La Poste honore la première femme pilote de chasse française, polytechnicienne et aussi mère jusqu’au bout. Une trajectoire hors-norme.21/03/2014
La Poste vient d'éditer ce timbre à l’effigie de Caroline Aigle, la première femme pilote de chasse française, annonce le site Zone militaire. D’une valeur faciale de 3,55 euros, il sera commercialisé à partir du mois d’avril dans la collection “Poste aérienne”. Il représente le commandant Caroline Aigle en tenue de vol, avec en fond un Mirage 2000-5, un des appareils sur lesquels elle a volé. *
Cette heureuse initiative -beaucoup mieux inspirée que celle qui avait présidé à l’édition d’une « Marianne » reprenant les traits de la chef de file des Femen (cf Aleteia)- est l’occasion de nous souvenir de la personnalité exceptionnelle et de la vie -hélas trop courte- de Caroline Aigle.
Fille d’un médecin militaire, Caroline Aigle séjourne très jeune dans plusieurs pays d’Afrique où sert son père, avant de rejoindre, à quatorze ans, le lycée militaire de Saint-Cyr où elle reste jusqu'en classe de terminale. Elève briantissime, elle « fait » Math sup/spé au Prytanée national militaire de la Flèche, puis intègre l’Ecole Poytechnique dont elle sort major avant d’être admise, en 1997, à l’Ecole de l’air de Salon-de-Provence. Devenue la première française pilote de chasse, en mai 1999, elle est affectée à l’escadron de chasse (EC) 2/5 Île-de-France pour son stage de transformations sur Mirage 2000-5 avant de rejoindre l’EC 2/2 Côte d’Or, à Dijon. En 2005, elle devient commandant d’escadrille avant de rejoindre le Commandement des forces aériennes, à Metz. Dans l’Armée de l’air, on la surnomme « le moineau » à cause de son nom et de sa petite taille. Mais ce « moineau » qui totalisera à la fin de sa brève vie près de 1 600 heures de vol, est aussi une sportive accomplie : championne de France militaire de triathlon 1997, championne du monde militaire de triathlon par équipe 1997 et vice-championne du monde militaire de triathlon par équipe 1999. Elle pratique également assidument le parachutisme.
Mariée à un pilote de chasse, et mère d'un jeune Marc, elle est enceinte de leur second enfant quand elle apprend qu’elle est gravement malade : un mélanome (cancer de la peau). Contre l'avis des médecins, elle choisit avec son époux de mettre au monde ce second fils, Gabriel, qui naît par césarienne à cinq mois et demi, en raison de l’état de sa maman. Celle-ci mourra dix-huit jours plus tard, le 21 août 2007, à la veille de son trente-troisième anniversaire. Elle était sur le point d'être sélectionnée par l'Agence spatiale européenne. Rêvant d’aller dans l’espace, elle avait entrepris une thèse de physique et apprenait le russe…
Avant de mettre Gabriel au monde, Caroline Aigle avait dit : « Il a le droit autant que moi d’avoir sa chance. » Se sachant condamnée, elle avait « tenu » héroïquement pour que l’enfant puisse être viable. De famille catholique, Caroline Aigle n’était pas pratiquante et avait épousé un divorcé. Mais elle a fait pour son fils le choix de la vie, le choix de l’amour.
Caroline Aigle a été décorée de la médaille de l'Aéronautique à titre posthume par le président de la République, le 2 octobre 2007. Le centre nautique de l'École polytechnique porte aujourd'hui son nom et les élèves de l'École polytechnique organisent chaque année le « triathlon Caroline-Aigle ». Plusieurs villes de France ont une rue ou une avenue « Caroline Aigle » ; un giratoire surmonté d'un hélicoptère, à l'entrée Nord de la ville de Montauban, porte également son nom, ainsi que des groupes scolaires.
*Pour commander ce timbre, s’adresser “La Poste de Montauban Midi Pyrénées, 6 allée de l’Empereur 82 013 Montauban cedex” ou bien commander sur la boutique Internet de la Poste