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Confession : « C’est le besoin de Dieu qui nous guide dans le repentir » nous dit le Cardinal Piacenza

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Emanuele D'Onofrio - aleteia - publié le 24/03/14
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Le cardinal "Pénitencier majeur" * nous encourage à redécouvrir, dans ces jours de Carême, la signification du sacrement de réconciliation.

« Chaque fois que nous nous confessons, Dieu nous embrasse ». Après ces paroles prononcées par le pape François, qui a conclu ainsi l’audience générale du 19 février dernier, les églises se sont remplies de fidèles désireux, souvent après des années, de se confesser, comme l'a fait remarquer le secrétaire général de la Conférence episcopale italienne, Mgr Mariano Crociata.

Le 28 mars prochain, le Saint-Père inaugurera dans la basilique Saint-Pierre l’initiative de Carême du Conseil Pontifical pour la Nouvelle Evangélisation, dédiée au sacrement de réconciliation. A cette occasion, le Pape lui-même confessera certains fidèles.
Benoit XVI insistait déjà souvent sur la paix au sein de la renaissance que nous trouvons dans le sacrement de pénitence, et qui passe à travers la libération du poids de nos péchés en ouvrant notre cœur au Seigneur; le pape François a également souligné l’importance de ce don que Dieu nous offre lorsque nous nous confessons.

On parlera notamment de pénitence lors de la semaine d’études qui commencera ce lundi 24 mars à la Pénitencerie Apostolique *, avec une lectio magistralis du cardinal Mauro Piacenza, Pénitencier majeur. Le cardinal a livré à Aleteia quelques réflexions à ce propos.

Eminence, pensez-vous qu’aujourd’hui, notamment grâce aux paroles du Saint-Père, on redécouvre les valeurs de la confession ?

Cardinal Piacenza : Certainement. Je crois que le sacrement de réconciliation était malheureusement un peu tombé dans l’oubli, à cause d’une certaine perte de sens du péché, un oubli qui a engendré chez beaucoup de fidèles un affaiblissement de la spiritualité. Je dirais que l’année sacerdotale a été un moment de rétablissement sur ce point, car il y a eu beaucoup de questionnements, très concentrés sur la figure et l’identité du prêtre et sur son rôle dans la charité pastorale, sur le lien qu’il entretient avec l’Eucharistie ainsi qu’avec le sacrement du pardon. Sans aucun doute, ce moment a été très important. Et très certainement, le fait d’en avoir parlé de façon aussi convaincante et que cela ait été réitéré par le Pape lui-même a été un facteur très important. C’est un discours intimement lié à la confession, car c’est à ce moment là que l’on va trouver la miséricorde, c’est à ce moment là que notre personne se régénère, spirituellement parlant.
Et puis, il y a un véritable impact de la personne qui se confesse sur le tissu communautaire, sur son environnement social, et cela engendre une redécouverte du sens d’être pêcheur, mais également d’être aimé par Dieu. Dans la confession, l’on redécouvre le sens de l’humilité, le sens de l’amour de Dieu et cet amour reconstruit l’homme au plus profond de lui, qu’importe ce qu’il ait fait, s’il se reconnait pêcheur, s’il assume s’être trompé. Petit à petit, l’on en prend conscience.
Et la parole du Saint-Père, son exemple, sa catéchèse accessible à tous, ses phrases touchantes, avec un grand sens pastoral, ont indubitablement facilité la redécouverte de la Pénitence. Cela nous fait réaliser que la confession  s’intéresse directement à la personne en question, c’est un sacrement qui se répand très vite et qui affecte la société entière, car il crée des cœurs réconciliés, des cœurs en paix, ainsi qu’une sensibilité envers toutes les valeurs humaines.
Il est certain que lorsque la conscience s’épure, cela se ressent dans la vie de famille, au travail et dans nos relations avec les autres. Ainsi, la confession est un sacrement qui concerne toute la société bien qu’une partie se fasse directement face à Dieu.

Le cardinal Ratzinger avait relevé une confusion qui s’était formée entre la dimension publique et la dimension personnelle du sacrement. Est-ce vraiment ainsi ?
 Il y a là un équilibre à retrouver. Le rapport est très personnel car dans la confession, l’on met sa propre conscience sous l’action de la sainteté de Dieu. Mais il y a également ce rapport direct durant lequel le Seigneur se penche sur notre âme : le Seigneur n’aime jamais de la même façon, mais il nous aime de façon personnalisée. Il nous rassemble ensuite, mais son amour est un amour unique pour chacun. C’est cela que l’on appelle être régénéré personnellement dans la confession et qui s’étend ensuite à toute la société. Théologiquement, nous disons qu’elle concerne toute la communion des saints car elle représente la sève sainte du corps du Christ, et toute la communauté des fidèles prie ainsi pour la conversion des pêcheurs : elle nous concerne tous et nous rassemble.
Et puis il y a également un aspect communautaire du « reflet », cet apaisement que j’ai reçu, c’est également une immense joie intérieure qui me pousse à être plus sensible. Il est clair que je devrai, par exemple être honnête au travail, car si je me confesse je dois alors faire un examen de conscience et je dois ensuite le vouloir. Avec mon voisin, je me devrai être agréable bien qu’il me soit antipathique, et il faudra que je le vois sous un autre jour : ce sont là de bien petits exemples, mais qui peuvent se multiplier à l’infini.

Quel rapport il y a-t-il entre les deux dimensions de la pénitence, la honte que l’homme redécouvre en tant que valeur et la joie ?
En ce qui concerne la honte, l’on parle effectivement toujours d’"érubescence" dans la confession : c’est-à-dire que parfois, on a honte de confesser certains péchés, faiblesses ou erreurs. Mais cela fait partie du chemin à prendre, c’est déjà un premier aspect de la pénitence. Et cela apparait un peu comme une purification de l’âme au Purgatoire comme on le voit avec la mystique du Purgatoire ainsi qu’avec sainte Catherine de Gênes. En effet, l’âme porte alors en elle une douleur, une souffrance, car elle se trouve loin de la vision de Dieu pour laquelle nous sommes faits. Mais en même temps, cette souffrance est comme une nostalgie, comme lorsqu’une personne extrêmement aimée est loin et que l’on y pense avec une nostalgie qui nous bouleverse. Dans un certain sens, cette nostalgie est déjà le but de la purification pour ensuite pouvoir voir Dieu en face à face et être admis à un bonheur qui n’aura jamais de fin. C’est cela l’érubescence : ça me gêne, ça me rend honteux, mais en même temps ça me purifie, je le déteste encore plus, et je m’aperçois, plus que jamais, que je me suis trompé, et que je dois le rendre compte sous la grâce de Dieu. Et alors que je fais cela, mon amour pour le Christ s’accroît, et ainsi, l’amour pour mes frères, et je donne ainsi d’une certaine façon à mon tour.
La souffrance et la honte se mêlent alors déjà à la joie : car le sacrement de réconciliation est un don qui apporte le bonheur véritable. C’est un don également pour nous les prêtres, qui au-delà d’exercer ce ministère, avons nous aussi nos fautes à faire pardonner. Nous sommes donc des confesseurs et des pêcheurs en même temps. La joie de pardonner et la joie d’être pardonné vont alors de paire. C’est pour cela que je voudrais souhaiter aux pêcheurs et aux confesseurs de pouvoir expérimenter cette joie cristalline. C’est un vœu pascal que je me fais à moi-même et à tous les autres.  
 
* La Pénitencerie apostolique est un "bureau" (
officium) , chargé, d'accueillir et d'entendre en confession les pèlerins, dans chacune des basiliques majeures de Rome et, de répondre aux suppliques que les chrétiens adressent au Pape.

Traduit de l’édition italienne d’Aleteia par Mathilde Dehestru.

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