Giulio Fanti, professeur à l’Université de Padoue, publie ce mois-ci les résultats de récentes analyses datant le Saint-Suaire à -33 av. Jésus Christ. Le débat est relancé.En 1988, les Professeurs E. Hall et R. Hedges, ainsi que le Docteur M. Tite annonçaient fièrement à la presse que les tests de datation du Suaire de Turin au carbone 14 avaient révélé que l’étoffe remontait au 14e siècle. Lors de leur conférence de presse, ils avaient alors écrit sur un tableau noir installé derrière eux « 1260-1390 ! ».
C’est en réponse à ce point d’exclamation rageur que Giulio Fanti, professeur de mécaniques et thermiques à l’Université de Padoue, publie en ce mois de février 2014 un ouvrage intitulé : Saint-Suaire : 1er siècle ap. JC ! Cet ouvrage vient compléter ’étude pluridisciplinaire dirigée par le professeur Fanti, dont les résultats ont été publiés l’année dernière au mois de Mars 2013, sous le titre Les mystères du Saint Suaire.
Ce livre, comme son nom l’indique, relance le débat sur la date du Saint-Suaire. Il met en doute la datation au carbone 14 de 1988, et propose une nouvelle date, établie grâce à trois nouvelles analyses : deux chimiques (l’une réalisée avec le système de spectroscopie infrarouge de Fourier, l’autre avec la spectroscopie Raman) et une mécanique multiparamétrique.
La datation de 1988 mise en doute
Dans cet ouvrage, il est démontré que la datation au radiocarbone n’est pas scientifiquement fiable, car la méthode employée n’a pas respecté les protocoles d’usage. En effet, elle ne prend pas en compte les effets environnementaux éventuels qui auraient pu altérer la quantité de carbone 14 dans le fragment de tissu analysé, comme l’incendie de 1532, ou les différente méthodes de conservation.
De nombreux articles scientifiques ont remis en cause la datation de 1988. Notamment sur la manière dont a été effectuée la sélection des échantillons et leur traitement. En effet, l’échantillon examiné en 1988 ne provient pas de l’image du corps du suaire, mais d’une autre zone du tissu, qui aurait pu être rajouté au moyen âge. Comme en 1534, lorsque les sœurs de l’ordre des clarisses avaient cousu des pièces de lin sur la toile originale.
Le professeur Jérôme Lejeune lui même s’était penché sur cette question, à la fin de sa vie. Il avait en effet pu étudier le Codex Pray – un document écrit entre 1192 et 1195 – à la Bibliothèque nationale de Budapest. Il est fait état dans ce document d’un linceul vénéré à Constantinople. Détail surprenant : les représentations de ce linceul montrent 4 trous dans l’étoffe, disposés en forme de L, exactement comme sur le Saint-Suaire actuel. Ce manuscrit ayant été écrit avant la date établie par la datation au carbone 14 de 1988, le Linceul de Turin serait donc bien plus ancien que ce que les scientifiques pensaient.
De nouveaux résultats
Les résultats des analyses réalisés par l’équipe du professeur Fanti confirmeraient tous que le lin du linceul date bien de l’époque où Jésus-Christ a été crucifié à Jérusalem. Pour l’analyse avec la spectroscopie infrarouge, la date est de 300 av. JC, avec une imprécision de plus ou moins 400 ans. Pour celle avec la spectroscopie Ram la date est de 200 av.JC (imprécision de 500 ans). Et pour l’analyse multiparamétrique, la date est de 400 après .JC (plus ou moins 500 ans). En effectuant la moyenne des trois dates, on obtient celle de 33 av JC, à 250 ans près.
Or, cette date est compatible avec la date avancée par la majorité des historiens (an 30 de notre ère) sur la mort de Jésus de Nazareth. « J’attends maintenant les commentaires de plusieurs scientifiques, qui pour le moment sont positifs : je n’ai eu que des confirmations et aucune objection » a déclaré Giulio Fanti à la revue Vatican Insider.
Néanmoins, il faut préciser qu’après la sortie du livre Le mystère du Saint-Suaire en 2013, le Centre international de sindonologie (CIS) de Turin, a émis des doutes sur l’authenticité des échantillons utilisés, faute de traçabilité. Ce débat n’aura pas de fin…
La Sindone: primo secolo dopo Cristo! (Edizioni Segno, 2014, 415 pages, 20 €).