Parmi les nominations faites à l’occasion du remaniement, celle de Harlem Désir comme secrétaire d’Etat aux Affaires européennes est des plus contestées.10/04/2014
Il est celui des 14 nouveaux secrétaires d’Etat dont la nomination risque de fâcher encore davantage les Français avec la politique. Jusque dans les rangs du Parti socialiste, « l’exfiltration » aux Affaires européennes de l’ancien patron du PS ne « passe » pas.
Très critiqué comme Premier secrétaire du Parti socialiste, tenu à tort ou à raison par nombre de socialistes comme l’un des grands responsables de leur défaite aux élections municipales, l’ancien patron de SOS-Racisme a été recasé aux Affaires européennes, ce que chacun perçoit comme un baromètre de l’estime dans laquelle l’Elysée et Matignon tiennent l’Europe. Ce n’est pas non plus une promotion pour l’intéressé puisqu’il n’y a pas d’autre exemple qu’un Premier secrétaire du PS socialiste ait été rétrogradé au rang de secrétaire d’Etat : tous ses prédécesseurs (Mitterrand, Jospin, Mauroy, Fabius, Rocard, …Hollande) n’avaient quitté leur poste que pour être propulsés à des fonctions ministérielles, souvent celle de premier ministre…deux d’entre eux s’étant hissés finalement à la tête de l’Etat.
« L'opposition s'étonne de cette «promotion-sanction» pour celui qui, au sein du PS, a été désigné comme l'un des artisans de l'échec aux municipales. En interne aussi, certains cadres du PS voient dans ces manœuvres un «déni de démocratie», alors que le nom de Jean-Christophe Cambadélis, rival malheureux de Désir en 2012, a été «proposé» pour prendre sa suite » résume Le Parisien.
Chacun a compris que l’Elysée entend désormais piloter la rue de Solferino via Jean-Christophe Cambadélis. Le Conseil national du PS qui doit procéder la semaine prochaine à l’élection du nouveau Premier secrétaire s’annonce des plus houleux, d’autant que Cambadélis (auquel Désir avait été préféré par Hollande en 2O12) n’a pas depuis ménagé ses critiques contre son camp.
Manuel Valls a défendu cette nomination de Harlem Désir – « c’est un atout »- en rappelant qu’il avait été député européen et même vice-président du parlement européen. Mais son assiduité à Bruxelles et à Strasbourg fut des plus médiocres : « Selon le site votewatch.eu, qui recense l'assiduité des parlementaires européens, Harlem Désir n'a participé qu'à 50,15% des votes de l'assemblée européenne (752e sur 766). Il a posé 14 questions parlementaires (601ème) et n'a amendé que 12 rapports (660e). Seuls points positifs: il a réalisé 26 propositions de résolutions (212ème) et rédigé une déclaration écrite (263ème) » admet Le Figaro.
Enfin, le passé judiciaire de l’ancien président de SOS Racisme, condamné en 1998 à 18 mois de prison avec sursis et 30.000 euros d’amende pour «abus de bien social», refait surface. Elle apparaît en contradiction avec une des promesses de François Hollande observe 2O minutes : « A peine élu, François Hollande annonçait pourtant dans un entretien au Journal du Dimanche: «Je n’aurai pas autour de moi à l’Elysée des personnes jugées et condamnées.» Et d’insister: «Vous pourrez me rappeler cette déclaration si je venais à y manquer…» Voilà qui est fait. »
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