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Nigéria : Boko Haram sent-il le vent du boulet ?

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Philippe Oswald - publié le 12/05/14
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En prétendant vouloir libérer certaines filles contre la libération de membres de sa secte, le chef de Boko Haram fait un pas en arrière, peut-être dû à la mobilisation internationale. Mais sauver les lycéennes reste un pari risqué.12/05/2014

Aboubakar Shekau, le fou furieux exalté qui dirige Boko Haram, a mis un peu d’eau dans son vin dans une nouvelle vidéo diffusée lundi 12 mai. Il parle de libérer les non-musulmanes (les autres, musulmanes ou « converties », étant devenues des « sœurs »,) mais exige en échange la libération de membres du groupe islamique emprisonnés au Nigéria. Au moins, il ne parle plus de vendre les lycéennes comme esclaves ou de les marier de force, comme dans sa précédente vidéo (diffusée le 5 mai).
La nouvelle vidéo montre certaines de ces malheureuses, rapporte le Monde : « …on peut voir une centaine d’adolescentes portant un voile couvrant tout leur corps, en train de prier dans un lieu non identifié. Trois d’entre elles sont interrogées : deux disent qu’elles étaient chrétiennes et se sont converties à l’islam, alors que la troisième déclare qu’elle était déjà musulmane. L’une des filles affirme, le regard fuyant et visiblement sous la contrainte, que les captives ne sont pas maltraitées. »
Rappelons que Boko Haram détient 223 des 276 lycéennes enlevées le 14 avril à Chibok, dans l’Etat de Borno (nord-est), majoritairement chrétien. Une cinquantaine ont réussi à s’échapper – certaines ont témoigné des circonstances de leur évasion (cf. TF1).
 Le ministère de l’intérieur nigérian a refusé le chantage, assurant qu’il « n’est pas question d’échanger une personne contre une autre ». « Ce n’est pas à Boko Haram et aux insurgés de poser leurs conditions », a déclaré un porte-parole.

Le chef de Boko Haram aurait-il été tant soit peu impressionné par la mobilisation internationale ? Suivant les Etats-Unis, le Royaume Uni et la France ont déjà envoyé des « experts » pour aider les forces de sécurité nigérianes à retrouver les captives. Israël a également proposé les services de ses agents dont on sait la redoutable efficacité. Même la Chine a offert son aide. Proposé par François Hollande, un sommet sur la sécurité au Nigeria  devrait rassembler samedi prochain à Paris, autour du président de la République, les dirigeants d’au moins cinq pays africains : le Nigeria et quatre de ses voisins, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin.
Commentant cet appui de la communauté internationale, le président nigérian Goodluck Jonathan s’est dit « très optimiste » sur l’opération de recherche en cours. Cet optimisme semble excessif ou prématuré. Il n’efface pas en tout cas les critiques contre l’incurie gouvernementale, ou pire, les soupçons de connivences avec Boko Haram au sein même des forces militaires.

Un rapport d’Amnesty International affirme que l’armée avait été informée de l’imminence d’une attaque de Boko Haram contre le lycée de Chibok le 14 avril, mais n’avait pas réagi. Est-ce seulement faute de moyens ? Elle est pourtant réputée être bien équipée. Harold Hyman, journaliste et spécialiste de géopolitique sur BFMTV,  évoque de possibles complicités. Selon lui, le caricatural Aboubakar Shekau serait une marionnette. D’autres que lui tirent les fils pour se partager les rançons : « Déjà certains ministres nigérians disent publiquement que les hauts gradés de Boko Haram, autres que Shekau, sont instruits, anglophones, et parfois diplômés de l’enseignement supérieur. Si l’on rajoute à cela le fait que la préparation du rapt des collégiennes avait été décelée par des observateurs, et relayée à la police; que seuls 17 policiers étaient en attente( …) bref, si je poursuis l’hypothèse, l’appareil de sécurité n’a pas voulu perturber le rapt. Conclusion: l’appareil de sécurité et certains éléments du pouvoir sont complices. La vente des filles serait une manière de faire émerger des rançons… »
Et Harold Hyman d’avertir : «  Si les Occidentaux venaient aider les autorités nigérianes, qu’ils regardent bien où ils mettent les pieds… »
 
 REJOINDRE LA CHAINE DE PRIERE POUR LES JEUNES FILLES ENLEVEES AU NIGERIA
 
 

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