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Le pape François et la pastorale du tweet

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Philippe Oswald - publié le 13/03/14
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Tweets, coups de fil, petites phrases qui font mouche : le pape François est un grand communicateur.
Bien qu’il ne soit plus tout jeune, le pape François semble être l’homme idéal pour faire entrer l’Eglise de plain-pied dans l’ère numérique. En quelques mois de pontificat, il a déjà fait « un tabac » médiatique avec ses petites phrases, ses coups de téléphone et ses tweets.

Ses coups de téléphone impromptus ont naturellement fait la « une » de tous les medias. En quelques semaines, l’été dernier, deux italiens, le frère d’un pompiste assassiné et un étudiant  puis une Argentine victime d’un viol ont eu la stupeur d’être appelés directement par le Pape sur leurs téléphones portables : « Allô, ici le pape François »…Un instrument à utiliser à bon escient sans pour autant s’en rendre esclave, avertit par ailleurs le Saint-Père dans une de ces petites phrases qui ont « fait le buzz » sur Internet, car : « La joie ne naît pas de la possession du dernier smartphone ».

Moyen de communication moins intime que le téléphone…utilisé comme un téléphone, Twitter n’en est pas moins devenu un instrument essentiel pour adresser instantanément un message à la cantonade (« urbi et orbi » pourrait-on dire, s’agissant de l’évêque de Rome). C’est sous Benoît XVI en décembre 2012, qu’a été inauguré @Pontifex, le compte Twitter officiel du pape. Plus un compte personnel @BenedictusPPXVI qui affiche désormais…0 tweet mais néanmoins…plus 7528 abonnés francophones !

Mais le pape François a pris là aussi la relève de son prédécesseur, sur @Pontifex. Avec 274 tweets seulement (à mi mars 2014), ce compte a près de 250 000 abonnés. Mais il faut s’empresser d’ajouter : en français ! Car le compte @Pontifex existe en neuf langues anglais, italien, allemand, français, portugais, polonais, espagnol, arabe et…en latin (une des quatre langues officielles du Vatican : l’italien -langue véhiculaire, le latin -langue liturgique, le français -langue diplomatique-, et l’allemand – langue militaire de la Garde suisse), l’ensemble étant suivi par des millions de « followers ». Autant dire que les Français, pourtant très accros à Tweeter, sont loin derrière !

Une mention spéciale pour @Pontifex.L, le site du pape en latin, dont le succès quasi immédiat à son lancement au début de l’année peut être considéré comme l’un des cadeaux que Benoît XVI a légués à son successeur. Avis aux latinistes confirmés ou débutants ! Ainsi pouvait-on lire sans trop de difficulté le 29 août : « Neque vagus est amor Dei neque genericus ; habet enim nomen et vultum: Iesum Christum » ( « L’amour de Dieu n’est pas quelque chose de vague, de général. L’amour de Dieu a un nom et un visage : Jésus-Christ. »)

Bien que le latin soit l’une de quatre langues officielles du Vatican, ne croyons pas que les abonnés soient tous des ecclésiastiques ou des professeurs de Lettres classiques. Comme jadis les lecteurs de Tintin, ils vont de 7 à 77 ans (et au-delà !). Qui plus est, la remarquable concision du latin en fait une langue idéale pour les « tweets » dont la taille est limitée à 140 caractères.
 
Les tweets du Pape François reflètent souvent la chaleureuse spontanéité de l’homme Bergoglio et du pasteur proche des humbles et de pauvres. En quittant Rio de Janeiro, le 29 juillet, il confie aux jeunes « Jmjistes » : « Je retourne chez moi, et je vous assure que ma joie est beaucoup plus grande que ma fatigue ». La veille, aux mêmes qui comptent de nombreux fans de foot, surtout au Brésil et en Argentine, il adresse ce tweet : « Chers jeunes, soyez de vrais " athlètes du Christ " ! Jouez dans son équipe ! », tweet suivi de celui-ci : « Je remercie profondément tous ceux qui ont travaillé pour le succès des JMJ et j’embrasse tous les participants. »

La brièveté d’un tweet n’empêche pas le pape d’y exprimer une idée profonde et exigeante : « Combien de pauvretés morales et matérielles viennent aujourd’hui du refus de Dieu et du fait de mettre à sa place tant d’idoles ! » écrit-il le 12 juin 2013. Un mois plus tôt, à l’occasion de la Journée de la vie : « C’est Dieu qui donne la vie. Respectons et aimons la vie humaine, particulièrement celle qui est sans défense dans le sein maternel. » (15 mai 2013)

Certains tweets sont des reproches douloureux : «Avec la "culture du déchet", la vie humaine n’est plus perçue comme une valeur fondamentale à respecter et à protéger » déplorait-t-il le 9 juin 2013, après voir écrit deux jours plus tôt : « L’esprit de consommation nous a habitués au gaspillage. Mais la nourriture jetée, c’est comme si elle était volée aux pauvres et aux affamés. » Ainsi se trouvent reliés deux fléaux contemporains : le consumérisme et la « culture de mort » (avortement, euthanasie). Or, « Chaque fois que nous suivons notre égoïsme et disons non à Dieu, nous détériorons son histoire d’amour avec nous. » (26 mai 2013)

Mais les encouragements et les exhortations l’emportent de loin sur les condamnations : « Nous ne pouvons être chrétiens seulement à temps partiel ! Cherchons à vivre notre foi à chaque instant, chaque jour. » (16 mai 2013) ; « Ne vous contentez pas d’une vie chrétienne médiocre ! Marchez avec résolution vers la sainteté ! » (7 mai 2013) ; « Suis-je fidèle au Christ dans ma vie quotidienne ? Suis-je capable de « faire voir » ma foi, avec respect, mais aussi avec courage ? » (13 mai 2013).

Il y a enfin des tweets de crise, comme ceux-ci à propos de la Syrie, tous deux datés du 2 septembre : « Plus jamais la guerre ! Plus jamais la guerre ! », suivi quelques heures plus tard par : « Nous voulons un monde de paix, nous voulons être des hommes et des femmes de paix. » Et encore, le lendemain : « Nous voulons que dans notre société, déchirée par des divisions et des conflits, explose la paix »
Le tout couronné par le leitmotiv du pape François : la nouvelle évangélisation, l’audace missionnaire : « Seigneur, enseigne-nous à sortir de nous-mêmes. Enseigne-nous à sortir dans les rues pour manifester ton amour.» (23 août 2013)
Décidément, avec le pape François, l’Eglise réinvente en quelque sorte l’art de diffuser son bien essentiel : la Parole de Dieu, qui est lui-même le Verbe par excellence, le Logos. Clin d’œil de l’Esprit Saint à nos contemporains toujours à la recherche de moyens de communication plus modernes : selon des historiens, ce seraient des moines qui auraient inventé le symbole informatique @ (arobas, arobase ou encore arobe) au XVIe siècle !
 
Article publié en partenariat avec L’Eglise dans le monde, la revue de l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED).
 Rejoignez l'intention de prière pour le pape François sur Hozana.org


 
 

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