Ce lieu où sauver les bébés non désirés suscite dans le pays des réactions enthousiastes, mais aussi des critiques, notamment du gouvernement.
31/03/2014
La « boîte à bébés » est accessible de l'extérieur par une petite porte. Il s’agit en fait d’une petite couveuse, susceptible le cas échéant de réchauffer le bébé et de lui garantir la sécurité des premières interventions. Un bip sonore avertit le personnel de pédiatrie de la présence du nouveau-né. Au bout de dix minutes, le temps standard pour permettre aux parents de s'en aller, le bébé est retiré de la couveuse et reçoit les premiers soins.
Lors de l’inauguration du « berceau », rappelle « A Sua Immagine » (29 mars), il avait été en butte à de sévères critiques : de Tokyo, le Premier ministre d’alors, Shinzo Abe (revenu pour diriger le pays) avait déclaré que, selon lui, la procédure nationale devait imposer aux parents de consulter le gouvernement et les autorités locales avant d'abandonner leurs nouveau-nés. En revanche, l’opinion publique avait accueilli l’initiative d’une manière radicalement différente.
Le « berceau des cigognes », n'est cependant qu'une partie d'un programme plus complet de prise en charge des nourrissons. L'hôpital a formé une équipe spéciale, qui intervient non seulement dans l'urgence, mais s’engage à d’éventuelles adoptions, ou à confier les bébés à des foyers pour enfants. Il faut dire que le pays du Soleil Levant détient le triste record de la nation ayant le taux de natalité le plus bas au monde, soit 1,26, quand il faudrait atteindre un taux de 2,1 enfants par femme féconde pour enrayer le déclin de la population. Si l’on ajoute à cette tendance négative amorcée en 1975 le fait que les hommes japonais ont la plus longue espérance de vie au monde, on comprend aisément que le vieillissement de la population japonaise va croissant.
Avant l’hôpital Jikei, lit-on toujours dans « A Sua Immagine », le Japon avait déjà connu une expérience similaire. Hiroshi Shinagawa, catholique, avait ouvert en 1986 un « tenshi no yado », soit une « maison pour les anges», à la Préfecture de Gunma. Shinagawa était un personnage très populaire au Soleil Levant : après la Seconde Guerre mondiale et la défaite japonaise, il avait fondé un foyer pour les orphelins de guerre rendu célèbre grâce à un programme radio très populaire dans ces années-là.
Mais une fois l’urgence passée, « l'ange des enfants » s’est rendu compte qu’il fallait une structure où les parents inaptes à élever un enfant pourraient laisser leur bébé sans recourir à l’avortement. La structure était simple : une petite pièce séparée, sans surveillance, avec un lit d’enfant, toujours prêt, et une sonnette d’alarme. En février 1992, “la maison des anges “ a fermé”. Shinagawa a accueilli des dizaines d’enfants non désirés tandis que des dizaines d’entre eux étaient adoptés par des membres de son personnel.
Article de l'édition italienne d'Aleteia traduit par Elisabeth de Lavigne