Sur Facebook, des iraniennes posent sans voile en signe de protestation contre la loi qui les oblige à le porter. La page qui leur est consacrée s’achemine vers les 175000 « likes ».
15/05/14
Elles posent sans voile sur des photos et les partagent sur Internet. Un acte doublement subversif en Iran, où le voile et des vêtements amples sont imposés aux femmes et où l’utilisation de Facebook est interdite. Les contrevenantes multiplient les photos et témoignages comme « je sens enfin mes cheveux jouer librement dans le vent » ou « pour un étranger, le voile peut sembler être un détail, mais c’est une question de principe ! ». Des accents contestataires, confirmés par la journaliste iranienne Masih Alinejad, exilée au Royaume-Uni, qui a lancé le mouvement en postant une photo avec le hashtag (mot-clé) #stealthfreedom qui se traduit par « liberté furtive ».
Le voile, traditionnellement porté par une partie de la population féminine iranienne a été rendu obligatoire quelques années après la révolution islamique de Khomény, en 1979. Progressivement, il a été imposé d’abord dans les structures de l’état, puis à toutes les femmes, quelle que soit leur religion, dès l’age de 9 ans. La peine prévue par la loi en cas de non port du voile est de 60 jours de prison et de 70 coups de fouet.
Mais une iranienne interrogée par Aleteia modère ce tableau : " l’Iran change, il ne faut pas le voir avec les catégories du passé ", explique-t-elle. Si en théorie, le bâton et la prison sont dans les textes, dans les faits ils sont de nos jours commués en rappel à la loi ou en peine d’amendes. Ensuite, la loi est interprétée plus libéralement que dans les années 80. Aucune femme ne sort sans voile, mais elle peut laisser voir ses cheveux sans que personne ne s’en émeuve plus.
Le régime semble dépassé par la sévérité de ses lois, devenues inapplicables dans les faits. Ainsi cette campagne qui remporte un grand succès prouve que l’interdiction de Facebook n’est pas franchement effective : les iraniennes savent très bien la contourner ! Pour comble, au sein du gouvernement lui même, certains ministres disposent d’un compte Facebook.
Le gouvernement actuel de Hassan Rouhani, plus modéré que son prédécesseur Ahmadinejad, n’a pas le pouvoir de changer les textes. Ceux-ci sont votés par le Parlement iranien. Encore très conservateur, il pourrait changer de visage lors des prochaines élections de 2015. Est-ce à dire qu’il pourrait revenir sur la loi concernant le voile ? Peu de chance, mais les choses évoluent. Ces lois choquantes héritées de la Révolution islamique contredisent la liberté individuelle, mais, paradoxalement, l’Iran est aussi l’un des pays où les hommes comme les femmes atteignent les plus hauts niveaux d’étude, devançant sur ce plan la plupart de ses voisins, sans parler de la péninsule arabique !