Le pape émérite répond au vaticaniste de La Stampa sur les spéculations « absurdes » qui continuent de circuler sur les raisons de son geste historique, il y a un an.
26/02/2014
La lettre du pape émérite est arrivée à La Stampa comme réponse aux quelques questions que lui avait envoyé le vaticaniste Andrea Tornielli à propos de prétendues pressions et complots l’ayant poussé à se « démettre ».
Du monastère « Mater Ecclesiae », dans l’enceinte du Vatican, comme pour le scientifique ouvertement athée et anticlérical, Piergiorgio Odifreddi, en septembre 2013, il a pris papier et stylo pour briser les interprétations faites sur son geste historique il y a un an, relancées par divers medias et sur le web à l’occasion du premier anniversaire de sa renonciation (Aleteia 11 Fév.).
La lettre de Benoît XVI, résume Andrea Tornielli, est claire, brève et précise : Joseph Ratzinger n’a pas été forcé à se démettre, il ne l’a pas fait suite à des pressions ou quelque complot : sa renonciation est valable et aujourd’hui il n’existe dans l’Eglise aucune « diarchie », aucun double gouvernement. Il y a un pape régnant dans le plein de ses fonctions, le pape François, et un pape émérite dont « le seul et unique but » de ses journées est de prier pour son successeur.
Le pape émérite démonte un à un les prétendus « dessous secrets » de sa renonciation qui relèvent tous « d’absurdes spéculations sans fondements » confie-t-il au Vaticaniste du quotidien italien. Benoît XVI Il invite dans sa lettre à ne pas charger de « significations impropres » certains choix qu’il a faits, comme celui de garder son habit blanc même après avoir quitté son ministère d’évêque de Rome.
Souvenons-nous : nous sommes le 11 février 2013, en plein consistoire, le pape Benoît XVI annonce en latin aux cardinaux son départ pour le 28 février prochain à 20 heures. Raison invoquée: le manque de vigueur dû à son âge. Quelques jours plus tard, il annonce qu’il gardera son nom, et qu’il faudra l’appeler « pape émérite », qu’il continuera de s’habiller en blanc, mais sans cape et sans ceinture.
Benoit XVI, dans sa lettre à Andrea Tornielli revient sur ce point, objet lui aussi de spéculations, précisant qu’il a fait ce choix pour une raison « purement pratique », car au moment de sa renonciation, il n’y avait tout simplement aucun autre habit à disposition.
Et souvenons-nous encore du 24 février 2013, à l’angélus dominical (son dernier angélus), quand Benoît XVI a expliqué : « Le Seigneur m'a appelé à 'monter sur la montagne', à me consacrer encore plus à la prière et à la méditation, mais ceci ne signifie pas abandonner l'Eglise, au contraire », a-t-il dit, juste avant la récitation de la prière. « Si Dieu me demande cela, c'est précisément pour que je puisse continuer à la servir dans ce même dévouement et ce même amour avec lesquels j’ai cherché à le faire jusqu’à maintenant, mais de manière plus adaptée à mon âge et à mes forces ». (Aleteia).
Et le 27 février, en pleine audience générale (sa toute dernière), d’une voix chargée d’émotion, il a lancé son « message de confiance et d’espoir en l’avenir » « J’ai toujours su que la barque de l’Église n’est pas mienne, n’est pas nôtre mais qu’elle est Sa barque et qu’Il ne la laisse pas couler (…) j’accompagnerai le chemin de l'Eglise dans la prière et la réflexion, dans la pleine conscience du caractère grave et inédit (—) mais dans une grande sérénité d’esprit ». (Aleteia). Et il avait ajouté que sa retraite « cachée au monde » ne signifiait pas « retourner dans le privé, retourner à une vie de voyages, rencontres, réceptions (…) je n’abandonne pas la Croix, mais je reste d’une façon nouvelle près du Seigneur crucifié. Je ne porte plus le pouvoir de la charge pour le gouvernement de l’Église, mais dans le service de la prière, je reste, pour ainsi dire, dans l’enceinte de saint Pierre ».
Benoît XVI, dans sa lettre à Andrea Tornielli, regrette que ses dernières paroles aient fait l’objet de spéculations, certains allant jusqu’à l’accuser d’avoir voulu se donner un rôle de « pape ombre », rapporte le vaticaniste de La Stampa, comme si sa renonciation n’avait pas vraiment été libre et donc valable.
Il rappelle que Benoît XVI évoquait déjà en 2010, dans un livre d’entretien, l’option d’une démission papale, trois ans avant son geste inédit. Et s’il a attendu, poursuit Andrea Tornielli, c’est parce qu’on ne « lâche pas la barque en pleine tempête ». Il attendait la fin du Vatileaks.
Sur les vraies raisons de la renonciation de Benoît XVI lire aussi sur Aleteia : « Benoît XVI : l’expérience mystique qui expliquerait sa renonciation »