Un journaliste espagnol, qui a partagé un repas à la Maison Sainte-Marthe, relate son expérience
04/02/2014
Le journaliste espagnol bien connu José Manuel Vidal, directeur de Digital Religion, qui se trouvait récemment à la Maison Sainte-Marthe, a été surpris par l'austérité et la « normalité » de la vie du Pape François et de ses collaborateurs. Il raconte son arrivée dans la salle à manger:
Le repas est servi par deux religieuses, habillées de violet, et par plusieurs serveurs. Au centre de chaque table, une coupe remplie de bananes, de kiwis et de mandarines. A côté, une bouteille d'eau gazeuse et deux bouteilles de vin. Le rouge et le blanc viennent du Piémont, plus précisément de Barbera de Monferrato. Les connaisseurs de vins italiens disent que c’est « un vin de trotteur». Un Espagnol qui vit à Rome depuis des années le compare au Don Simón (vin de table populaire en Espagne, n.d.E.).
En premier, des macaronis, de préférence spirales. Normal, ce sont des pâtes et nous sommes à Rome. Ensuite, des biftecks, accompagnés de petits pois et poivrons frits. Passable, pas plus. Celui qui veut peut se lever et se servir une salade de laitue. Pour le dessert, des fruits. Et un bon café: expresso, ou avec du lait. Un menu qui, à Madrid, reviendrait à moins de 10 euros (14 dollars, n.d.E.) et, à coup sûr, serait meilleur.
Plus qu’austère, un menu spartiate qu’en plus, je n’ai pas dégusté tranquillement, attendant l’éventuelle arrivée du Pape. Sa table, dans un premier temps placée au centre de la salle à manger, est maintenant dans un coin à gauche. Pour être moins exposé aux regards. Mais le temps passait et François n'est pas venu déjeuner. Il est, dit-on, dans une petite salle à manger voisine où, en de rares occasions, il partage le repas avec de invités d’exception, en privé. En effet, est passé par là, à deux reprises, son inséparable secrétaire, Fabián Pedacchio.
Lorsqu’il est dans la salle à manger principale, François partage le repas des autres convives, un menu à moins de 10 euros. Quelqu'un a dit à notre table qu’en partageant le menu de tout le monde, le pape ainsi ne court pas de risques imprévus. Et, surtout, il imprime la « normalité » à son pontificat. Il prend ses repas entouré des siens, partageant avec tout le monde le même menu. Comme un convive de plus. La seule différence: la couleur blanche de sa soutane et de son manteau; quand il le laisse au vestiaire, il a l’habitude de dire au garçon: « Pas besoin de me donner le numéro ». Son habit est le seul blanc parmi les autres, noirs, violets ou pourpres.
Quand la salle à manger s’est vidée, nous nous sommes approchés, avec une certaine timidité, de la table vide du Pape, où le père Ángel a voulu être photographié en train de le servir symboliquement. Une table comme toutes les autres. Rectangulaire, avec six chaises. Le Pape s’assied sur la dernière à gauche. Il n’est pas là, mais on sent sa présence et même nous imaginons son sourire franc tandis qu’il savoure un petit verre de vin.
Extrait d’un article publié dans Religión Digital, traduit par Elisabeth de Lavigne