Des arbres qui parlent et des robots journalistes. Les mots de David Pescovitz font ressurgir de grandes interrogations quant au rapport de l’homme à la technologie.05/04/2014
« La technologie nous parlera, elle nous donnera des indications à suivre et s’il est nécessaire, elle nous commandera ». Ce sont les paroles du futurologue David Pescovitz, directeur de recherche à l’Institut pour le futur de Palo Alto, en Californie, qui divise le monde. Car selon ces déclarations faites lors d’une interview à Lettera23.it le 1er avril, la nourriture, le travail, l’énergie, les neurosciences, les nanotechnologies et l’automatisation se présentent comme des révolutions capables de redessiner radicalement les rapports entre les êtres humains, les machines et la nature. Comment ?
Conseils et ordre
Un arbre pourra dire: “Il y a trop de pollution. Ne circulez pas en voiture pendant une semaine”. Une rue pourra avertir : “Pas par ici ! Choisissez un autre itinéraire”. Une autre rue pourra informer : “Tous les types de moyens de transport ne peuvent circuler ici, autrement il y aurait trop de bouchons “. Ou ordonner simplement : “Tu ne peux pas passer par ici“.
Plus de contrôle et moins de liberté ?
« Le danger est la création de systèmes de surveillance et de contrôle, nous avons pu déjà en avoir un avant-goût aux Etats-Unis, déclare David Pescovitz. Et le danger est assez élevé. Mais j’espère que les personnes vont surtout construire un système à même de protéger leurs droits ».
Entre artificiel et naturel
« Avec la génétique, nous allons programmer de nouvelles formes de vie qui répondent à des objectifs tout particuliers. Nous créerons, continue le directeur californien, de nouveaux types de microbes qui ne sont pas dans la nature, capables, par exemple, d’absorber les toxines de l’environnement ou de créer de nouvelles sources d’énergie renouvelables. Nous apprendrons également de la nature comment créer des choses de plus en plus intelligentes, tels que des minuscules robots capables de simuler le vol des abeilles. Ou d’escalader les murs, grâce à l’utilisation de nouveaux matériaux nés des études des geckos. Ainsi, les frontières entre nature et sciences s’effacent peu à peu et nous devrons être encore plus attentifs quant aux conséquences de nos actions sur l’équilibre de l’écosystème. »
Le robot et l’extinction du journalisme ?
David Pescovitz est certain que nous travaillerons en collaboration étroite avec des machines et nous utiliserons des robots pour améliorer nos vies et nos produits. Certains métiers risquent même de s’éteindre : le journalisme, par exemple : « l’avenir du journalisme me préoccupe, mais pas parce que les robots peuvent remplacer ce métier. Car il s’agit exactement d’un exemple de la différence entre les missions adaptées aux machines et celles adaptées aux hommes. Les hommes sont plus performants que les machines lorsqu’il s’agit d’interagir et de toucher les gens. Contrairement aux robots, les hommes ont l’intuition. Mais surtout, les êtres humains prennent à cœur les choses, à la différence des robots. Si le journalisme en tant qu’activité humaine continue, le robot ne sera pas de la partie. Car le travail journalistique est fondamental pour la démocratie. Cela signifie que réaliser des enquêtes qui permettent d’éclairer certains sujets, raconter les histoires qui doivent être entendues : le journalisme est un point central pour une société libre ».
Désir d’interactions physiques
Toujours dans cette interview, un chercheur espagnol a tiré la sonnette d’alarme : un jour, nous devrions avoir tout sur Internet, et lorsqu’il y aura un black-out, ce sera la panique totale, nous devons conserver nos relations en chair et en os… « Au-delà des possibilités de black-out – répond David Pescovitz – plus nous passons du temps dans le virtuel, plus le désir d’interactions physiques, le besoin d’objets réels, l’envie de faire des rencontres, de construire, de cuisiner, devrait croitre. Car c’est justement parce que nous passons trop de temps en « mode virtuel », que nous nous rendrons compte de ce qu’est le monde réel ».
Les facteurs du changement
Enfin, on se demande comment un jeune peut, dans notre société actuelle, préparer au mieux son futur. « En accueillant chaque opportunité qui lui permettra de découvrir et d’attiser sa curiosité, de célébrer la beauté du monde, les merveilles de la science, de la technologie, de la culture. Et en reconnaissant ce qui pourrait être possible. Car en ouvrant simplement les yeux sur le possible, on peut participer au changement et à l’avenir du monde ».
Traduit de l’édition italienne d’Aleteia par Mathilde Dehestru