Le choix de Laurence Rossignol comme secrétaire d’Etat à la Famille et aux Personnes âgées est un signal d’alarme pour les défenseurs de la famille et de la filiation.
11/04/2014
Certes, le gouvernement Valls se veut « tout économique » et a incontestablement du grain à moudre en la matière. Mais aurait-il renoncé pour autant à poursuivre les bouleversements sociétaux du gouvernement Ayrault ?
La nomination de Laurence Rossignol, sénatrice de l’Oise, comme secrétaire d’Etat à la Famille et aux Personnes âgées est un signal d’alarme pour les défenseurs de la famille, du moins ceux qui connaissent son parcours et ses prises de position : venue de la Ligue communiste révolutionnaire, elle se situe à gauche dans le PS, et ses prises de position sont celles d’une féministe radicale, notamment dans le débat autour de la théorie du genre. L’avoir choisie à ce poste apparaît comme une « provocation » pour le député UMP Hervé Mariton : «Elle s’exprime très clairement comme porte-parole de la gauche dure, poursuit Hervé Mariton. Elle est par exemple défavorable aux droits familiaux de retraite des pères. Et elle a déposé des textes provocateurs…» explique-t-il au Figaro.
Du côté de la Manif pour tous, on se souvient de l’active participation de Laurence Rossignol à la polémique sur la théorie du genre avec notamment cette petite phrase : «les enfants n’appartiennent pas à leurs parents». A la lettre, c’est exact : ils ne sont pas leur propriété. Mais on voit bien qu’en arrière-plan, c’est la question du « premier éducateur » qui est en jeu : les parents ou l’Etat ?
Les mois à venir verront si des associations « en pointe », telle que l’Association des Parents et futurs parents Gays et Lesbiens (APGL), auront ou non l’oreille de la nouvelle secrétaire d’Etat sur la PMA, la GPA, la « pluriparentalité », le statut du beau-parent…ou si au contraire la Manif pour tous parvient à ce que le gouvernement renonce à l’adoption pour les couples de même sexe.
Pour l’heure, l’exécutif marche sur des œufs ou avance masqué. Après avoir retiré la loi Famille le 3 février, dès le le lendemain de la Manif pour tous, il a dissimulé jusqu’aux municipales le rapport « Filiation, origines, parentalité » que Dominique Bertinotti, à laquelle succède Laurence Rossignol, avait commandé à la sociologue Irène Théry. On comprend pourquoi : « la PMA était bien prévue, la GPA en embuscade », explique Famille Chrétienne : « ce texte … évoque clairement l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de même sexe et la reconnaissance de la filiation des enfants nés par gestation pour autrui (GPA) à l’étranger, malgré les dénégations de Dominique Bertinotti et de Claude Bartolone. » Or ce sont là « …deux changements dont François Hollande ne voulait plus entendre parler :… une véritable révolution du droit de la famille » commente Le Monde. En résumé, il s’agissait de « faire famille » de toutes les façons imaginables, y compris par la PMA avec donneur, car, lit-on dans ce rapport, « ces engendrements à trois n’ont rien de honteux ».
Pourtant ce texte explosif qui gêne le Président de la République n’est pas pour autant déminé, si l’on en croit Le Monde : « … certaines de ces mesures ont trouvé un débouché dans le texte d’origine parlementaire sur l’autorité parentale dévoilé jeudi 3 avril. Une autre proposition de loi portée par les sénateurs socialistes, est attendue au sujet de l’adoption. Le texte pourrait donc continuer à inspirer les parlementaires. »
L’appaisement voulu par François Hollande et annoncé par Manuel Valls pourrait donc être de courte durée.