mort de Mouammar Kadhafi et la fin de son régime dictatorial, la Libye est toujours en proie aux milices armées. La minorité chrétienne vit dans la crainte.30/05/2014

La Libye est en proie à d’intenses troubles depuis la chute du régime de Kadhafi : la situation politique est plus que complexe, les services publics sont délaissés et le désordre règne. Alors que des milices armées font régner la terreur et s’affrontent entre elles,  les civils souffrent et la minorité chrétienne présente dans le pays a peur.
 
Un pouvoir inexistant et des milices armées
Parmi les forces en présence, on trouve l’Armée National Libyenne (ANL) commandée par Khalifa Haftar, un général à la retraite qui avait pris part à la révolte contre Mouammar Kadhafi. L’ANL est principalement composé d’anciens militaires et d’officiers. Il s’agit en fait de la branche armée des mouvements rebelles qui ont lutté contre Kadhafi.
 
Dimanche 18 mai dernier, des hommes armés appartenant probablement à l’ANL avaient mis le feu à une partie du bâtiment du Conseil Général National (CGN) l’équivalent du parlement, après l’avoir pris d’assaut. La situation politique est très confuse entre le CGN et le gouvernement. 
 
De l’autre coté, d’innombrables milices, crées lors de la révolution, refusent de déposer les armes et font régner la terreur. Ces milices sont souvent le jouet des groupes islamistes dont l’influence grandit de plus en plus : « l’influence des “barbus” s’étend dans l’est du pays, les petites filles commencent à porter le voile, les écoles mixtes ferment et les centres coraniques se multiplient » déclare Mgr Dominique Rézeau, arrivé à Tripoli, la capitale, comme prêtre missionnaire en décembre 2012.
 
Lundi 26 mai, Meftah Bouzid, journaliste libyen, a été assassiné à Benghazi. Il était rédacteur en chef de Burniq, un journal bihebdomadaire, et était réputé  pour ses critiques des groupes islamistes extrémistes sur les chaînes de télévision. Il a été tué par balles dans le centre-ville.
 
Le 27 mai, le département d’État américain –l’équivalent du quai d’Orsay – a publié une note recommandant aux citoyens américains présents sur le sol libyen de quitter le pays : « les voyageurs doivent être conscients qu’ils risquent d’être enlevés, attaqués ou tués » prévenait cette note.
 
La communauté chrétienne est en souffrance
Pays à forte majorité musulmane, la Libye comptait 40 000 catholiques dans un pays de 6 millions d’habitants avant la révolution et le renversement du régime Kadhafi. Ces chrétiens viennent en grande partie de l’Afrique Subsaharienne et d’Asie (Philippine, Inde). À ceux-ci s’ajoutent quelques occidentaux, souvent des cadres au sein des grandes compagnies pétrolières.
 
Depuis, beaucoup sont partis. A Benghazi, la communauté chrétienne est passée de 2000 à 300 fidèles. Pour Mgr Rézeau, il n’y a pas (encore) à ce stade, d’attaques systématiques contre les chrétiens ou d’hostilité déclarée envers cette communauté en particulier. Mais le climat délétère qui règne en Lybie actuellement incite les chrétiens à partir. Et ceux qui restent vivent dans la peur : « tout le monde vit dans la peur et l’anxiété, après de récents incidents », a relevé le Père José Varkey du Vicariat général de Benghazi.
 
Des prêtres catholiques à Tripoli et à Benghazi ont déclaré au Service d’information catholique pour l’Afrique (CISA) qu’ils ont été priés de ne pas quitter leur résidence, par mesure de sécurité. Selon le Père Arcebuche, vicaire général du Vicariat apostolique de Tripoli, l’Eglise orthodoxe grecque de Libye a arrêté ses activités. Le petit cimetière chrétien de Tripoli a été saccagé.
 
En février dernier, sept jeunes travailleurs coptes ont été retrouvés assassinés sur une plage : « des hommes en armes les ont enlevés après avoir vérifié qu’ils avaient une croix gravée sur leur poignet, puis les ont exécutés », raconte Mgr Rézeau, qui n’est pas très optimiste quant à l’avenir : « Notre communauté se réduit comme peau de chagrin, nos vies sont suspendues à un fil… Survivrons-nous au milieu de ce chaos ? »

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