Protéger les frontières et uniformiser les règles d’entrer et d’accueil dans les 28 pays membres de l’Union Européenne, c’est une urgence politique et véritablement humanitaire.13/05/2014
Une tribune de Matteo Ghisalberti *
(légende photo : sauvetage d'immigrés clandestins au large de Lampedusa)
L’arrivée de l’été dans le sud de l’Europe, n’est pas seulement synonyme de vacances mais aussi de débarquements de clandestins. Ces derniers jours, l’île italienne de Lampedusa et l’enclave espagnole de Melilla, en Afrique du nord, ont été le théâtre de l’arrivée massive d’immigrés clandestins.
La situation risque à nouveau de devenir explosive car, d’un côté, on craint de nouvelles hécatombes comme celle de l’été 2013 (qui avait même amené le pape François à se rendre sur l’Ile au sud de la Sicile), de l’autre, on redoute la montée des partis populistes qui font de ‘l’urgence immigration’ leur fonds de commerce.
Personne ne veut nier le problème mais ce n’est pas avec la démagogie qu’on peut le résoudre. Il faut d’abord que les états de l’Union Européenne s’accordent pour exprimer d’une voix leur position vis-à-vis des pays d’où viennent ces flux migratoires. Ensuite, il faut qu’on arrête de considérer la question seulement du côté humanitaire car il s’agit plutôt d’un sujet d’ordre public.
En effet, il ne faut pas oublier que ces flux d’immigrés sont pilotés par des réseaux mafieux pour lesquels les vies de ces personnes ne valent rien, et qui profitent de leur état de détresse pour conditionner les institutions démocratiques des pays de destination.
Pour faire face à ces menaces intolérables et pour souligner l’attachement au valeur de la dignité humaine, les états de l’UE devraient commencer à agir de façon compacte d’abord en protégeant ensemble les frontières externes et, ensuite, en appliquant les mêmes règles d’entrée et d’accueil dans tous les 28 pays.
Il existe déjà des outils juridiques et même des institutions qu’on pourrait mieux utiliser. C’est le cas de l’Agence Frontex qui a pour mission l’amélioration du contrôle des frontières extérieures de l’Union. Son champ d’action reste limité, car les Etats membres de l’UE ont la responsabilité légale du contrôle des frontières extérieures.
Le problème c’est que les frontières des 28 états UE ne sont pas toutes égales donc la possibilité concrète de les contrôler varie beaucoup d’un pays à l’autre. En outre, si on n’applique pas de la même façon les règles d’accès et d’accueil, les réseaux mafieux orienteront les flux de clandestins vers les pays où il est plus facile d’entrer. Enfin on ne doit pas oublier que même à l’intérieur de l’UE il existe des possibilités d’expulsion entre les états membres.
Il est évident qu’on ne peut pas en abuser mais leur application ‘réfléchie’ pourrait servir à affirmer une fois pour toutes que les citoyens UE peuvent aller où ils veulent dans l’Union mais qu’ils ne doivent pas s’installer dans tel ou tel pays seulement pour profiter de son système social et ne rien lui apporter en échange. En effet l’Europe se construit à travers l’intégration, et l’intégration s’obtient par le biais de l’acceptation des règles des pays d’accueil. En d’autres termes, on doit vouloir s’intégrer.
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