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Robert Leblanc, ancien président des EDC : “le libre échange n’empêche pas d’aider les pauvres”

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Solène Tadié - publié le 15/05/14
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Aleteia a rencontré Robert Leblanc, ancien président des entrepreneurs et dirigeants chrétiens.15/05/14

Un colloque s’est tenu du 8 au 10 mai derniers en salle de Synode du Vatican sur le thème “Société vertueuse et futur du travail: la solidarité et la fraternité peuvent-elles faire partie des décisions prises dans le monde des affaires?”. L’événement, promu par la Fondation “Centesimus Annus” (inspirée de la lettre Encyclique de Jean-Paul II), avait pour objectif de discuter de la possibilité de se fonder sur les valeurs éthiques pour faire repartir l’économie. Les divers intervenants ont rencontré le Pape en audience privée à l’issue des conférences. Parmi eux, se trouvait le Français Robert Leblanc, homme d’affaires aguerri et ex-président des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC), qui s’est appliqué à démontrer qu’un comportement éthique et solidaire est tout à fait conciliable avec la recherche du profit. 

Face aux participants venus du monde entier, l'ancien président des EDC a évoqué les situations délicates – comme les plans de restructuration – auxquelles il a pu être confronté en tant que président de grandes entreprises, ainsi que les choix difficiles qu’il a dû faire. A cet égard, sa position est claire : un chef d’entreprise n’a pas à craindre de prendre certaines décisions, fussent-elles difficiles, mais il doit s’assurer d’être toujours en mesure d’en expliquer les raisons à tout le monde, de la même façon. Pour cela, il est crucial d’être honnête envers soi-même.

Quant aux valeurs éthiques qu’il défend au quotidien dans la mission qui lui est confiée, Robert Leblanc se réfère en premier lieu à la doctrine sociale de l’Eglise, et place la dignité au-dessus de tout, tout particulièrement face à des interlocuteurs avec lesquels il est en profond désaccord. Même dans des discussion musclées avec certains syndicalistes, le fait de garder à l’esprit que nous avons la même dignité est une véritable clé qui nous aide à nous comporter très différemment, explique-t-il. 

La deuxième valeur qui le guide est celle de la liberté. En tant que dirigeant d’entreprise, il encourage les individus à se sentir libres de prendre des initiatives, sans se laisser paralyser par la peur d’échouer, rappelant dès qu’il en a l’opportunité que l’erreur ne tue point.  
Enfin, l'ex-président de l’EDC a affirmé être un fervent adepte du bonus collectif : s'il n’est en rien opposé au bonus individuel, il souligne néanmoins qu’il est important que ceux qui accomplissent des performances gardent à l’esprit que sans les personnes qui se trouvent en bas de l’échelle, ils n’auraient jamais pu y parvenir. 

Interrogé par Aleteia en marge de la conférence, Robert Leblanc est par ailleurs revenu sur le fameux pacte de responsabilité proposé par François Hollande le 31 décembre dernier. S’il se réjouit que le gouvernement comprenne que le salut de la France passe par la santé des entreprises, il n’est toutefois pas convaincu par le terme de “pacte” car il ne s’agit pas selon lui de donnant-donnant: “Aux EDC, nous avons pris l’initiative d’un manifeste pour l’emploi des jeunes il y a bien longtemps, nous n’avons pas attendu des mesures gouvernementales pour décréter qu’il fallait agir. Pierre Gattaz n’a pas attendu le pacte pour créer son fameux pin’s à un million d’emplois. À présent, le gouvernement annonce qu’il faut baisser les charges. Baissez-les donc, pas besoin de contrepartie ! Il faut que chacun aille de l’avant, que le dialogue se poursuive dans un esprit de convergence, et non dans une logique de pacte, où il y a du donnant-donnant”.

Le chef d'entreprise se dit par ailleurs très sensible au message du Pape et à son attention envers les plus pauvres, notamment lorsqu’il déplore qu’une baisse de 2 points de la bourse nous choque plus qu’une vieille femme qui meurt dans la rue: “Il nous faut constamment avancer en nous demandant ce que nous pouvons faire pour agir autrement et pour autrui, mais avec ce message en tête. Il ne faut pas perdre de vue que le libre échange n’empêche pas d'aider les pauvres, loin s’en faut, poursuit-il. En Chine il y avait bien plus de pauvres sous le régime communiste que depuis qu’elle est capitaliste. Et je ne parlerai pas du Régime Soviétique. Cela n’a fait de bien à personne. La preuve que le système qui produit le plus de richesses dont on a besoin est un système libéral est faite concrètement. Nous avons besoin de richesses. Je suis opposé à ceux qui disent que l’on n’a plus besoin de croissance dans un pays comme la France. Quand vous voyez le nombre de logements dont on manque en ce moment : les construire, ce serait de la croissance. De fait, nous n’avons pas trouvé les bons mécanismes pour que la croissance ait lieu, mais nous en avons besoin. Nous n’aurons jamais fini d’avoir besoin de croissance !”

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