Le style du Pape François vous plaît ? Pour mieux le comprendre, allez directement à la source et ouvrez un des Evangiles.
12/03/14
La semaine qui a suivi la renonciation surprise du Pape Benoît, j’ai commencé à dresser le « Portrait des papabile » pour Aleteia. J’ai fait mes recherches et appris tout ce que je pouvais savoir sur les principaux cardinaux du monde. Quelle impressionnante galerie de talents au sommet de l’Eglise ! Du jeune et dynamique cardinal des Philippines au Canadien polyglotte aux talents multiples; du converti de l’Afrique païenne au joyeux et rubicond cardinal de New York. Une vaste palette de talents, d’expérience et de personnalités hautes en couleurs paradaient sous mes yeux dans leurs robes rouges afin que je puisse les disséquer et les présenter au monde.
Mais il en est un que je n’ai pas mentionné – le cardinal de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio. Bergoglio figurait dans la liste des cardinaux, mais personne ne parlait de lui. A 76 ans, il était considéré comme trop âgé. Son heure était passée, ayant perdu face à Radzinger en 2005. Il n’était pas un expert en langues. Maintenant, il a beaucoup voyagé. Il avait délibérément évité d’acquérir davantage d’expérience dans la Curie. Il n’était pas expert en liturgie ni théologien. Il était Jésuite, un outsider. Il venait de l’autre bout de la planète. Il était inconnu.
Pourtant, le 13 Mars 2013, c’est lui qui s’est tenu à la loggia de la basilique Saint-Pierre, offrant au monde rien de plus qu’un sourire placide et un signe de main de grand-père. Ma première impression a été la perplexité. Pourquoi ne dit-il pas quelque chose? Puis il a parlé dans un doux et agréable italien, souhaitant à chacun un bon soir, demandant de prier pour lui et de le bénir.
Les surprises ont commencé. Il était le premier pape jésuite, le premier pape des Amériques, et le premier pape à prendre le nom du grand saint François. Le Dieu des surprises nous avait donné un Pape des surprises. Il nous a immédiatement ébahis en prenant le bus pour retourner à la Maison Sainte-Marthe avec les autres cardinaux. Le lendemain, il nous a étonnés encore avec une visite imprévue à Sainte Marie Majeure pour prier, s’arrêtant à l’hôtel pour payer sa facture.
Et ce sera quoi la prochaine fois? Va-t-il entrer dans un Mc Donald pour manger un Egg McMuffin ? Le monde a été immédiatement fasciné par un pape qui semblait juste être un type ordinaire. Un peu comme si la reine d’Angleterre s’abaissait à commander une pizza à emporter… Le Pape François a continué de surprendre le monde. Avec son talent pour les discours improvisés, son plaisir évident d’être avec les gens lors de ses audiences bondées, et son empressement à prendre des risques, d’aller aux périphéries, et de nous mettre au défi avec ses appels radicaux à l’Evangile, il rappelle au monde que l’Evangile même est une grande surprise. Jésus-Christ – le Fils de Dieu – est un prédicateur renversant les tables et l’ordre établi, remettant en question le statu quo, prenant le parti des opprimés, et contrariant nos attentes.
La presse laïque se plait à opposer le Pape François au Pape Benoît. Le contraste est réel, mais c’est une question de complémentarité et de continuité plutôt que de contradiction et de conflit. Lorsque le pape François, lors des Journées mondiales de la jeunesse, a exhorté les jeunes à "rentrer chez eux dans leurs paroisses et faire du désordre et du bruit", il ne faisait que suggérer de suivre son exemple. Ses efforts pour réformer la Curie, mettre à jour les finances du Vatican, et purger l’Eglise de la corruption seraient ses propres efforts pour « faire du désordre et du bruit ». C’est ainsi que ses actions et ses paroles, apparemment dérangeantes, sont mieux perçues.
Quand il a lavé les pieds d’une jeune femme musulmane, ou dit aux journalistes sur le chemin du retour de la Journée mondiale de la Jeunesse : « Qui suis-je pour juger ?”. Quand il a eu une rencontre improvisée personnelle avec un écrivain athée connu, tendu la main à des charismatiques, critiqué à la fois les traditionalistes rigides et les radicaux progressistes et dit aux catholiques qu’ils ne doivent pas être "obsédés par l’avortement et le mariage homosexuel”, le pape François essayait de capter notre attention et de centrer nos cœurs et nos esprits sur l’essentiel.
Mes impressions sur la première année de son pontificat sont qu’il est le pape des surprises, de la même manière que l’Evangile est la “bonne nouvelle.” L’Evangile n’est pas seulement bon ; il est "bonne nouvelle". Autrement dit, il s’agit d’un concept nouveau, frais et étonnant. Pour saisir à quel point l’Évangile est vraiment choquant, il est important de temps en temps de s’asseoir et lire un Evangile d’un bout à l’autre. Lorsque nous rencontrons Jésus Christ de cette manière, l’impression la plus surprenante est celle de la surprise. L’incarnation de Jésus-Christ dans le monde a été une surprise. Israël attendait un Messie qui serait le rejeton de la Maison de David. Au lieu de cela, ils ont eu un bébé né de parents pauvres, dans un coin perdu de l’Empire romain. Ils attendaient un roi conquérant sur un cheval blanc ; à la place, ils ont eu un serviteur souffrant sur le dos d’un âne. Ils attendaient un merveilleux monarque, mais ils ont eu à sa place un dynamique prédicateur, imprévisible. Ils attendaient un chef, mais ont eu un guérisseur. Ils s’attendaient à un riche seigneur, mais se sont retrouvés avec un ami des pauvres.
Les Evangiles donnent l’impression étonnante qu’il était impossible de suivre Jésus-Christ. Il avait toujours une longueur d’avance, allant droit au but. Il était à la foi intelligent, et rusé ; compatissant, mais puissant ; tendre, et pourtant dur ; sublimement spirituel, cependant les pieds sur terre. C’est pourquoi je conseillerais à quiconque essaie de comprendre le pape François d’ouvrir les évangiles et de les lire d’un bout à l’autre, comme un livre. Baissez vos fenêtres aux vitres teintées et abandonnez les images d’école de Jésus-Christ. Abandonnez toutes les interprétations erronées véhiculées par les médias, les clichés des catéchistes à moitié formés, les professeurs de religion mal informés, les militants sentimentaux, et les récits tordus de culture pop que nous avons tendance à voir dans les films.
Allez directement à la source et rencontrez le Seigneur des surprises. Ce faisant, vous comprendrez mieux le pape François, et vous serez très content de cet étonnant Pape que Dieu a ramené à l’Eglise, de l’autre bout du monde, pour être la figure centrale dans le drame de notre foi.
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