Mercredi 27 mai, à l’aube, les trois principaux campements de migrants de Calais ont encore une fois été démantelés.
30/05/14
"Une fois de plus, les exilés de Calais ont fait l’objet d’une évacuation des campements de fortune où ils s’étaient installés depuis quelques mois, à proximité du port, souligne le Secours Catholique dans un communiqué. Rompant avec un dialogue entretenu depuis quelques temps avec les associations, les pouvoirs publics ont décidé, sans concertation, d’utiliser la force pour disperser les regroupements d’exilés".
"Ce nouveau recours à la brutalité, accompagné de la destruction ou de la perte des effets personnels des exilés, est consternant : Il n’est accompagné d’aucune solution alternative de mise à l’abri des quelques 600 personnes concernées, à l’exception de quelques nuitées proposées aux plus jeunes dans un centre de loisirs. Si l’urgence de traiter la question sanitaire de l’épidémie de gale est réelle, elle ne doit pas être le prétexte d’une évacuation qui va, tout le monde s’accorde à le dire, contribuer à diffuser l’épidémie dans d’autres lieux de la région.
Comme à chaque fois depuis plus de dix ans, cette opération de police destinée à rendre invisible la présence des exilés est inutile, dénuée de tout commencement de solution pérenne. Elle rejette des centaines de personnes dans une précarité encore plus grande, les poussant à courir des dangers encore plus grands et renforçant la mainmise des réseaux mafieux que l’état affirme combattre par ailleurs. Pas loin de huit décès sont à déplorer depuis début 2014. Le Secours Catholique condamne cette nouvelle évacuation. Elle vient s’ajouter à une trop longue liste de drames et de souffrances infligés à des hommes et des femmes qui après avoir fui leur pays en guerre, sont en Europe pour chercher un refuge.
Le Secours Catholique ne peut se résigner à assister à cette maltraitance institutionnelle prônée comme seule action politique depuis dix ans. C’est pourquoi il en appelle avec force au Gouvernement pour qu’il fasse preuve d’initiative et de responsabilité.
Initiative et responsabilité : La situation des exilés dans le Calaisis est notamment la conséquence d’une absence de solidarité entre pays européens eux-mêmes. Elle est éminemment complexe et mêle divers facteurs. Manuel Valls, en décembre 2013 à Calais, avait affirmé « ne pas avoir la solution ». Personne sans doute ne l’a. Mais ne pas avoir de solution n’empêche pas d’en chercher, ni de se donner les moyens pour en trouver ! Depuis un an, le Secours Catholique a demandé au Premier Ministre et au ministre de l’Intérieur de prendre l’initiative de confier une mission à quelques personnalités et experts indépendants avec comme seul objectif d’émettre des propositions aptes à faire évoluer positivement cette situation intenable.
Manuel Valls a en mars dernier indiqué son intérêt pour une telle démarche. Mais la manifestation d’intérêt ne suffit plus : le Secours Catholique demande des actes ! Il est plus que temps qu’une telle démarche soit entreprise. Le Gouvernement ne peut plus rester l’observateur passif et impuissant d’un drame humain permanent, usant comme seule trace de son pouvoir la force publique pour disperser et maltraiter des hommes et des femmes déjà en situation d’extrême fragilité."