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Evangélisation : tourner nos paroisses vers les périphéries

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Alex et Maud Lauriot Prévost - publié le 05/04/14
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Devenir un disciple missionnaire dans et par la paroisse implique que l’on sache « sortir du cercle » pour rayonner. Une « conversion » à laquelle nous exhorte le Pape.05/04/2014

A l’occasion des fêtes de Pâques, et alors que ce printemps marque le 1er anniversaire de l’élection de notre Pape, nous pouvons laisser résonner en nos cœurs l’appel répété du pape François adressé aux pasteurs et aux baptisés, les invitant à centrer leur ministère et leur vie baptismale sur l’évangélisation afin de rejoindre le plus grand nombre : « Ici dans nos villes, tant de gens ont besoin de cette annonce de Jésus-Christ car seul le message chrétien répond aux attentes de nos contemporains ». En effet poursuit-il, « l’Evangile est pour tous et non pour quelques-uns qui semblent plus proches ou réceptifs. Le Seigneur est à la recherche detous, même de ceux qui semblent loin, indifférents » : oui, l’Evangile du Christ mort et ressuscité est vrai, il est vital et Bonne Nouvelle pour tous, … ou alors tout cela ne serait que superstitions et balivernes !

Au cours de notre montée vers Pâques, laissons-nous interpeller par toutes ces personnes que nous côtoyons tous les jours et qui attendent de rencontrer le Dieu vivant et aimant ; beaucoup sont meurtries par la vie, par la solitude, par la vacuité du monde, par la méconnaissance de l’amour de Dieu et des œuvres de Salut du Christ. Bien trop souvent, regrette le Pape, « il n’y a pas vraiment d’autre forme d’évangélisation que la sacramentalisation » alors que « la première annonce ou “kérygme” a un rôle fondamental, qui doit être au centre de l’activité évangélisatrice : elle est l’annonce qui correspond à la soif d’infini présente dans chaque cœur humain ».

Annoncer, témoigner et confesser ce kérygme est l’ultime réponse à la soif et à l’attente, même inconnue, souvent insoupçonnée, de chaque homme, de chaque femme, de chaque enfant : être si abondamment aimé, choyé, béni, guéri, libéré, pardonné, unifié, pacifié… par Dieu en personne. Cette insistance du Pape renvoie chacun de nous, baptisé, couple ou célibataire,  prêtre ou religieux, à sa propre expérience de la foi : sinon, comment rayonner et témoigner du Salut si l’amour et la grâce du Christ ne nous ont pas nous-mêmes profondément transformés et libérés ?

Depuis un an, le pape François vient réveiller notre foi et notre amour du Seigneur, secouer nos tiédeurs et notre tranquillité, déranger nos pastorales peut-être un peu trop centrées sur l’entre-soi paroissial : « N’attendez pas seulement ceux qui frappent à la porte : pour être disciple, il faut sortir, partir comme Jésus le fit avec ses disciples ! Ne restez pas enfermés dans votre paroisse quand tant de personnes attendent l’Evangile : en partant de la périphérie, sortez pour chercher et rencontrer ceux qui ne fréquentent pas la paroisse ». Sinon prévient-il « lorsque nous nous enfermons dans nos paroisses avec ceux qui pensent comme nous, l’Eglise est en grand danger, elle tombe malade » et nous tous avec !

La vigueur et la clairvoyance de cette exhortation renvoient aux témoignages entendus lors du dernier synode sur l’évangélisation (2012) de la part de missionnaires de grande expérience : « Le problème n’est pas que l’Église catholique n’évangélise pas, mais que ce soient trop souvent des “non évangélisés” qui évangélisent, c’est-à-dire que beaucoup d’évangélisateurs n’ont pas fait d’expérience personnelle et transformante de l’amour de Dieu »[1]. « Tant que des communautés seront réduites à des cercles où circule avant tout la culture ou les valeurs chrétiennes, elles continueront à se réduire et à s’épuiser car ne s’y manifestent plus le désir ardent de rejoindre chaque cœur et de lui proposer le Salut du Christ »[2].

De multiples manières, le pape exhorte donc les évêques, les curés et les baptisés à « se mettre en état permanent  de mission», ce qui demande selon lui, un vrai travail de conversion : « J’espère que toutes les paroisses feront le nécessaire pour avancer sur le chemin d’une conversion missionnaire » car « la mission dérange nos vies même chrétiennes, trop souvent réfugiées dans une vie tranquille ou des structures caduques ! ». C’est pourquoi « j’exhorte chaque Église et son pasteur à entrer dans un processus résolu de discernement, de purification et de réforme. L’objectif  n’est pas d’abord l’organisation ecclésiale, mais
le rêve missionnaire d’arriver à tous ». Il s’agit de conduire nos paroisses à évoluer de la pastorale de la cloche à celle de la sonnette, d’une pastorale d’entretien à celle de la croissance, d’une pastorale ad intra à une mission ad extra.

A cette fin, la priorité pastorale du curé est de faire partager à ses paroissiens « ce rêve missionnaire d’arriver à tous », de conduire chacun à devenir un baptisé évangélisé et évangélisateur, un « disciple-missionnaire »[3]. Certes, de tels desseins bousculent souvent nos habitudes, on ne sait pas bien comment s’y prendre, comment s’organiser pour répondre à cet appel, mais l’expérience illustre que beaucoup de paroisses se sont ainsi réveillées, sont (re)devenues attractives, ont sur (re)créer un dynamisme apostolique en faisant (re)découvrir et vivre aux paroissiens la mission principale que le Christ a confiée aux apôtres : « faire des disciples » (Mt 28, 19). Cela demande effectivement un accompagnement, de la méthode, un certain savoir-faire pastoral et missionnaire afin de poursuivre résolument cet objectif ; pour cela, la clé pour le curé est souvent dans sa capacité de faire partager à un noyau pastoral cette ambition et cette vision missionnaire, de savoir peu à peu impliquer et associer le plus grand nombre, de permettre ainsi à chacun de trouver sa place, de former, d’accompagner…. afin de libérer les énergies évangélisatrices qui habitent le cœur de chaque baptisé.

Ainsi, nos paroisses donneront bien davantage un témoignage lumineux et attractif que Jésus sauve et libère aujourd’hui l’amour et la vie, que Jésus est vraiment le Salut de tout homme : elles porteront alors de beaux fruits apostoliques  car « le Seigneur veut que nos communautés évangélisatrices soient fécondes »3.

Alex et Maud Lauriot Prévost[4]
 


[1] Prado Flores, Ecoles Saint André
[2] Dom Piggi, Cellules paroissiales d’Evangelisation
[3] Pape François
[4] Auteurs de « Le Manuel du Nouvel Evangélisateur » (Salvator, 2013) ; Délégués épiscopaux à la Nouvelle Evangélisation (diocèse Avignon)
 
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