Comment un avion de ligne moderne peut-il se perdre corps et biens avec 239 personnes à bord ? Huit jours après la disparition du vol MH370 Kuala Lumpur-Pékin, la thèse du détournement semble l’emporter sur celle de l’accident.15/03/2014 (10h35)
Toujours pas la moindre trace du Boeing 777-200 de Malaysia Airlines disparu une heure après son décollage de la capitale de la Malaisie, Kuala Lumpur, à minuit quarante (heure locale), le 8 mars, à destination de Pékin, avec 239 personnes à bord.
Toutefois, le Premier ministre malaisien Najib Razak a tenu ce samedi 15 mars une conférence de presse dans laquelle il avançait que l’avion aurait fait l’objet d’ "une action délibérée". Celle-ci l’aurait soustrait aux radars civils rapporte Le Nouvel Observateur – ce qui sous-entend qu’un ou plusieurs moyens de détection militaires l’aurait repéré : « Ce serait forcément un pilote expérimenté, compétent et en activité", a déclaré un haut responsable militaire, qui prend part aux opérations de recherches sur une zone immense allant de la mer de Chine méridionale à l'Océan indien. » Le ou les radars militaires auraient suivi l’appareil pendant plusieurs heures après avoir été perdus par les contrôleurs aériens. Alors que sa dernière position connue était à mi-chemin entre les côtes de Malaisie et du Vietnam, il aurait fait une presque demi-tour vers l’Ouest, en direction de l'Océan indien.
Selon un scénario que le New York Times du 14 mars (cité par Le Parisien et Le Nouvel Observateur ) dit tenir de « sources proches de l’enquête », en l’occurrence d’un militaire malaisien : « L'avion serait monté jusqu'à 45.000 pieds (13.700 mètres d'altitude), bien au-dessus de la limite autorisée pour un Boeing 777, avant de descendre de manière irrégulière jusqu'à 23.000 pieds, soit en-dessous de la hauteur de croisière, à l'approche de Penang, une île malaisienne très peuplée. L'appareil qui se dirigeait alors vers le sud-ouest aurait repris de l'altitude et changé sa course vers le nord-ouest en direction de l'Océan indien » Son vol aurait encore duré 6 heures…
Qu’elles émanent des autorités malaisiennes ou de la presse internationale, les informations convergent pour évoquer une « situation anormale » dans le cockpit : piratage avec prise des commandes par un pilote chevronné, capable d’éviter les radars civils ? Ou panique, suicide, coup de folie ou encore perte de connaissance des pilotes due à perte soudaine de pression dans la cabine ? Dernier nouvelle en date, selon France 24 : après les déclarations du Premier ministre malaisien Najib Razak, une perquisition a été menée au domicile des deux pilotes du Boeing 777, samedi après-midi….
Sud-Ouest s’est efforcé de lister les scénarios :
- Détournement avec ou sans complicité d’un pilote, thèse privilégiée à ce jour en raison des informations distillées par de enquêteurs et de l’absence de débris dans la mer de Chine. Mais force est de constater qu’il n’y a toujours pas eu de revendication…
- Suicide du pilote : heureusement rarissime, un tel acte a été évoqué pour expliquer le crash en 1997 d’un Boeing 737 de la compagnie SilkAir assurant la liaison Jakarta-Singapour qui avait fait plus de cent morts. Mais ni le pilote ni le copilote du Boeing 777 de la Malaysia Airways ne semblent « avoir le profil »
- Explosion à bord ou frappe par un missile : cela expliquerait la désintégration de l’appareil mais c’est contredit par les informations faisant état de l’interruption à un quart d’heure d’intervalle des systèmes de transmission des données de l’appareil.
- Désintégration accidentelle : la dernière est survenue en 2002 à un Boeing 747 de China Airlines, à cause de réparations défectueuses. Elle expliquerait l’absence d’épave et le silence des boîtes noires. Mais outre que le 777 est plus moderne et plus fiable, la difficulté soulevée est la même que dans l’hypothèse précédente.
- Difficultés techniques entraînant une descente rapide, qui expliquerait le demi-tour de l’avion. L’ancienne inspectrice du Département américain des Transports, Mary Schiavo, a évoqué cette hypothèse dans un entretien avec la télévision australienne ABC, comparant ce qui serait arrivé au Boeing à l’accident de l’Airbus, vol Air France AF447, qui avait plongé dans l'Atlantique en juin 2009 après un problème lié à une sonde de vitesse (et dont on avait mis des mois à retrouver l’épave….)
C’est dire qu’aucune hypothèse ne s’impose encore : « Malgré des informations de presse évoquant un détournement, je souhaite être très clair : nous en sommes encore à enquêter sur toutes les possibilités qui ont pu provoquer le changement de direction du MH370", vient de dire le Premier ministre malaisien. Seule certitude : les recherches ont pris fin en Mer de Chine et n’ont cessé de s’intensifier et de s’élargir vers l’Ouest avec 57 navires et 48 avions de 13 pays, dont les Etats-Unis, la Chine et l'Inde, tandis que des satellites militaires de divers pays – notamment ceux de la Chine et des Etats-Unis- sont « réorientés » pour repérer des débris.