Un évêque espagnol raconte sa vie au Séminaire.19/03 / 2014
De mons. Francesc Pardo i Artigas
Presque tous les jours, au coucher du soleil, un groupe d’hommes se réunissait au bar de mon petit village pour jouer aux cartes, commenter ce qui avait pu se passer et parler du dernier décédé en date. Moi, pendant les vacances du séminaire, après avoir aidé mon père à décharger le camion de sacs de 50, 80, parfois 100 kilos, je passais un peu de temps avec eux. J’avais 22, 23 ou 24 ans. En me saluant, ils me disaient : « Je ne sais pas ce que tu fiches dans l’usine des prêtres ! Tu ne vois pas qu’ils les fabriquent dans les grandes villes ? ». « Mon garçon, mais tu es aveugle ? Tu ne vois pas toutes les filles qui t’attendent ? A quoi servent les prêtres?”.
Je répondais toujours de bonne humeur, en disant par exemple : “Quand vous en avez besoin, vous allez le chercher ; quand tu mourras, ce sera moi qui célébrerai ton enterrement. Quand vous restez sans prêtre, vous vous plaignez. Vous pourriez rester un peu de temps sans prêtre, mais un jour vous en sentirez le manque ». Je disais aussi : « Vous parlez beaucoup des filles, mais je ne vous ai presque jamais vus accompagnés par votre femme ».
La conversation finissait presque toujours ainsi : « Tu es un brave garçon. Fais ce que tu veux parce que tu le feras de toutes façons ».
La question « A quoi ça sert, un prêtre ? » m’a toujours accompagné, et après une expérience de plusieurs années, je vais tenter de donner une réponse.
– Parce que, grâce au prêtre, Jésus Christ communique les dons qu’il offre à ses fidèles, des dons précieux pour la vie.
– Parce que, grâce à sa mission et à ses actes, à l’image de Jésus, il continue à réunir les disciples – la paroisse – en dialoguant, en priant, en aimant, en accompagnant, en pardonnant, en consolant, en bénissant, en semant le bien de l’Evangile, en écoutant ceux que personne n’écoute, pour signifier que l’on fait partie de la grande famille qu’est l’Eglise diocésaine, présidée par l’évêque, et de l’Eglise universelle.
– Parce qu’une paroisse avec un bon prêtre, c’est une paroisse vivante, évangélisatrice, accueillante. Elle se préoccupe des plus pauvres et reste à leurs côtés, elle est attentive aux malades pour les rendre plus forts face à leur souffrance grâce à la présence du Seigneur, elle humanise le peuple en contribuant à sa vie culturelle reçue en héritage et qui représente l’un des biens du peuple et de la ville. Lorsque quelqu’un cherche des réponses aux grandes questions de la vie, et fait quelque chose de plus que regarder passivement la vie matérielle… Dans quelle direction doit-il se tourner ?
Certains prêtres doivent s’occuper de trois, quatre, dix ou douze paroisses. L’âge moyen de nos prêtre de Gérone est de 72,3 ans, et lorsque l’on me demande de trouver un prêtre, j’avoue que je n’ai personne.
Nous prions, nous collaborons financièrement à la formation de nos sept séminaristes, mais surtout, nous demandons aux jeunes d’être attentifs à l’Eglise. Les paroisses ont besoin d’eux, la société également, même si la plupart du temps, ils ne s’en rendent pas compte.
Traduit de l’édition italienne d’Aleteia par Mathilde Dehestru.