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Ecoutes téléphoniques : Christiane Taubira prise au piège du mensonge

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Philippe Oswald - publié le 14/03/14
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C’est un bel exemple d’effet boomerang : la stratégie de la dénégation adoptée par la tête de l’exécutif à propos des écoutes judiciaires de Nicolas Sarkozy a enfermé la ministre de la Justice dans ses mensonges.14/03/2014

L’affaire Taubira est parvenue à occulter l’affaire Sarkozy. Selon le Canard Enchaîné du jeudi 12 mars, Christiane Taubira et Manuel Valls étaient au courant des écoutes de Nicolas Sarkozy. D'après l'hebdomadaire, le parquet aurait transmis « un résumé du déroulé de l'enquête Sarkozy » et une synthèse des écoutes à la ministre de la Justice le 26 février dernier, le jour de l'ouverture de l'information judiciaire pour trafic d'influence contre Nicolas Sarkozy.

La garde des Sceaux avait pourtant affirmé lundi 10 mars sur TF1 et France Info qu'elle n'était pas au courant des écoutes de Nicolas Sarkozy et de son avocat Thierry Herzog. « Je n'avais pas l'information avant », assurait-elle, expliquant que « les juges du Siège sont indépendants de la Chancellerie ». Or, il est impossible qu'ils n'aient pas été informés, relevait RTL.

Le lendemain, mardi 11 mars, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault était contraint d’avouer  avoir été informé de la mise sur écoute de Nicolas Sarkozy Le mercredi 12 mars,  voulant se justifier, Christiane Taubira a aggravé son cas. Prenant la parole en lieu et place de la porte-parole du gouvernement à l’issue du conseil des ministres (ce qui est une première !), elle a déclaré à la presse :   « Non, je n'ai pas d'informations concernant la date, la durée, le contenu des interceptions judiciaires ». Ce disant, pour preuve de son innocence, la ministre de la Justice brandissait deux lettres émanant du procureur national financier et de l’avocat général près la Cour d'appel de Paris. Hélas pour elle, le Monde a eu l’idée de « zoomer » sur ces missives et lu … l’exact contraire de ce qu’affirmait la garde des Sceaux : « …la ministre de la justice était tenue « régulièrement » au courant des détails des évolutions de l'enquête liée au financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 » et ce, depuis (au moins) le 28 janvier et non le  28 février comme elle l’avait soutenu.

La presse est sévère sur « la faute politique de Christiane Taubira et ses conséquences dévastatrices pour le gouvernement », note le Nouvel Observateur : Le Figaro demande la démission de la garde des Sceaux, Le Monde estime que « la ministre de la justice est disqualifiée ». Le journal Les Echos relève qu’au lieu d’exploiter l’affaire Sarkozy pour le discréditer, « L'équipe Ayrault … s'est pris tout seul les pieds dans le mensonge », tandis  que La Montagne-Centre-France, conclut que « jamais ne fut aussi criante l'absence de pilotage de l'exécutif sur un dossier sensible ».  « En politique , les demi-mensonges ne font pas de demi-dégâts (…) Dans ces conditions, difficile de sauver le soldat Taubira », juge pour sa part Le Journal de la Haute-Marne.

Parmi les politiques de l’opposition qui réclament la démission de Christine Taubira, le député Jean-Frédéric Poisson président du Parti Chrétien Démocrate (PCD) . Qui ajoute : « N’oublions pas que, derrière cette affaire de mensonge d’État, il reste la question des libertés fondamentales et de la protection de notre vie privée. Une fois passée l’écume de ces mensonges et de leurs conséquences, il faudra bien revenir à l’essentiel : le Gouvernement est-il en train ou pas de remettre en cause notre vie privée et notre liberté ? »

Mais dans Ouest France  l’analyste Michel Urvoy ne croit pas à la chute de la ministre (comme le confirme d’ailleurs sa réception par le président de la République le 13 avril). Et ce, pour trois raisons politiques principales :  
«• Sa place au gouvernement obéit à un savant dosage politique et paritaire : elle est radicale, divers gauche, femme dans un ministère régalien.  La remplacer n’est pas si simple.
•    Cible de la droite, elle est en revanche très appréciée de la gauche, et même de la gauche de la gauche.
•    La démettre de ses fonctions reviendrait à avouer une faute, ce qui n’est jamais facile à assumer politiquement, et obligerait à remanier tout le gouvernement sous la pression et dans la précipitation. Ce que Hollande ne veut pas. »

Bref, ce n'est pas encore aujourd'hui que notre personnel politique paraît disposé à reconnaître que seule la vérité rend libre. On saura bientôt ce qu’en pensent les électeurs.

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