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Cardinal Kasper : « L’Eglise sans les femmes est un corps mutilé »

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Marine Soreau - Avvenire - publié le 08/03/14
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En cette journée de la femme, retour sur les propos du Cardinal Kasper, qui estime que les femmes doivent pouvoir occuper des postes à responsabilité au sein de l’Eglise.03/03/2014

Le 20 février dernier, le cardinal Walter Kasper, président émérite du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, ouvrait à la demande du pape François le consistoire sur la famille, évoquant notamment l'épineuse question des divorcés-remariés (texte rendu public par Il Foglio le 1er mars dernier). Il livre aujourd'hui une longue interview au quotidien italien Avvenire sur la place de la femme dans l'Eglise, évoquant le « génie féminin » comme « indispensable » à l'Eglise.

« Je pense que les femmes doivent être présentes à tous les niveaux, y compris en position de pleine responsabilité », affirme-t-il. « L'Eglise sans les femmes est un corps mutilé ». Beaucoup sont engagées dans des structures communautaires, caritatives, culturelles… « Sans elles, les paroisses fermeraient leurs portes du jour au lendemain ».
Dans les processus de décisions de l'Eglise, les femmes continuent à être absentes… Mais faut-il vraiment, comme le demande le Pape dans Evangelii gaudium, « que le prêtre soit au sommet de tout » ? « Cela donne lieu à un immobilisme clérical qui semble parfois avoir peur de laisser de la place aux femmes, comme de reconnaître l'espace qui leur est dû là où l'on prend des décisions importantes »,
explique le cardinal Kasper.

Le nœud du problème ? « Certains rôles dans l'Eglise prévoient l'exercice du pouvoir de juridiction lié au ministère ordonné. Mais tous les rôles de gouvernement ou d'administration présents dans l'Eglise n'impliquent pas le pouvoir de juridiction. Ceux-là peuvent être confiés à des laïcs, et donc aussi à des femmes », assure le cardinal Kasper.

Le prélat de 81 ans, cardinal électeur le plus âgé au dernier conclave, donne des exemples concrets des organismes de la Curie où les femmes pourraient prendre des responsabilités. Dans les Conseils pontificaux pour la famille, pour les laïcs (« rappelons que la moitié des laïcs sont des femmes »), pour la culture, pour les communications sociales, pour la promotion de la nouvelle évangélisation, pour n'en citer que quelques-uns.

Actuellement, les femmes n'y exercent pas de charges à responsabilité. « C'est absurde. Dans les Conseils, et dans d'autres organismes du Vatican, l'autorité pourrait être exercée par des femmes, même aux plus hauts niveaux, avec une responsabilité pleine et entière », estime-t-il.

Dans les congrégations, en revanche, il y a une structure collégiale. « Les préfets des congrégations sont les collaborateurs du pape au niveau de l'Eglise universelle. Mais une femme peut très bien être présente dans les décisions et occuper la charge de sous-secrétaire ».

« J'exclus les rôles de responsabilité des femmes pour des raisons évidentes dans les congrégations pour les évêques et le clergé », explique-t-il. Mais à l'éducation catholique : « il suffit de penser au talent éducatif des femmes et aux rôles qu'elles occupent dans ce domaine » ; à la cause des saints aussi, « le discernement spirituel des femmes serait précieux ». Et même à la doctrine de la foi, par exemple, où « une assemblée de théologiens prépare toutes les sessions et où aucune femme n'est encore présente. « Et pourtant, nous avons tant de théologiennes qui sont aussi professeurs dans les universités pontificales. Leur contribution serait souhaitable » !

Les critères ? « Compétence et esprit de service ». Comme les hommes, les femmes peuvent aussi être tentées par le carriérisme. « Il faut donc savoir choisir avec discernement les personnes justes ».

Le cardinal Kasper évoque par exemple Mary Ann Glendon, professeur à Harvard, à qui le Saint-Siège a confié la charge de le représenter aux conférences de l'ONU. « Des professionnels comme elle donnent une impulsion à l'Eglise ; elles ont de l'expérience, des compétences approfondies, des positions définies dans le monde, elles n'ont donc pas le problème de faire carrière dans la Curie ».

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