En revendiquant l’enlèvement de 239 lycéennes, majoritairement chrétiennes, et en annonçant qu’elles seraient vendues comme esclaves « au nom d’Allah », les islamistes de Boko Haram suscitent une vague d’indignation mondiale, Etats-Unis en tête.(légende photo : manifestation de soutien aux jeunes filles enlevées et à leurs familles).
Plus encore qu’en multipliant les attentats sanglants contre des écoles, des églises, des mosquées et des symboles de l’Etat et des forces de l’ordre – auxquels le monde s’est hélas habitué-, les islamistes de Boko Haram ont frappé les imaginations en enlevant 276 lycéennes le 14 avril dans leur établissement scolaire de Chibok dans l’Etat de Borno, dans le nord-est du Nigéria (cf. Aleteia). 223 de ces adolescentes âgées de 12 à 17 ans sont toujours en captivité, 53 ayant réussi à s’enfuir, selon la police (cf. Le Monde ).
90% de ces lycéennes sont des chrétiennes, selon le calcul réalisé par le International Christian Concern qui confirme l’information donnée précédemment par Aleteia. «L’école secondaire de Chibok qui a subi cette attaque d’une centaine d’hommes armés de Boko Haram dans la nuit du 14 avril dernier, n’est pas confessionnelle mais publique, toutefois la ville de Chibok est, à une écrasante majorité, chrétienne. Il semble clair pour des observateurs lucides que cet établissement à été ciblé – alors qu’il existe beaucoup d’autres écoles pour filles dans l’État de Borno, qui ne scolarisent que des élèves musulmanes – précisément parce qu’il scolarisait essentiellement des chrétiennes», explique l’Observatoire de la christianophobie, qui relaie cette information venue des Etats-Unis.
En annonçant que ses captives seraient réduites en esclavage, certaines « mariées », d’autres vendues « au nom d’Allah », le chef de Boko Haram a provoqué une onde d’indignation à travers la planète, notamment aux Etats-Unis où la question de l’esclavage est des plus sensibles. Dans une vidéo particulièrement provocante où il s’exprime en haoussa, en arabe et en anglais, le chef de la milice Boko Haram, Abubakar Shekau, dans une mise en scène militaire à la Al-Qaïda, proclame : « J’ai enlevé vos filles…Je vais les vendre au marché, au nom d’Allah », précisant que certaines seront gardées « comme esclaves » et d’autres « mariées » – lui-même se vantant de s’adjuger deux « épouses » parmi les plus jeunes.
Le tout précédé d’un long préambule en forme de diatribe contre la démocratie, l’éducation occidentale (Boko Haram signifie : « l’éducation occidentale est un danger » en langue haoussa) et ceux qui ne croient pas en l’islam. «J’ai dit que l’éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter l’école et vous marier».
« Depuis plusieurs jours, rappelle Le Figaro, des rumeurs affirmaient que les adolescentes enlevées, âgées de 12 à 17 ans, avaient été transférées au Tchad et au Cameroun, puis vendues pour dix dollars. » Cette vidéo que l’Agence France-Presse s’est procurée le 5 mai confirme donc cette sinistre rumeur.
Outre ce coup d’éclat, Boko Haram multiplie les attentats depuis le début de l’année, notamment dans la capitale fédérale Abuja, les 14 avril et 1ermai, où une centaine d’habitants ont trouvé la mort, ce qui démontre que l’ensemble du pays est désormais menacé. C’est à Abuja que doit s’ouvrir dans quelques jours le "Davos africain", le "Forum économique pour l’Afrique » : un « timing » qui n’a évidemment pas échappé aux terroristes.
Dans le nord du Nigéria, en particulier dans l’État de Borno, fief de la secte, Amnesty International a recensé plus de 1500 morts depuis janvier. Ces derniers jours encore, un raid de miliciens de Boko Haram, à bord de véhicules blindés, a détruit la ville de Gamboru Ngala, dans le nord-est, à la frontière camerounaise. Les habitants qui n’ont pas eu le temps de fuir, ont été massacrés.
Bien que la guerre menée par Boko Haram contre le Nigéria ait déjà plus de cinq ans, la mobilisation contre la secte islamique est plus forte que jamais dans le pays depuis ce rapt massif. Les manifestations se succèdent depuis trois semaines pour dénoncer l’incurie du gouvernement et soutenir les familles des jeunes victimes (la dernière en date à Lagos, la principale métropole du pays, le 5 mai). Les parents qui enchaînent les manifestations rencontrent une solidarité inédite, une campagne intitulée «Bringbackourgirls » (« ramenez nos filles ») prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux, mettant le gouvernement sur la sellette. L’enlèvement d’autant de lycéennes dans leur établissement scolaire et l’incapacité de l’armée à les localiser depuis trois semaines démontre l’impuissance des autorités dans la lutte contre Boko Haram.
Dans une intervention télévisée, le président Goodluck Jonathan a déclaré qu’il avait appelé à l’aide les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et la Chine ainsi que les pays voisins : Cameroun, Tchad, Niger et Bénin, vers lesquels les jeunes filles « ont probablement été déplacées » selon la porte-parole de la diplomatie américaine Marie Harf. Le président nigérian a assuré qu’il avait déjà eu deux entretiens téléphoniques avec Barack Obama.
Les Etats-Unis qui disposent évidemment des moyens de loin les plus puissants sont aussi particulièrement sensibles à tout ce qui évoque l’esclavage. Ils fournissent déjà des renseignements pour assister l’armée nigériane et ont promis, par la bouche du secrétaire d’Etat américain John Kerry, qu’ils feraient « tout ce qui est possible » pour aider le Nigeria dans cette affaire. L’enjeu n’est évidemment pas seulement humanitaire : le Nigeria (170 millions d’habitants) est le premier pays producteur d’Afrique sub-saharienne. La répartition des revenus du pétrole y est une source permanente de conflits. Dans une précédente vidéo, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, avait menacé, de s’attaquer à la région pétrolifère du sud du Nigeria (cf. Le Monde)
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