Dans les sobres paroles du pape François, la clé de lecture pour comprendre les canonisations de ses deux prédécesseurs.
28/04/14
« Jean XXIII et Jean Paul II ont collaboré avec le Saint-Esprit pour restaurer et actualiser l’Eglise selon sa physionomie d’origine, la physionomie que lui ont donnée les saints au cours des siècles. N’oublions pas que ce sont, justement, les saints qui vont de l’avant et font grandir l’Église ». Telles sont les paroles prononcées par le pape François dans l’homélie de la messe de canonisation des deux papes Jean XXIII et Jean Paul II (cf. Aleteia).
Des paroles sobres à l’image d’une Eglise que le pape François veut sobre, non triomphante, centrée sur l’essentiel : la bonté de Dieu, la miséricorde, le pardon, la proximité… dont les deux papes ont témoigné tout au long de leur existence, redonnant au peuple de Dieu « l’espérance et la joie » qu’ils « ont reçues en don du Seigneur ressuscité », et pour lesquelles ils viennent de recevoir « la récompense éternelle ».
« Alors ceux qui attendaient l’exaltation du rôle historique qu’ont joué ses deux prédécesseurs élevés à la gloire des autels en ont été pour leurs frais », commente le vaticaniste italien de la Stampa Andrea Tornielli sur le site Vatican Insider, au lendemain de la cérémonie.
Et il poursuit (en italien traduit par nos soins ) : « …François a lié leur témoignage, et donc aussi les raisons de la double sanctification, à l’essentiel de la vie chrétienne de ces deux témoins qui « n’ont pas eu honte de la chair du Christ, ils ne se sont pas scandalisés de lui, de sa croix; ils n’ont pas eu honte de la chair du frère, parce qu’en toute personne souffrante ils voyaient Jésus. Ils ont été deux hommes courageux, remplis de la liberté et du courage (parresia) du Saint Esprit, et ils ont rendu témoignage à l’Église et au monde de la bonté de Dieu, de sa miséricorde ».
La bonté de Dieu, la miséricorde, le pardon, la proximité. Tel est l’enseignement que François tire de ses deux prédécesseurs. Et c’est l’image d’une Eglise à des années-lumière des projets d’hégémonie culturelle, des stratégies d’occupation des espaces, de la réaffirmation identitaire, des visions mystifiantes des Papes qui arrêtent les guerres ou renversent les murs, des nostalgies de plus en plus auto- référentielles de ceux qui ont mis en cage la foi, l’enfermant dans des schémas rigides du type «law & order».
Et Andrea Tornielli de conclure : C’est l’image d’une communauté dans laquelle « se vit l’essentiel de l’Évangile, c’est-à-dire l’amour, la miséricorde, dans la simplicité et la fraternité ». Et c’est à ceci que ce Pape ‘venu du bout du monde’ tend et voudrait montrer et promouvoir comme perspective à adopter lors des prochains synodes dédiés à la famille. « Que tous deux – a conclu François – nous apprennent à ne pas nous scandaliser des plaies du Christ, et à entrer dans le mystère de la miséricorde divine qui toujours espère, toujours pardonne, parce qu’elle aime toujours ».
Lire l’article d’Andrea Tornielli traduit par Elisabeth de Lavigne
A lire également sur Aleteia : « La canonisation s’applique à la personne, pas au pontificat » et « La canonisation : quel symbole pour l’Eglise »