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Loi anti-prostitution : une vrai chance de s’en sortir ?

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Sylvain Dorient - publié le 05/04/14
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Que vaut ce texte ? Thierry des Lauriers, le directeur général d’Aux captifs la libération le commente pour Aleteia.05/04/2014

La dernière « loi anti-prostitution » proposée par le cabinet de Najat Vallaud-Belkacem a fait rugir en son temps les « 343 salops ». Votée le 4 décembre dernier, elle sera bientôt examinée par le Sénat. Thierry des Lauriers, le directeur général d'Aux captifs la libération a bien voulu l'examiner pour Aleteia. Fort de l’expérience de son association – quotidiennement au contact avec la réalité de la prostitution – il se montre satisfait des grandes lignes de la loi.

Aleteia : La loi anti-prostitution a provoqué un tollé lors de sa proposition l’été dernier, on l’a accusé d’être liberticide, anti-hommes. Comment l’expliquez-vous ?
Thierry des Lauriers : Leur argument, c’est qu’il n’y a pas de raison de s’opposer à un échange librement consenti du sexe contre de l’argent. Cela ne regarde pas l’Etat. J’accepte que l'on puisse émettre ce point de vue, mais il traduit une méconnaissance de la réalité. Parmi les personnes prostituées que nous rencontrons, seules cinq à dix pour cent affirment faire ce métier par choix. Les autres ne peuvent pas en sortir à cause d’un réseau qui les surveille, à cause de leur précarité, à cause de leus blessures psychologiques, à cause de leur situation irrégulière… Les premières sont les plus visibles, on les trouve dans le syndicat des travailleuses du sexe, le STRASS, elles font beaucoup de bruit, et elles cachent les autres, celles qui n’ont pas vraiment choisis et qui veulent sortir de la prostitution.

Aleteia : Concrètement qu’est-ce que cette loi va apporter ?
Thierry des Lauriers : Cette loi facilite la possibilité de s’engager dans un parcours de sortie de prostitution. Elle prévoit aussi une sensibilisation des clients et du grand public. Pas suffisamment, il faudrait aussi proposer des formations spécifiques aux travailleurs sociaux ainsi qu’aux personnes susceptibles de tomber dans la prostitution. Evidemment, il reste le problème du financement de ces mesures. La fin du délit de racolage passif est un autre point positif. Ce délit est en quelque sorte une double peine pour les personnes prostituées  : elles se retrouvent non seulement victimes de la prostitution mais aussi victimes de la loi.  

Aleteia : L’un des problèmes que vous dénoncez est la précarité administrative des prostitués, cette loi va-t-elle changer les choses ?
Thierry des Lauriers :
oui, dans un cas précis. Jusqu’à présent, l’Etat français ne propose à une personne prostituée sans papier la naturalisation française que si elle dénonçe son réseau. Ce n’est pas évident… Durant l’année 2013, nous avons eu la joie de voir quatorze jeunes filles sortir de la prostitution, mais seules deux ont bénéficié de cette possibilité, les autres ont trouvé un autre moyens d’être régularisées ou travaillent au noir. Avec cette nouvelle loi, il sera possible de travailler pendant 18 mois légalement, grâce à un permis de séjour provisoire, avant d’être régularisées et de pouvoir commencer une vie « normale ».

 

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