Il y a un an, les Veilleurs venaient ajouter un supplément d’âme au mouvement contre la loi Taubira. Mardi soir, ils seront là, dans plus de 70 villes à travers la France.
08/04/14
Le mouvement des Veilleurs, c’est avant tout l’histoire d’une émotion. Une émotion née au gré de la contestation historique contre la loi dite du "mariage pour tous". Car si la mobilisation à ce sujet à travers la France aura été historique, les crispations et la répression qu’elle aura suscitées le furent tout autant.
Que restera-t-il du quinquennat de François Hollande quand l’histoire le jugera ? Sans doute la Manif pour Tous et les Veilleurs. C’est dans un contexte tendu, agressif, voire haineux à l’égard de celles et ceux qui ont manifesté contre ce texte, traités pêle-mêle de réactionnaires, de ringards, d’homophobes, de factieux, d’ennemis du progrès, voire d’anti-républicains et balayés d’un geste d’un dédaigneux "nous valons mieux que vous", que les Veilleurs ont fait leur apparition, le 16 avril 2013 au soir, place des Invalides.
Leur approche se voulait à la fois pacifique, réfléchie, et déstabilisante à l’égard des forces de l’ordre. Ici, pas de slogan, pas de manifestation, juste des veillées autour de textes clés, le souhait de répondre au bruit et aux invectives par la réflexion en place publique. Bref ajouter un supplément d’âme au débat et au combat politiques, approfondir la prise de conscience d’une véritable responsabilité individuelle, personnelle, de chaque citoyen au sein d’une société en manque de repères dévorée par le tout à l’ego.
En novembre 2013, la Communauté du Chemin Neuf a voulu leur rendre hommage en réalisant le film "Les Veilleurs", via le réseau international Net for God:
Dans le Figarovox du 8 avril, l’un des fondateurs des Veilleurs, Axel Noorgard Rokvam, revient sur un an de mobilisation : "Veiller, c’est sortir de son confort idéologique pour affronter la réalité. «Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu», écrivait Hélie de Saint-Marc. La veillée est une main tendue à la société, un risque que le veilleur prend en donnant une part de lui-même, qu’il s’agisse d’un témoignage, d’une pensée philosophique, d’un talent musical ou d’une présence attentive. Les veillées ont le souci d’éveiller les consciences et de mener à l’engagement personnel par le biais de la rencontre. Nous espérons que naissent des liens entre les personnes présentes, ou au-delà, avec ceux qui nous ignorent et nous voient ou ceux qui nous connaissent et ne nous comprennent pas."
Aujourd’hui, le mouvement des Veilleurs a essaimé dans une cinquantaine de villes à travers le France. Au total, plus de 3000 veillées se sont déroulées dans 200 villes à ce jour, sans oublier l’Espagne et l’Italie, qui se sont jointes au mouvement. Chaque ville agit en toute autonomie, mais, exceptionnellement, le mouvement a proposé, à l’occasion de son premier anniversaire, que toutes les villes organisent une veillée simultanément le mardi 8 avril au soir. Une belle façon de marquer une année de lutte et de réflexion pacifique. Mardi soir, à Paris, le thème de la veillée place Saint- Michel sera «Culture et démocratie». Rien de très factieux, n’en déplaise au nouveau premier ministre…
À noter la sortie le 10 avril prochain d’un livre de 196 pages, tout simplement baptisé Veilleurs, associant plus de 200 photos aux textes lus lors des veillées. Il retrace l’histoire d’un an de veillées, depuis ce premier soir, le 16 avril 2013, place des Invalides. Imprimé en France, il est à réserver en cliquant sur ce lien.