Une centaine d’habitants ont été arrêtés à Pyongyang pour « servir d’exemple et d’avertissement » à l’égard de ceux qui seraient en contact avec des groupes religieux à l’étranger.
10/04/14
On le savait : le régime de Kim Jong-Un – héritier du défunt Kim Jong Il – fait régner un climat de terreur dans le pays. Depuis l’exécution de son oncle et ancien numéro 2 du régime, Jang Song-thaek, le qualifiant de «traître» malgré sa grande influence jusqu’à il y a peu, la presse internationale, surtout sud-coréenne, ne cesse de rapporter des cas d’arrestations, de disparitions et d’exécutions publiques. (cf. Aleteia du 06/12/2013 et Aleteia du 21/02/2014)) .
Mais d’après l’agence Asianews, le régime a décidé de donner un coup d’accélérateur à sa campagne de terreur en arrêtant ces jours-ci une centaine d’habitants de la capitale, Pyongyang, accusés de présumés « contacts illégaux avec des groupes religieux en Chine », dans le seul objectif d’« entretenir à un haut niveau la peur et d’empêcher tout contact qui puisse mettre en danger la stabilité du gouvernement », rapportent des sources locales au DailyNK, un site qui suit de très près l’évolution de la situation dans le pays.
Selon « des sources fiables », précise Asianews, le régime de Kim Jong-Un veut « frapper le plus fort possible » ceux qui se rapprochent de la religion, « de façon à faire d’eux des exemples à ne pas suivre pour tous les autres ». Un habitant de la capitale, qui a préféré gardé l’anonymat, rapporte qu’au cours de ces derniers mois le gouvernement a condamné une trentaine de personnes aux travaux forcés pour « leur engagement au sein d’activités religieuses », et que le gouvernement a la volonté de persister dans cette voie.
Toutes les personnes arrêtées s’étaient rendues en Chine et, selon les autorités, auraient été en « contact étroit » avec les Églises protestantes sur place qui aident les réfugiés et les nord coréens en général, chose formellement interdite par l’Etat même si la liberté religieuse « est garantie » (mais non appliquée dans les faits) par la Constitution, celui-ci estimant que ce genre de contacts avec « des membres de groupes religieux étrangers » ne vise qu’un objectif : « déstabiliser le gouvernement de Pyongyang ».
Selon les sources recueillies par Asianews, cette campagne contre toute forme de religiosité «se poursuit depuis un certain temps » : tout le monde a peur de parler d’une éventuelle visite effectuée en Chine, voire même lorsqu’il s’agit d’aller trouver un parent qui vit à l’étranger depuis des décennies.
En Corée du Nord, rappelle Asianews, seul le culte du leader est permis : Kim Jong-il et avant lui, son père, Kim Il-sung. Le régime a toujours tenté d’entraver la présence religieuse, en particulier celle des bouddhistes et des chrétiens, et oblige les fidèles à s’inscrire dans des organismes contrôlés par le parti. Ceux qui ne le feraient pas, ou pratiqueraient une quelconque activité missionnaire, sont victimes de violentes persécutions. Depuis l’instauration du régime communiste, en 1953, plus de 300 000 chrétiens ont disparu en Corée du Nord, et il n’y a plus ni prêtres ni sœurs, probablement tués durant ces persécutions.